Project Mémoire

Elved Diamond Edwards

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Elved Edwards
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HMCS <i>Lasalle </i>(Navire de Sa Majesté), la frégate de la River Class sur laquelle Elved Edwards a servi de 1944 à 1945.
Elved Edwards
L'Institut Historica-Dominion
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Elved Edwards à Chilliwack, Colombie-Britannique, le 19 octobre 2010.
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Enterrement en mer depuis le HMCS (Navire de Sa Majesté), 1945.
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Officiers et matelots de HMCS <i>Lasalle </i>(Navire de Sa Majesté), 1945.
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L’équipage du HMCS <i>Lasalle </i>(Navire de Sa Majesté), 1945.
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Alors après ça, j’ai eu un peu le sentiment qu’on lançait des grenades sous-marines sur des êtres humains comme moi.

À Winnipeg en grandissant, j’avais tous mes potes de l’école. On est allés travailler et on a trouvé des boulots après le lycée (école secondaire) ; et je crois que c’était la guerre, et je pense que c’était plus palpitant de faire ça. Et on aurait cru, la plupart d’entre nous ont pensé que la marine c’était le meilleur endroit, sans doute parce que dans nos parents beaucoup, mon père et mes oncles évidemment, avaient fait la Première Guerre mondiale. Si je me souviens bien, ils n’en parlaient pas beaucoup, à part qu’il y avait pas mal de boue et une chose ou l’autre ; et traverser en marchant différents endroits qui n’étaient pas d’un grand confort. Alors j’ai pensé que la marine ça serait mieux. Au moins on aurait un lit ou un hamac pour la nuit en tout cas. Bon, on m’a envoyé du HCSM Chippawa à Winnipeg à Cornwallis (base navale HCSM) en Nouvelle Écosse pour une formation complémentaire. Et je me suis engagé pour être opérateur radar ASDIC. Après notre formation, on nous a envoyés à Halifax. On a passé deux ou trois jours à Halifax et c’est là qu’on m’a affecté à bord du HCSM Lasalle, qui était une frégate toute neuve, qui venait de sortir des chantiers navals Davie à Montréal. Pour être très honnête on était juste des bleus. J’étais aussi inexpérimenté qu’un nouveau-né ; et je n’étais pas le seul à être un vrai bleu. Les conditions sur le bateau par moments n’étaient pas super. C’était une frégate ; c’est un navire de 100 mètres de long. C’était sans doute le cran au dessus par rapport à la corvette, pour ce qui était du logement. Mais on dormait dans des hamacs et vous deviez faire disparaître votre hamac. Si vous n’étiez pas dans votre hamac il fallait le faire disparaître, vous ne pouviez pas juste le laisser là pendant toute la journée. Alors très souvent, si votre quart s’arrêtait à 4 heures du matin, le quart de minuit à 4 heures on dira, vous deviez suspendre votre hamac dans le carré pendant quatre heures ou peu importe ce que c’est, parce qu’après 8 heures, c’était le petit-déjeuner et, bien sûr, vous pouviez prendre votre petit-déjeuner ici, à prendre une espèce de petit-déjeuner, et le hamac est au dessus de vous ici et bien sûr, il y a ce grand pied qui sort et il est en train de sortir, et ça vous le met juste sur la table à côté de là où vous êtes en train de manger. Alors c’était comme ça les conditions. Mais comme j’étais jeune, ça ne m’embêtait pas trop. On faisait partie de EG 27, groupe d’escorte n°27. On escortait des convois jusqu’à, je suppose que c’était à proximité de l’Islande ; et c’est là qu’on faisait demi-tour et qu’on revenait, et le EG 28 venait de Londonderry et ils reprenaient le convoi à partir de là. Alors ce n’était pas très agréable. Vous pouviez voir, pas très souvent, mais il y avait des moments où vous pouviez voir un cargo brûler au loin, en train de se faire torpiller. Et, bien sûr, il n’y avait personne qui se précipitait pour aller essayer de repêcher les rescapés. C’était quelque chose qui, attaquer un sous-marin c’était l’usage principal sur le, c’était vraiment ce qu’ils faisaient. Étant sur l’indicateur de portée, étant le dernier à être en contact avec le, quelque soit le moment où les contacts se faisaient. On a bien récupéré quelques survivants d’un U-boote une fois et ils sont restés sur notre bateau pendant cinq ou six jours. Quand vous les regardez, ils n’étaient pas différents de vous et moi. Quand on les a vus monter à bord, ils avaient passé un moment sur un canot de survie. Ce n’était pas comme s’ils étaient montés à bord en disant, Heil Hitler et qu’ils étaient tous déguisés en guerriers nazis. Ils étaient juste comme nous tous et ils sont allés dans la coursive de l’appareil à gouverner et y sont restés pendant cinq ou six jours. Alors après ça, j’ai eu un peu le sentiment qu’on lançait des grenades sous-marines sur des êtres humains comme moi. Ça m’a donné un peu de, un sentiment de responsabilité là-bas, mais vous ne pouvez pas tout simplement abandonner ou quoi que ce soit de ce genre. Évidemment, on ne pouvait pas faire ça.