Project Mémoire

Eric Alfred Lofty Saunders

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Eric Saunders
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Certificat de service commando présenté au marin Éric Saunders, le 12 mars 1946.
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Photographie de tombes dans le cimetière de Salerno, Italie, prise par la mère de Kenneth W. Gilbert (un ami d'Éric Saunders) qui est enterré ici, 1989.
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Eric Saunders sur l'île de Wight, janvier 1942.
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Les camarades d'Éric Saunders du commando de la Marine Royale No.41, "X Troop", en Sicile, 1943.
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41ème Commando de la Marine Royale, faisant partie de "X Troop", à Dundonald, Écosse, en 1943, juste avant de partir pour la Sicile.
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Tout ce que je pouvais voir à mon arrivée, c’était des visages ensanglantés et des types qui criaient en appelant leur mère.

Tout le monde s’est porté volontaire sauf cinq pour cent environ. Alors le 41 Royal Marine Commando a été formé. A partir de là, ça a été juste un dur apprentissage. On devait aller à l’école de commando, on a pris des cours de bagarre de rue, on faisait tout en plein air et on a fait pas mal d’entraînement très dur. Mais c’était amusant. C’était en Ecosse, il a fallu monter en Ecosse pour faire notre entraînement de commando. Après ça, on est retourné à Londres, où on a fait notre entraînement à la bagarre de rue dans les quartiers est de Londres qui étaient complètement dévastés par les bombardements. C’était juste l’endroit parfait pour apprendre la bagarre de rue. les rues étaient pleines de gravats.

Alors on a passé deux semaines là-bas et pendant ce temps, il y avait constamment des raids aériens et alors ce n’était pas très agréable. Finalement, on est reparti dans l’île de Wight. C’était de là qu’on était parti à l’origine, après qu’on soit devenus le 41 Commando, avant qu’on parte au nord à l’école de commando. On est retournés à l’île de Wight et on a continué notre entraînement là-bas pendant un bon moment et puis au début de 1942, ils nous ont envoyé tout en haut de l’Ecosse, sur la côte ouest de l’Ecosse, un petit endroit appelé Duntrune, un petit village où ma troupe était en garnison. On a poursuivi notre entraînement là-bas et c’est de là qu’un jour on a embarqué sur un bateau direction le Moyen-Orient. On ne savait pas à quoi s’attendre. Mais ça s’est avéré être le débarquement de Sicile. C’était notre première expérience de combat, toute l’action là pendant la traversée de la Sicile.

Mais après la Sicile ait été prise, on nous a retirés de là et placés dans une zone d’attente pendant quelques temps et dit que nous, nos services n’étaient plus requis à cet endroit-là, qu’on allait retourner en Angleterre. Mais ça ne s’est pas passé comme ça. Ils ont décidé qu’ils allaient faire un raid à un endroit nommé Salerne, juste au milieu de l’Italie. Là-bas, on était censé aller dans la vallée de Salerne et couper la route aux allemands par derrière, leur couper les vivres. Et ça s’est avéré être un mauvais calcul parce qu’on ne le savait pas à ce moment-là, mais rester dans les collines aux alentours de la vallée de Salerne, il y avait une forte concentration d’allemands, c’était une position de défense dans les collines. Il y avait une division Panzer là-haut.

On a débarqué la nuit, il faisait sombre et on est monté à travers, on a débarqué à un endroit appelé Vietri. Et cet endroit était construit, plus ou moins sur le versant d’une colline. On est y est entrés presque sans la moindre opposition, et on a grimpé à travers Vietri et on est ressorti de l’autre côté dans la vallée. Et là on a pris nos positions au milieu des vignes et on a creusé et on a attendu le jour. Quand le jour s’est levé, on a commencé à bouger et c’est là qu’on a découvert que les allemands nous regardaient d’en haut et ils nous ont réglé notre compte. Ca a été l’affrontement direct, on a perdu beaucoup d’hommes. Et il nous a fallu creuser plus en profondeur et trouver ce qu’on pouvait pour nous couvrir, ce qui restait. Et on a fait ça et on est restés là pendant plusieurs jours. Il y avait d’autres troupes qui avaient débarqué un peu plus au sud de l’autre côté de la vallée et il a fallu qu’on attende qu’ils arrivent jusqu’à nous. Ca leur a pris plusieurs jours pour passer à travers. Finalement ils y sont arrivés. Pendant ce temps-là, on s’était fait battre à plates coutures. Ils nous on retirés en une seule journée, il y avait un immense viaduc qui traversait cette espèce de vallée, ça pouvait servir d’abri par là, alors ils nous ont tous reconduits sous ces arches là-bas et on a reformé l’unité, et de six troupes on est passé à trois seulement.

L’idée c’était d’aller assaillir cette position allemande, tous ensemble avec les autres troupes qui étaient venues du sud. Alors on l’a fait, on s’est rassemblés et on s’est mis en position au pied de la colline d’où on allait faire partir l’attaque. Et il y a eu un grand tir de barrage venant de la marine, ou des canons navals sur la position des allemands ou qui aurait dû tomber sur la position des allemands, quelque chose est allé de travers et une salve a atterri en plein sur nous. Et ça aussi, ça a tué pas mal de nos gars mais on s’est quand-même rassemblés autour et ce qui s’est passé alors, on a dû réorganiser notre attaque. On est finalement montés dans les collines et avec le reste des gars, on a réussi à mettre les allemands en déroute. Bon, il y a eu un dénouement plutôt heureux si ce n’est tous les hommes qu’on a perdus.

Finalement nous avons pris la mer et sommes partis dans l’Atlantique et on s’est retrouvés nez à nez avec la meute des sous-marins allemands. Bon, ils nous ont pris en chasse de tous les côtés. Après le convoi, on a perdu deux ou trois bateau, on a demandé au convoi de s’éparpiller et chacun pour soi. Alors notre bateau, comme c’était l’un des plus rapides, est parti et tout ce qu’on entendait quand on était en bas c’était tic, tic et une grosse explosion. Il y avait des grenades sous-marines qui explosaient. Mais on a fini par aller plus vite que la meute et on s’en est tirés. Mais au lieu de rentrer en Angleterre en cinq jours, ça nous en a pris huit. On est arrivé à Glasgow huit jours plus tard et on a remonté la Clyde, on a jeté l’ancre au large de Glasgow dans la Clyde pour la nuit. On devait aller à terre le lendemain et ils ont eu un raid aérien là-bas. Un des bateaux juste à côté de nous s’est fait couler. Plein de gars qui avaient été sauvés dans le convoi ont craqué.

On est descendus à terre le lendemain et tous les endroits, ils nous ont emmenés dans l’une des régions les plus froides d’Angleterre, c’est sur la côte ouest du pays de Galles. Oh, c’était terrible. A peine de retour d’un pays chaud, ce n’était pas très bien. Ils ont finalement abandonné et nous ont sortis de là pour aller dans le sud. On est tous montés dans un train qui allait vers le sud, la côte sud. Et je vous le donne en mille, où avons-nous débarqué ? Dans ma ville natale, Hastings. Alors c’était super. J’ai pu rentrer chez moi très vite après ça et je rentrais à la maison tous les soirs en bus, c’était vraiment bien. Donc on est restés à Hastings pendant, oh je crois qu’on y a passé, entre trois et quatre mois. J’ai passé un bon moment là-bas.

Et quand on est arrivés à Portsmouth, on a su que quelque chose d’important allait se produire parce qu’il y avait des centaines de troupes dans les parages. On nous a mis dans une zone là-bas dans un grand parc dans le silence absolu et il y avait toutes sortes de troupes là-bas. Et comme vous le savez bien-sûr, l’histoire du jour J, que le jour J a été annulé deux fois et puis finalement c’est arrivé. On a embarqué à Portsmouth, à bord d’une barge de débarquement, et on est partis pour la France. Oh, on a débarqué le jour J. Quand j’ai débarqué, j’ai réussi à aller jusqu’en haut de la plage, je ne sais pas comment. Les tirs de mitrailleuses c’était incroyable et les obus et les mortiers. Je suis arrivé tout en haut de la plage et me suis baissé derrière une dune de sable et j’ai regardé tout autour et j’étais plus ou moins tout seul et la plupart de mes gars étaient éparpillés un peu partout derrière moi. Alors je me suis déplacé le long de la plage un petit peu, dune de sable, juste quelques mètres pour rejoindre deux ou trois autres gars qui étaient là.

Et on était juste sur le point de tirer sur ces… avec nos fusils… quelles que soient ces choses qui étaient en haut, les buses comme on les appelait, et on se préparait à tirer sur ces mitrailleuses. Ils étaient dans un grand bâtiment qui surplombait la plage et il y avait, à chacune des fenêtre il y avait une mitrailleuse je pense. Mais alors qu’on était juste en train de faire ça, un grand boom et ça a été fini pour moi ; ça a été la fin. Les premières secondes, je ne m’en souviens pas bien. Quand je suis venu à, tout ce que je pouvais voir c’était un cercle de visages rouges de sang et des gars qui réclamaient leur mère. Un gars derrière m’a attrapé, m’a tiré en arrière. Finalement, on est arrivés en bas près de l’eau et ils nous ont emmenés vers une des barges de débarquement. J’étais de retour en Angleterre. J’ai passé quelques mois à l’hôpital. Finalement, je suis parti dans un camp qu’ils avaient établi dans le nord du pays de Galles, qui était un camp de convalescence. J’ai commencé à faire un peu plus d’entraînement, à m’exercer et, mais je n’ai jamais pu retrouver la forme, pas assez pour retourner en France. Ils m’ont demandé de venir un jour en même temps que trois ou quatre autres sous-officiers et ils ont dit, on voudrait que vous retourniez dans la zone d’entraînement où notre entraînement a vu le jour et voir si vous pourriez faire du recrutement là-bas, pour faire entrer ces jeunes recrues dans les commandos. Donc c’est là où je suis allé et c’est là que j’ai passé le reste de la guerre. Alors pour moi, le jour J a été le jour le plus court. Salerne, là où on a débarqué en Italie a été sans doute le pire.