Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
On part à la guerre et la Deuxième Guerre mondiale, quand vous partez à la guerre, vous êtes avec un groupe d’une cinquantaine de personnes, une centaine de gens différents tous dans la même profession, tous des pilotes ou des membres d’équipage. Et la différence avec la guerre de Corée ce qui s’est passé pour moi c’était que j’étais tout seul. La manière dont ça se passait, les forces armées canadiennes s’arrangeaient pour que chaque mois un pilote parte voler en Corée à un poste d’échange au sien d’un escadron américain.
On m’avait assigné un poste de pilote auprès du Capitaine Bill Lilley, c’était son nom, il a terminé avec sept MiG (nom donné aux premiers chasseurs à réaction soviétiques) à son actif et j’ai piloté en tant qu’ailier à ses côtés au cours d’une quinzaine, vingtaine de missions avant d’être promu leader (d’élément) et puis j’ai fini en dirigeant l’escadrille. Et au cours de ma deuxième mission avec lui, il a descendu un Mig et lors de ma cinquième mission, il a descendu un MiG, alors ça me plaisait beaucoup de faire ça, le passage à l’action.
Je n’en ai jamais abattu un seul mais à deux reprises j’ai eu droit à un affrontement et j’en avais un (chasseur ennemi) derrière moi en train de descendre, en essayant de me tirer dessus mais il n’était vraiment pas doué je suppose. Et bien sûr, leur méthode c’était, eux ils pouvaient voler à 50 000 pieds et nous on ne pouvait pas monter au dessus de 42 000 pieds. Alors ils nous fonçaient dessus en piqué, lançaient leur attaque et puis repartaient en altitude là où vous ne pouviez pas les avoir. Et quand je l’ai pris dans l’autre sens et à ce moment-là j’étais sur la queue de son appareil, il est remonté à toute allure vers le ciel. Mais je vais vous dire, cette fois-là, on s’est retrouvé au milieu de 46 MiG mais on s’en est sortis avec un repli très malin sur le, quand vous êtes à deux contre 46, c’était un peu trop inégal.
En 1998, j’ai fait un pèlerinage en Corée (du Sud) avec le ministère des Anciens Combattants canadien et j’ai demandé à tous les soldats de l’armée de terre, il n’y avait que deux gars de l’armée de l’air, et 48 anciens combattants de l’armée de terre avec nous, et j’ai posé la question, avez-vous jamais vu un avion ennemi. Et pas un seul d’entre eux n’avait vu un avion ennemi dans l’armée canadienne pendant qu’ils combattaient en Corée. Ça prouve bien qu’on était là-bas pour démontrer notre supériorité aérienne, et leur réponse a confirmé qu’on y était arrivés. Et si nous n’avions pas gagné là-bas, évidemment, les MiG auraient été capable de venir et de faire des ravages avec les autres escadrons qui mitraillaient les cibles au sol.
Après le pèlerinage en 1998, 55 ans après le cessé le feu, comparer la modernité de la Corée du Sud par rapport à n’importe quel autre pays moderne, c’est une réussite absolument incroyable. Et puis voir le contraste entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, ça faisait du bien de voir que tous nos efforts pendant la guerre de Corée n’avaient pas été vains et qu’ils avaient porté leurs fruits.
Ce serait vraiment terrible si, quand on y repense, si on n’avait pas, si les chinois et la Corée du Nord avaient pris le dessus sur la Corée du Sud, ça aurait été une véritable catastrophe pour tous ces gens.