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- MLA 8TH édition
- . "Eugenie Frankie Turner ". l'Encyclopédie Canadienne, 03 août 2022, Historica Canada. development.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/mpsb-eugenie-frankie-turner. Date consulté: 29 novembre 2024.
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- APA 6TH édition
- (2022). Eugenie Frankie Turner . Dans l'Encyclopédie Canadienne. Repéré à https://development.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/mpsb-eugenie-frankie-turner
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- CHICAGO 17TH édition
- . "Eugenie Frankie Turner ." l'Encyclopédie Canadienne. Historica Canada. Article publié août 03, 2022; Dernière modification août 03, 2022.
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- TURABIAN 8TH édition
- l'Encyclopédie Canadienne, s.v. "Eugenie Frankie Turner ," par , Date consulté: novembre 29, 2024, https://development.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/mpsb-eugenie-frankie-turner
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Eugenie Frankie Turner
Date de publication en ligne le 3 août 2022
Dernière modification le 3 mai 2023
Je m’appelle Eugénie Turner. Je suis née le 30 novembre 1922. Donc j’ai 87 ans. Je me suis engagée quand j’avais 19 ans. J’ai grandi à Lachine, juste à l’extérieur de Montréal. Quand la guerre a éclaté, j’étais encore au couvent, j’allais dans une école catholique mais en tant qu’élève laïque. Mais la plupart de mes amis étaient anglophones et les garçons s’engageaient et alors. Et je me sentais mal parce que j’étais une fille et que je ne pouvais pas m’engager. Et alors quand l’armée de l’air a commencé à recruter des femmes, là j’ai décidé que c’était bon pour moi ; que je devais faire ça. Alors je me suis engagée en 1942 et j’ai fait mes classes à Rockcliffe [Ottawa]. J’étais télétypiste et ma première affectation c’était à Gander Bay à Terre Neuve. Même si j’avais demandé Vancouver mais je me suis retrouvée de l’autre côté du monde vraiment.
J’ai passé onze mois là-bas et c’était très intéressant parce que à ce moment-là, tous les bombardiers et les avions qui allaient outre-mer devaient s’arrêter à Gander Bay pour se réapprovisionner en carburant et se préparer à aller outre-mer, alors j’ai eu l’occasion de voir tous les bombardiers, tous les nouveaux avions qui passaient par là ; j’ai même volé à bord dans certains d’entre eux en fait. Alors je suis partie outre-mer en décembre 1943. C’était quelque chose parce qu’on allait tous à Halifax évidemment, en transit en attendant un bateau pour aller outre-mer. Après on partait dans un convoi.
Mais on a rencontré une tempête terrible sur le chemin. C’était le mois de décembre dans l’Atlantique. Après quatre jours d’une terrible tempête, on s’est rendus compte qu’on était tout seuls ; on avait perdu le convoi et on était tout seuls. Mais ça nous a pris huit jours pour arriver en Angleterre. Là-bas, j’ai été affectée au 6ème groupe du Bomber Command à Linton on Ouse dans le Yorkshire. Et j’ai passé presque deux ans là-bas dans les communications, sur téléscripteur et au décodage des messages et ainsi de suite, rassemblant toutes les informations pour les briefings des équipages, pour leurs opérations à venir. Et l’une de mes tâches c’était d’envoyer une liste de tous les bombardiers qui s’en allaient avec tous les équipages. Et on avait deux escadrons, le 426ème et le 408ème escadrons. Et on avait quinze bombardiers pour chaque escadron à ce moment-là. Alors ça voulait dire sept membres d’équipage dans chaque bombardier qui partait. Et je devais envoyer un nom et le matricule et le poste qu’il occupait à bord des bombardiers et leur grade et leur âge, qui ne dépassait jamais 25 ans.
Et je devais envoyer cette liste au quartier général. Et ensuite quand ils rentraient, je devais envoyer une liste des victimes, une chose à laquelle je n’ai jamais pu m’habituer. J’ai passé un mois à Londres pour une formation spécialisée en téléscripteur et là-bas, et on a été bombardés chaque nuit pendant que j’étais là-bas. J’ai eu beaucoup de chance parce qu’apparemment peu de temps après que je sois rentrée à la base, l’hôtel dans lequel on était cantonnées avait été bombardé et plusieurs des filles avec lesquelles j’étais avaient été tuées. Alors j’ai eu beaucoup de chance.
Londres évidemment, vous savez, elle était bombardée presque tous les jours. Je me souviens d’une fois j’étais en permission et avec une de mes amies, Joan Reese c’était son nom, elle était originaire de Vancouver, alors qu’on sortait du théâtre cette nuit-là il y avait un bombardement. Les gardiens, vous savez, ils vous faisaient entrer dans les abris et je ne suis jamais allée dans un abri à cause de ma peur d’être enterrée vivante. On était près de Piccadilly Circus alors nous nous sommes dirigées vers les escalators pour aller dans le métro mais quelqu’un est tombé au pied de l’escalator et les gens se sont entassés en haut alors on est ressorties. Nous ne sommes pas restées là ; on s’est cachées dans l’embrasure d’une porte quelque part jusqu’à ce que ça soit terminé. Mais après vous pouviez voir les bombes tomber et les gens qui couraient, certains étaient atteints. C’était un moment très effrayant pour moi les bombardements.
Le filles que j’ai rencontrées dans le service venaient toutes de différentes parties du Canada. On s’entendait toutes bien. On vivait assez à l’étroit évidemment. Je me suis fait de très bonnes amies dans l’armée de l’air, et elles avaient des métiers très variés bien-sûr, le travail qu’elles faisaient. Certaines étaient même mécaniciennes dans les hangars avec les bombardiers et ainsi de suite. D’autres s’occupaient des équipements, de la distribution des uniformes et tout le reste. Evidemment, beaucoup de gens dans la salle à manger pour nourrir tous ces gens. Il y avait des cuisinières et les filles aux opérations et il y avait les filles des transmissions aussi, sur les sans-fils. Il y avait plein de possibilités et plein de jobs intéressants.
Et bien, vous savez, au début les gars se sentaient tout chose à l’idée d’avoir des femmes là-bas. Bon, particulièrement à Gander ; on était 250 filles et il y avait l’armée de l’air américaine, l’armée de l’air canadienne, la RAF et les Highlanders de Pictou dans l’armée. Et la base de l’armée de l’air c’était la seule où on avait des femmes. Donc on était 250, alors chaque fois qu’un des groupes organisait par exemple une soirée dansante ou quelque chose, ils venaient nous chercher, nous les filles, dans notre base. Alors on était traitées comme des princesses vraiment. Et vous savez, il y avait un tel respect, j’étais surprise, il y avait un tel respect et les gars étaient vraiment très gentils avec nous. Je n’aurais manqué ça pour rien au monde. En effet, si j’avais été un homme j’aurais continué dans la force. Oui, j’ai adoré mon expérience dans l’armée.
Je pense que c’est merveilleux. Vous savez, elles ont tellement plus de possibilités. Maintenant, elles peuvent être pilotes, elles peuvent faire tout ce qu’elles veulent, mais nous on ne pouvait pas à notre époque. Alors, je trouve que c’est fantastique. Je suis très étonnée qu’il n’y ait pas plus de filles qui en profitent.