Project Mémoire

Eugenio Olivieri

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

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L'équipe de volleyball du Royal 22e Régiment à Valcartier en 1963. M. Olivieri se trouve sur la 2e rangée, 2e à gauche.
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Le sergent Eugenio Olivieri (à droite) à bord du navire de transport américain U.S.S. <em>General W. M. Black </em>en partance vers la Corée en 1952.
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Le sergent Eugenio Olivieri dans les années qui suivirent la Guerre de Corée.
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Les trois frères Olivieri servirent dans l'armée canadienne. De gauche à droite: Eugenio; Ronald et Dante.
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Devise sud-coréenne (1,000 Won).
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On sort et ça va bien. On avance tranquillement. Après trois heures on arrive sur la position, ils ne sont pas là, pas un chat. Les Chinois ne sont pas là, ils sont partis.
J’ai été amené en Corée comme sergent, sergent fantassin (avec le 1er Bataillon du Royal 22e Régiment). Fantassin, tu tires comme tout le monde. Une semaine après arrivé, j’étais déjà sur la patrouille. Des journalistes sont venus dans notre dugout (abri souterrain), notre petite cabane puis là, je ne me rappelle pas le nom de l’officier. Il dit : « Sergent Olivieri, vous êtes prêt pour partir sur la patrouille? OK, vous partez sur la patrouille ce soir. » Les journalistes ont écrit ce que je fais et ils m’ont montré sur la map (carte). Il fait noir quand même. Vers onze heures, je suis parti avec trois hommes. Notre rôle c’était d’adopter une position entre le no man’s land qu’ils appellent, puis observer s’il y avait des mouvements de troupes ennemies. Si par chance on en pognait un, tant mieux. C’est tout, trois heures couchées. C’est tout, il ne s’est rien passé. Absolument rien. À minuit, viens-t’en chez nous. C’est tout. Mais l’autre est plus sérieux. Nous autres, on a été attaqué par les Chinois en revenant de notre patrouille. L’autre (patrouille) était organisée par la brigade (par le quartier-général de la 25e Brigade d’infanterie canadienne). Quelque général a dit on fait un show (une attaque). Qui va faire le show? Monsieur Carpenter ne parle pas un mot de français. Qui parle anglais? Monsieur Olivieri. On ramasse vingt gars. Pendant une semaine on pratique. Ma « job » est d’emmener les gras à l’endroit et à la maison, tombe pas (sans pertes). On pratique une semaine de temps, quoi faire en cas d’attaque. Moi, j’avais un black jack (ensemble) de corde. Notre rôle, c’est d’aller pogner (faire) les prisonniers. Tout le monde savait qu’on partait, tout le monde et l’artillerie (en appui). Tous les autres bataillons. Il faut absolument faire ça, sinon on tire sur nous autres. Après ça on part, il y a des champs de mines. On s’en va (…). J’ai dit : « Les gars, pas un portrait, pas une lettre, rien sur vous autres, en cas où l’on se fasse prendre. Rien. » Et j’ai fouillé les gars pour être sûr qu’il n’emporte rien. On part. On sort et ça va bien. On avance tranquillement. Après trois heures on arrive sur la position, ils ne sont pas là, pas un chat. Les Chinois ne sont pas là, ils sont partis. Vous savez une chose, il n’y avait plus de Nord-Coréens. Il y a trois cent mille Chinois qui ont traversé (afin d’appuyer leurs alliés nord-coréens à partir d’octobre de 1950). Dans le temps, il n’y avait presque pas de Coréens, c’était des Chinois. Carpenter nous a dit de retourner à la maison, on a fait le même trajet. On n’était pas loin de notre position, ils tirent sur nous autres. Eux autres ils nous attendaient. Une couple de blessés. Après ça, on a demandé l’artillerie. Là, mon cher ami, j’étais content de voir ça. C’était beau de voir ça. La précision. Ça rentrait. J’ai dit : « Tout le monde couchez-vous! » Ça duré cinq minutes de temps et quand ça s’est arrêté, pas un mot, pas un chat. J’ai dit : « OK, les gars, on s’en va chez nous ». J’ai été féliciter les gars (les artilleurs). J’ai été leur donner la main, merci beaucoup. Il m’a regardé, quoi? Ah! Vous étiez là? Oui. C’était d’une grande précision, de toute beauté.