Everett M. Bluestein (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Everett M. Bluestein (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Everett M. Bluestein a servi dans la Deuxième Guerre mondiale.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.


Everette Bluestein
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Everette Bluestein au Bureau des vétérans de la guerre juifs du Canada en 2011.
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Everette Bluestein à l'Arsenal de North York à Toronto, Ontario en 2006.
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Le caporal Everette Bluestein à son unité de cantonnement à Gottingen, Allemagne en juin 1945. « Un décor superbe ».
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Première photo du soldat recrue Everette Bluestein en 1943.
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Everette Bluestein et sa fiancée Lil Solnik en 1946.
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Le soldat russe était réputé pour être chaleureux. Nous pouvions nous plaindre si nos oeufs n'était pas chauds, tandis qu'eux étaient heureux s'ils avaient du pain et de l'eau.

Transcription

Et ce fut mon tour. C’était le recrutement [la conscription] aux États-Unis. Ma mère était veuve, et ce fut le tour à mon frère aîné et à moi-même. Il était marié et avait des enfants à ce moment-là. J’ai été recruté, mon numéro avait été sélectionné. J’avais 19 ans à l’époque. 

J’étais dans l’infanterie blindée. Donc, en plus des armes avec lesquelles on devait apprendre à tirer, c’est-à-dire votre pistolet, un fusil, une carabine, une mitrailleuse légère, une mitrailleuse lourde, on recevait aussi une formation sur des véhicules. On passait de la Jeep à la voiture de reconnaissance, au semi-chenillé, c’est celle avec les roues à l’avant et les rails à l’arrière. Et là, parce que j’étais dans la compagnie de quartier général, nous avions trois chars Sherman [blindés moyens, M4] et nous avons appris à les conduire, les plus faciles à conduire, en fait. Comme nous étions mobiles, nous étions au-devant des fantassins. C’est la façon la plus simple de le dire. 

Nous avons débarqué en France [en 1944]; il n’y a pas eu de problème à débarquer en France, car rappelez-vous que nous sommes en décembre et que le jour de la victoire en Europe était en juin [mai 1945] et qu’il n’y avait pas de problème. Nous nous sommes donc installés pour la nuit. Et nous avons fait ce que nous faisions habituellement, aller dans une forêt ou à la lisière d’une forêt, pour pouvoir cacher nos véhicules. On ne laissait jamais notre véhicule à la vue si on pouvait l’éviter. Et puis tout à coup, il y a eu un bombardement. Nous avons été bombardés par des avions allemands.

Nous avions des sacs de couchage. Ces sacs de couchage couvraient notre tête, tout ce qui était exposé était nos yeux. Les fermetures à glissière étaient à l’intérieur pour qu’on puisse en sortir. Sauf la première fois qu’on entend ces bombes tomber tout près, et que le sol tremble. La peur vous envahit, vous oubliez la fermeture et vous vous débattez pour sortir du sac de couchage. Puis vous vous souvenez qu’il y a une fermeture à glissière à l’intérieur. 

Mais cela m’a affecté après la guerre. Quand je suis revenu et que j’ai récupéré mon ancien emploi à New York [ville], je ne pouvais plus supporter de voyager en métro, je ne pouvais plus supporter les foules. C’est l’une des raisons pour lesquelles je suis venu au Canada.

Nous avons eu un accident dans l’un des véhicules et j’ai été blessé. Nous nous sommes simplement renversés. Ce n’était pas le feu ennemi, donc je n’ai pas eu, je n’ai pas eu le Purple Heart [une décoration militaire des États-Unis décernée à ceux qui ont été tués ou blessés durant leur service] pour cet événement. J’ai été blessé et j’ai passé un certain temps à l’hôpital. Et j’ai rejoint mon équipe en Allemagne dans une ville appelée Groningen. C’est là qu’ils ont créé les couteaux, les fameux couteaux, je suppose, les couteaux Henckels.

De là, nous avons traversé la Bavière jusqu’en Tchécoslovaquie [mai 1945]. Et je me suis rendu dans la ville de Rockichani, je me souviens de ce nom, Rockichani. Ce que nous y faisions, nous étions un tampon contre les Russes parce qu’ensuite nous sommes allés à Pilsen [en Tchécoslovaquie], au sud de Pilsen, et les Russes étaient à Prague et nous étions à Pilsen, c’est-à-dire à environ 14 milles les uns des autres. Nous les avons rencontrés. C’est une bande d’enthousiastes. Le soldat russe était un bien bon gars. Nous nous plaignions si nos œufs n’étaient pas chauds. Ils étaient heureux s’ils avaient du pain et de l’eau.

Nous étions sur le flanc sud des troupes canadiennes, parce que les Canadiens vivaient en Hollande et nous étions en Belgique [mars 1945], Bastogne faisait partie de la Belgique. Et c’est ainsi que nous nous sommes rapprochés des Canadiens. Et quand ce fut fini, Dieu merci, nous avons déménagé à Lobberich, en Allemagne, au nord, et nous avons traversé jusqu’en Allemagne et avons fait sauter une banque, mais le butin n’avait aucune valeur. Quelques personnes dans la banque nous ont tirés dessus, vous savez. À part cela, c’était plutôt amusant. Vraiment. Par vraiment, en fait, lorsque nous l’avons faite sauter, nous l’avons simplement fait.

J’ai une photo de moi et de mon ami, Larry Vickenfall, un autre garçon juif, dans une autre compagnie. Lui et moi sommes sortis. Nous avons descendu la croix gammée [l’emblème officiel du parti nazi] de l’usine [de Reichswerke] Hermann Göring à Groningen; j’ai une photo de nous qui nous montre la brandissant. Et ça vous rappelle, mon Dieu, c’est… Vous voyez comme vous êtes beau en uniforme, quand vous ne combattez pas.