Et j’ai été affecté, et c’était une partie de mon entrainement, à un endroit appelé St Eval (RAF) en Cornouailles, en bas sur la côte sud. Sur des Whitley (bombardiers de taille moyenne), on faisait des vols d’entraînement dans la Manche et dans le baie de Biscaye. Lors du quatrième voyage, on a perdu un moteur et on a plongé dans la mer. On était cinq dans l’avion ; et j’étais le seul survivant. Et j’ai passé trois jours dans un canot de sauvetage dans la baie de Biscaye au large des côtes espagnoles. J’ai été secouru par un destroyer anglais.
Puis je suis retourné à St Eval ; et puis j’ai pris un autre équipage. Ensuite j’ai été affecté au 106ème escadron à la RAF. J’ai fini ma période. Vous deviez faire 30 vols sur l’Allemagne. J’étais sur des Lancaster (bombardier lourd). Vous avez un mois de congé et ensuite vous devez faire une deuxième période. C’est le marché quand vous vous engagez. Alors j’aurais dû rentrer chez moi, mais je suis allé à Warrington (RAF Burtonwood) à un dépôt pour être rapatrié, et le commandant d’escadre là-bas a dit, bon sang, est-ce que je n’ai pas un marché à vous proposer. Vous voulez aller dans un escadron canadien ? J’ai dit, oui. Il a dit, bon, je vais vous donner un cours de recyclage dans la navigation et ensuite je vous affecterai au 422ème escadron (escadron de reconnaissance) là-bas en Irlande du Nord. Alors j’ai réfléchi pendant une dizaine de minutes et puis j’ai accepté.
Pour notre premier vol hors de Castle Archdale (commandement de l’aviation côtière), les anglais avaient percé le code allemand, le code Enigma et ils savaient qu’il y avait un U-boot allemand à 400 milles nautiques au large dans un secteur précis de l’Atlantique. Et c’était notre but. Alors on est partis après avoir décollé à 11 heures du matin. Après environ quatre heures, on a abrégé la recherche ; et au deuxième parcours, on a repéré le U-boot allemand. C’était le U-boot 625. On y est allé et on l’a attaqué, quatre grenades sous-marines, et on l’a coulé. Et on a les photos ; on avait un appareil photo dans la queue. Quand on était en train de l’attaquer, il y avait un artilleur sur la tour de tir qui nous a tiré dessus quand on s’est approchés et on ne pouvait pas faire de manœuvre d’évitement. Et on a eu un gros trou en dessous de la ligne de flottaison dans le, c’était des hydravions sur lesquels on volait, des Sunderland (bombardiers patrouilleurs). Donc on avait le gros trou et on avait 36 trous tout autour ; des trous provenant du canon de 100mm.
On a réparé un gros trou, on avait des bouchons de secours pour arrêter les fuites, c’était des trucs en métal. Mais que faire avec les petits trous, vous savez, on ne savait pas quoi. Ce n’était pas mon idée mais celle du mécanicien, Ted Aikens qui venait de Londres en Angleterre, il a dit, rebouchons-les avec du chewing-gum. On avait, chacun de nous avait cinq plaquettes de chewing-gum à la menthe, des Wrigley à la menthe. Aussitôt qu’on les avait mâchés, il les récupérait, on a colmaté 36 trous, on est montés à 3000 pieds d’altitude. Le chewing-gum a gelé et pendant ce temps, on a interrompu le silence radio et on leur a dit là-bas en Irlande du Nord, à Castle Archdale, ce qu’on était en train de faire. Et quand on est arrivé là-bas, il a atterri et il y avait des vedettes de sauvetage et tout le reste. Mais ça a bien tenu. On a atterri. Ça s’est retrouvé dans les journaux, dans les journaux d’Ottawa, et les journaux de Londres ; et mon pilote a reçu la DFC (Croix du service distingué dans l’Aviation) et j’ai reçu une citation « Mentioned In Dispatches » (pour action courageuse ou méritoire). Et j’ai été promu lieutenant d’aviation immédiatement.
La guerre s’est terminée. J’étais à Londres le jour de la Victoire en Europe ; et je suis rentré au pays à bord du (SS) Île de France et à New York et retour à la maison. J’avais 23 ans. J’étais lieutenant d’aviation avec une solde de 7,50 dollars par jour, sept médailles et de retour dans ma famille.