À mes débuts dans la marine, j’occupais le poste de chauffeur et on m’a donné l’occasion de faire partie d’un groupe de jeunes qui étaient apprentis mécaniciens. Et j’ai passé trois ans en apprentissage et j’ai réussi tous mes certificats et je suis devenu chef mécanicien à bord de cette frégate sur laquelle j’ai passé le reste de la guerre. Et la frégate en question s’appelait le [NCSM] Saint John, et au début sur cette frégate on servait dans l’Atlantique, du côté des Açores, qui étaient neutres à l’époque.
Lors d’une sortie prolongée, on était à court de carburant, et on a profité de la neutralité des Açores pour se ravitailler, il s’est trouvé qu’en même temps que nous il y avait un sous-marin allemand qui était lui aussi en train de se ravitailler en carburant. Mais on a tous les deux respecté notre neutralité, jusqu’à la sortie du port. On a récupéré un convoi de 31 navires qui emportait du matériel en passant par la seule route disponible à ce moment-là, à savoir du cap Nord en Norvège jusqu’au port de Mourmansk en Russie.
Le moment venu, on a navigué sur la mer Blanche jusqu’à Archangel pour délivrer deux des 31 navires et ensuite on est retournés à Mourmansk pour le carburant, et c’est quand on s’approvisionnait au pétrolier que j’ai appris qu’en mon absence, on avait passé un mois en mer, en novembre et décembre, et j’ai découvert que j’étais devenu le papa d’un petit garçon. Donc, il était né depuis 21 jours quand j’ai réalisé que j’étais papa. Et ensuite, il m’a fallu attendre encore cinq mois avant d’avoir la chance de le voir. Il n’y avait pas les téléphones portables à l’époque.