Project Mémoire

Fred Bragnalo

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Visite du Fort Nieulay, Calais, France, en 1944.
Arme [Mauser C96] confisquée à un commandant allemand du Fort Nieulay par Fred Bragnalo, le 7 septembre 1944, quand il a été pris par le régiment Royal Winnipeg Rifles. La capture de ce fort a ouvert des voies pour la capture de Calais.
Fred Bagnalo dans son uniforme de l'Armée canadienne, le 24 octobre 1944. M. Bragnalo a servi avec le régiment <em>Royal Winnipeg Rifles</em>, "les Petits Diables Noirs".
Articles de journal rapportant que Fred Bragnalo a été blessé en outremer. Il a figuré dans le journal local du 24 octobre 1944.
Je vais essayer d’attraper une de ces poires. Alors j’ai rampé, et j’ai levé le bras pour attraper la poire et elle est venue et le tireur isolé, bingo, il m’a raté

Nous étions (Le Royal Winnipeg Rifles) au canal Léopold. Le Canadian Scottish (Regiment Princess Mary) et le Regina Rifles étaient en face, devant nous. On était dans la réserve et on est resté sur la berge pendant que le Canadian Scottish et le Regina Rifles étaient en face sur la rive opposée et dans la bataille. Pendant cette période, on a dû faire quelques patrouilles sur la berge jusqu’au pont. Il se trouvait que j’étais en pleine patrouille, à un moment, pendant la nuit, à entretenir le contact avec le Regina Rifles qui était au pont. De l’autre côté du pont, les boches avaient les mitrailleuses installées au carrefour ; et ils ne cessaient de provoquer des dégâts de notre côté. J’ai été détaché, ils voulaient les faire partir de là et ils m’ont demandé de prendre deux volontaires et de courir de l’autre côté de la route jusqu’au verger, et d’aller dans cette maison si on pouvait.

Ils nous ont assurer une bonne couverture. Seulement une personne s’est portée volontaire en fait. Et il était dans le peloton d’éclaireurs avant qu’ils dissolvent le peloton d’éclaireurs et c’était la raison pour laquelle il était là-bas. On a été couverts ; ils nous ont vraiment bien couverts avec de la fumée et des tirs d’obus de portier. Au carrefour, on a traversé en courant et je ne, je ne sais toujours pas le nom du gars vraiment. Je crois que c’était Kozak, mais je n’en suis pas sûr.

En tout cas, on a traversé en courant. Il m’a battu ; il courait comme un dératé. Il m’a battu. Il y avait une barrière à passer pour voir, et il est entré par la porte de devant qui était ouverte. Moi je suis passé par la fenêtre de la salle de séjour qui a été défoncée en même temps. Pendant qu’il entrait, il a pris un boche à froid. Le boche était aussi surpris que lui. En tout cas, le boche a levé les mains en l’air et ils l’ont eu.

À ce moment-là, je l’avais rejoint et il y avait un groupe en bas dans le sous-sol qui faisait du chambard. On leur dit de remonter et personne ne veut monter. On a lancé une grenade et pour finir, ils ont commencé à remonter. On a finalement réussi à les faire sortir de là et on les a envoyés dehors, et certains ont été blessés aussi. Certains avaient reçu des éclats. Et il y avait un autre gars dans le champ, dans la partie verger. On y a passé à peu près trois jours, ne pouvait pas bouger de cet endroit. Le reste de ma compagnie a creusé tout autour de la bâtisse pour la protéger.

Et ce matin-là, je ne me souviens plus de quel matin c’était, c’était assez calme et je savais que ces mitrailleuses étaient toujours au carrefour ; et je ne sais pas combien, mais il n’y avait pas beaucoup de gars là-bas, je ne suis pas sûr. Mais j’ai pensé qu’il y avait un des boches qui était blessé et ils ne venaient pas le chercher ; et un de nos brancardiers finalement est allé le chercher et l’a ramené à l’intérieur. Alors ce matin-là, j’avais faim. Il y avait un poirier à quatre ou cinq mètres du bâtiment. J’ai pensé, je vais essayer d’attraper une de ces poires. Alors j’ai rampé, et j’ai levé le bras pour attraper la poire et elle est venue et le tireur isolé, bingo, il m’a raté. Alors je suis resté étendu là pendant un moment. Je ne bougeais pas, en espérant avoir quelques secondes pour voir où il se trouvait en réalité, mais je ne pouvais rien voir du tout. Alors je me suis figuré, bon, une autre, mais elle était un peu plus haute, je ne pouvais pas l’atteindre. Alors j’ai pensé que j’allais essayer. Alors j’ai essayé, oh, bingo, il m’a eu. Il ne m’a pas touché, mais il a tiré. Trois fois. Je me dis, oh je ferais mieux de ne pas insister, alors j’ai pris cette poire et suis retourné dans la maison. Mais, à la fin, après ça, la 8ème brigade (d’infanterie canadienne) a eu pour mission de passer par la voie navigable de Walcheren et dès qu’ils sont arrivés, les boches ont commencé à se retirer. Ils se sont rendus compte qu’ils allaient se faire piéger là entre nous et la 8ème brigade. Et c’est ce qui a libéré notre position à nous au canal Léopold..