Project Mémoire

Fred Mullen

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Le lieutenant d’aviation S. Jones et les capitaines d’aviation J. Hendry et F. Mullen devant leur « maison ». Fred Mullen et l’unité de radar mobile 15092 ont vécu deux ans dans ces tentes, y compris en hiver, pendant leur service en Europe.
Souvenirs d’Europe du Nord-Est de Fred Mullen. Les souliers miniatures viennent de Bruxelles et on peut lire sur la carte de Noël, qui ornait un gâteau préparé par des Belges, « Merci à nos chers libérateurs. »
M. Mullen portant ses médailles en 1996. En dessous, la médaille commémorative qu’on lui a remise lors du 60e anniversaire du Jour J.
Diplômés de la Radar School du Détachement de l’Université de la de Saskatchewan, ARC, 1939.
Le capitaine d’aviation Fred Mullen dans son uniforme, en 1941.
Heureusement, nous avons survécu à l’attaque, mais c’était plutôt sinistre car l’avion arrive avant même qu’on l’entende.
Je m’appelle Fred Mullen et me suis enrôlé dans l’Aviation royale du Canada en 1941. C’était une période où tout était très sombre car nous perdions toutes les batailles. Alors je me suis dit que je devrais faire ma part… J’avais entendu parler des radars et le type m’a dit : « Absolument, il faut vraiment s’engager dans les radars. » Mais je lui ai répondu que je préférais devenir pilote de chasse, ou quelque chose du genre, pour apporter une contribution plus valable. « Non, non ! Les radars, c’est une priorité absolue, et c’est des gars comme toi qu’il nous faut. » Nous avons fait un peu d’entraînement au Canada avant d’être envoyés dans une station radar en Grande-Bretagne. La RAF avait développé un système de radar qui a fait des miracles pendant la Bataille de l’Angleterre, détectant des avions puis lançant à leur attaque les ressources et les défenses très limitées qu’elle possédait. J’ai ensuite fait partie de l’unité de radar mobile qui a atterri en Europe pour se joindre au deuxième front. J’étais lieutenant d’aviation de l’unité, qui comptait 30 véhicules et 90 hommes. Nous avons progressé à travers la France et en juillet 1944, à Lille, un V-2 allemand, qui était un avion supersonique, s’est pointé et a tout fait exploser. Heureusement, nous avons survécu à l’attaque, mais c’était plutôt sinistre car l’avion arrive avant même qu’on l’entende. C’était ma première expérience du genre. Nous avons poursuivi notre route vers les Pays-Bas, où nous avions pour tâche de protéger les trois ponts de Nijmegen. C’était assez terrifiant parce que la nuit, nous pouvions voir dans le ciel la traînée rouge des V-2 allemands qui partaient bombarder la ville de Londres. Un autre épisode affreux s’est produit le matin du jour de l’An 1945. Des chasseurs-bombardiers allemands attaquaient l’aéroport de Bruxelles. Je me trouvais justement à l’aéroport et ils ont détruit des centaines d’avions qui occupaient la piste. Comment cela avait-il pu arriver ? Eh bien, une autre unité de radar avait détecté plus de 50 avions et les avait signalés aux opérations du secteur, mais le contrôleur en poste avait répondu : « C’est complètement idiot, les Allemands ont perdu trop d’avions pour en avoir autant. » L’unité a tout fait pour le convaincre du contraire, mais en vain. Si bien qu’on n’a prévu aucune défense pour les intercepter.