Project Mémoire

Fred Theodore Fritz Wihak

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Fred Wihak, 2010.
Tout ça s’est passé tellement vite et ici il y avait une croix gammée allemande dessus et il tirait sur moi. Et heureusement il a manqué son coup. Mais je me suis bien fais avoir.
C’était au dessus de Malte à ce moment-là. Parce qu’après (El) Alamein (Égypte), on a fait toute la traversée de l’Afrique du Nord, jusqu’à Tunis et puis Malte. Et de Malte, on est allés en Sicile et puis en Italie. C’était la Desert Air Force. Mais je me souviens quand on était au dessus de Malte, on a seulement passé un mois là-bas, je crois, c’était peu après qu’on soit arrivé là-bas et bien sûr, les allemands étaient en train d’écraser Malte à l’époque. Alors on était toujours en ce qu’ils appelaient l’état d’alerte. Et puis vous êtes bon pour le décollage immédiat s’il y a des ennemis dans le coin, vous décollez immédiatement, et vous entrez dans un combat tournoyant. Et on s’est lancés dans ce combat d’avions de chasse et j’étais le numéro deux pour le commandant et très vite, je l’ai perdu, ce qui, je pense qu’il ne me pardonnera jamais ça. Et puis j’ai vu cet avion arriver sur moi et il montrait de la fumée blanche, et j’ai pensé, bon, c’est un de nos gars qui a été touché dans le réservoir de glycol, parce que c’est ce qui arrivait souvent. Et puis il s’est présenté. Tout ça s’est passé tellement vite et ici il y avait une croix gammée allemande dessus et il tirait sur moi. Et heureusement il a manqué son coup. Mais je me suis bien fais avoir. Mais c’était la pagaille, tout s’est passé tellement vite. Il y a une chose qui m’accompagne tout le temps. Si vous étiez du matin, on était quatre ou huit en service. Et après avoir fini, on était de repos jusqu’à la fin de l’après-midi ou jusqu’au soir. Alors ce qu’on avait l’habitude de faire et on avait de bonnes raisons, on prenait un camion d’une demi tonne et on allait dans les fermes et autres dans la campagne – les maisons étaient toutes vides – et on cherchait des œufs et du vin et des trucs comme ça. Alors ce jour-là précisément, nos quatre, on est montés dans un camion, et les quatre autres, ils sont montés dans un autre camion. Et alors on montait. On restait généralement dans un périmètre de douze à quinze kilomètres de la ligne de front, la plupart du temps. Quand la ligne de front se déplaçait, on bougeait avec elle. Alors on avait fini pour la matinée, donc on a pris le camion et on est partis dans la campagne et on a vu une ferme vers la gauche. Alors on est arrivés là-bas et tout à coup, un capitaine est entré et il était super en colère. Qu’est-ce que vous faites là, il dit, c’est – on est arrivé juste hier soir c’est notre poste d’observation avancé. Et maintenant ils savent qu’on se trouve ici. Bon, désolés, on n’était pas au courant de ça. Et il dit, bon, le poste d’observation avancé des allemands c’est cette ferme là-bas à trois kilomètres d’ici. J’ai dit, bon, maintenant qu’ils savent que vous êtes ici, pourquoi n’y allez-vous pas et avez, rappelez vos canons pour aller les descendre. Alors on savait d’où venaient les canons et on est montés sur la colline pour pouvoir regarder ça. Et la première explosion est arrivé juste à la bordure de l’angle de la maison. La suivante est tombée sur l’angle de la maison et à ce moment-là on avait pris un peu de cognac… Bon alors le, la suivante est tombée en plein centre. Et puis on a vu les allemands sortir en courant à l’arrière. D’accord, alors on a passé un bon moment ce jour-là et on est repartis à l’aérodrome et puis on a attendu les autres et il faisait sombre et ils n’étaient pas encore rentrés. Et le lendemain on a appris qu’ils avaient été faits prisonniers. Parce qu’ils étaient allés un tout petit peu plus loin, dans une autre ferme. Et ils étaient entrés dans le jardin et là les soldats allemands sont sortis et ils ont été faits prisonniers juste come ça. Alors ça c’en est une dont je me rappellerai toujours.