Quand ils ont décidé, après que je sois passé devant la commission et que j’ai obtenu mon grade de sous-lieutenant, après ça ils ont décidé qu’ils allaient m’envoyer en Ecosse dans un endroit appelé Achnacarry pour suivre la formation de commando. Et ça a été dur, ils utilisaient des vraies munitions et tout sur nous, ça passait au dessus de votre tête bien-sûr, mais ça paraissait bien réel comme si on était partis à l’assaut sur un bâtiment de débarquement depuis le lac et qu’on débarquait sur la plage, et il y avait des explosifs placés dans le sable et ils explosaient comme si vous étiez en train de vous faire bombarder par l’ennemi, pour simuler un vrai combat. C’est un de mes souvenirs les plus marquants de la période de cette formation qui nous nous a pris huit semaines.
Maintenant on fait la même chose en 32 semaines. Mais on devait se dépêcher parce que c’était la guerre et les gens mourraient et ils avaient besoin de les remplacer. Et en tant que remplaçants, vous alliez dans un camp de transit et ils vous prenaient de là pour vous envoyer n’importe où, Dieppe ou n’importe quel autre combat, et moi, ils ont décidé qu’ils allaient m’envoyer en Inde pour aller combattre en Birmanie.
Au mois de janvier, on est passé par le canal de Suez, en direction de Bombay, et puis à Bombay on est allés dans un camp et c’est là qu’on a commencé à s’entraîner pour le combat dans la jungle. Combattre dans la jungle ce n’est pas la même chose que combattre en Europe. On fait ça d’une manière complètement différente, et on devait apprendre parce que les japonais eux savaient se battre dans la jungle.
Vous devez savoir comment vous servir de votre couteau parce qu’il y avait plein de, plus tard quand je vais raconter, il y avait beaucoup de corps à corps. Alors vous appreniez à faire ça et la manière de tenir votre couteau et la manière de le faire, et c’était comme un entraînement en soi. Et ensuite vous devez savoir comment vous tailler votre voie au couteau à travers la jungle, parce que parfois il n’y avait pas de passage dans la jungle. Vous coupez à travers les buissons touffus et c’est tout. Et vous vous taillez votre chemin à travers pour passer. Mais le plus grand, bien-sûr, le combat ça a été Kangaw. Et c’était en janvier 1945.
On a débarqué à un endroit appelé Myebon, ça s’épelle MYEBON, Myebon. Et on a tracé notre chemin en remontant jusqu’à la péninsule de Kangaw. Et en chemin, il y avait un colline appelée la colline 170. Les japonais la contrôlaient et on devait les faire partir de là. Et là où on se trouvait c’était de la plaine, c’est là où ils cultivent le riz et autres, marécageux. Vous étiez dans l’eau tout le temps. Alors vous ne pouvez pas creuser rien de tout ça, pas de trous de tirailleurs. En tout cas, on a réussi à les déloger en deux jours et ensuite on est partis en direction de la ville de Kangaw.
Certains villages ils étaient, on appelle ça des villages ou des petites villes, ils étaient pour les japonais ou anti japonais. Vous ne saviez pas lequel des deux avant d’avoir rencontré le chef du village, après c’était très vite fait de découvrir s’ils étaient du côté des alliés ou contre eux. Parce que de nombreuses personnes dans les tribus là-bas voulaient une terre libre parce que la Birmanie était britannique. Et ils voulaient qu’elle soit un pays libre. Alors ils étaient tous, comme je dis, des séparatistes en réalité, c’est ce qu’ils étaient. Mais heureusement, les gens de Kangaw étaient des alliés, alors ils se sont joints à nous jusqu’à ce qu’on doive partir et aller plus au sud sur la côte.
Après, quand on est arrivé dans un certain endroit plus loin au sud de Kangaw, on a creusé, on avait l’habitude de creuser des trous de tirailleurs, deux hommes par trou. On veillait l’un sur l’autre, vous êtes copains et vous ne faites rien sans faire attention à votre ami. Il veille vous et vous veillez sur lui. Mais les japonais avaient une manière très étrange de, ils pouvaient venir la nuit et ils rampaient à l’intérieur du trou. Ils s’arrangeaient pour parcourir la centaine de mètres qui séparait votre trou de l’endroit où ils se tenaient. Ca leur prenait des heures pour y pénétrer dans l’obscurité, parce qu’ils avaient la patience d’avancer d’un mètre environ et d’attendre et à nouveau un mètre environ et attendre, on n’avait pas cette patience. Et ils venaient dans votre trou et ils vous tuaient. Et particulièrement s’il n’y avait qu’une seule personne parce l’autre était aller chercher des munitions supplémentaires. Alors naturellement, vous deviez retourner dans le trou le plus vite possible et il arrivait qu’on retourne dans son trou et qu’on trouve son copain mort, poignardé et tué par un japonais. C’était ce genre de choses. La guerre silencieuse. Et c’est là qu’on avait les combats au corps à corps. C’est la raison pour laquelle on portait toujours sur nous un couteau pointu, pour nous battre avec lui.
Les officiers, les sergents et les hommes, ça avait plus à voir avec la camaraderie qu’avec les grades. C’est ça dans l’armée, c’est très sérieux, c’est très tourné vers les grades. Pas nous. J’appelle le gars par son prénom. Au lieu de l’appeler soldat ou marine, on ne se sert pas du mot soldat, on se sert du mot marine. Et ils ne vont pas m’appeller pas par mon prénom, évidemment, mais ils disent, d’accord capitaine, merci et quelque soit mon grade à ce moment-là, lieutenant. Ils disaient, d’accord lieutenant. Et ils me répondaient de cette façon-là. Alors on était très proches. Et toute la nourriture qu’on recevait on la partageait équitablement. Les officiers n’en avaient pas plus que les simples soldats, les hommes n’en avaient pas plus que les officiers. A part s’ils connaissaient un sergent en particulier qui s’occupait du ravitaillement, ce qui arrivait souvent. Mais c’était tout, on était plutôt à égalité.
Bon, la première chose c’est, évidemment, je veux dire, de nombreux endroits ont une radio planquée qui a été fabriquée. Alors vous aviez quelques nouvelles, qu’il y avait une bombe atomique qui avait été larguée. On savait ça. Et ensuite on n’en savait pas beaucoup plus à ce sujet jusqu’à ce que la deuxième ait été larguée. Alors là on s’est dit, bon, la guerre va être bientôt terminée et on va être libérés. Mais il a fallu attendre des jours et des jours après ça, même si d’après les règles et tout, les japonais avaient capitulés par l’empereur. Mais on ne savait pas ça, et peut-être le commandant de notre camp. Les japonais n’étaient pas au courant eux non plus, alors il ne restait plus qu’à attendre jusqu’à ce que quelqu’un nous trouve ou alors qu’ils sachent où on était parce qu’on avait été emmenés au Changi Prison Camp à Singapour en bateau depuis Rangoon. Et on était en route au départ pour aller au Japon en tant qu’esclaves. Mais quand la guerre s’est terminée, à ce moment-là il leur fallait se débarrasser de nous parce que juste avant que la guerre se termine, les marines américains avaient pris Okinawa, alors il n’y avait pas moyen pour un bateau japonais de retourner dans son pays depuis Singapour.
Le commandant de ce camp prison avait été transféré à Hong Kong avant la fin de la guerre. Alors, un grand nombre des prisonniers qui avaient été dans cet endroit avaient été en prison depuis 1941. Et ils avaient été très mal traités, évidemment, les atrocités, etc. Alors c’était mon travail de prendre les déclarations sous serment des prisonniers quand la guerre s’est terminée, de recueillir les déclarations sous serment de ces gens qui avaient passé beaucoup, beaucoup d’années, là et faire en sorte que le gars à Hong Kong relâche l’autre commandant de Hong Kong où les canadiens étaient, qu’il allait être capturé à cause de ce qu’il avait fait à Singapour.
Alors moi et quelques hommes on est allés à Hong Kong en avion et on a pris avec nous les déclarations sous serment signées par le, une sorte d’avocat général, pour exposer au tribunal des affaires japonaises que ce commandant japonais, qui était arrivé à Hong Kong juste avant la fin de la guerre, allait être poursuivi en justice pour ce qu’il avait fait à Singapour. Et il a été poursuivi. Un grand nombre d’entre eux l’ont été, et mis en prison. D’autres ont été exécutés, ça dépendait de ce qu’ils avaient fait et des déclarations sous serment pour finir. Et voilà.