Project Mémoire

George Albert Robinson

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

George Robinson
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Certificat de démobilisation de George Robinson, délivré le 27 juin 1946.
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George Robinson (tout à gauche) avec sa famille à Gand en Belgique. Après avpoir libéré Gand et ses alentours en avril 1945, George Robinson et son unité ont eu cinq jours de permission. « Les gens nous ont pris et ont a été reçus avec la plus grande générosité and remerciements pour leur liberté ».
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Gand, Belgique, avril 1945. George Robinson a appris que des gens ont été torturés dans ces bâtiments. « Ce n'était pas une très belle vue ».
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Médailles de service de la Seconde Guerre Mondiale de George Robinson.
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Télégramme à l'attention de la mère de George Robinson, il l'informe que son fils a été blessé sur le terrain, avril 1945.
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(...) mon sergent est allé voir le major de sa compagnie et a dit qu’on devrait me recommander pour la médaille militaire. Et j’ai dit à mon sergent, j’ai dit, la médaille, ce n’est pas seulement pour moi (...)

J’ai été déplacé jusque dans le sud de l’Angleterre. J’ai passé quelques temps là-bas et tout à coup, on a reçu l’appel pour partir en France. Et c’était à peu près dix jours après le jour J (le débarquement des forces alliées en Normandie, le 6 juin 1944).

Quand on a marché sur cette plage, c’était quelque chose. De ma vie, je n’arrivais pas à croire que qui que ce soit ait pu aller de cette plage au rivage sans se faire blesser en quelque sorte. C’était la pire chose que j’aie jamais, que je ressentirai, à laquelle je ne pourrais pas penser. Je n’arriverai jamais à me débarrasser de cette pensée. C’était tellement, tellement horrible.

De là j’ai retrouvé le Highland Light Intantry (du Canada). J’ai été assigné au, voyons voir, j’ai été assigné au Highland Light Infantry ; et on m’a placé dans la compagnie C et je suis allé dans le peloton C. Bon, mon ami, un de mes amis soldat et moi-même, on creusait. On est arrivé à cet endroit et on nous a relégué dans différents secteurs. Et on creusait tous les deux dans ce champ et, vous n’allez pas le croire, on creusait à un endroit où il y avait des obus datant de 1914 (Première Guerre mondiale). On a creusé dans ces fossés, de 1914, je n’arrivais pas à y croire.

Ensuite on a envahi la poche de Falaise et on est arrivés là-bas, ils étaient tous partis, la plupart des Allemands étaient partis, mais c’était la pagaille là-bas. Il y avait des cadavres partout et il y avait des chevaux couchés ici et là. Pas vraiment joli à voir. On était, comme on était, je mangeais, j’avais un sandwich dans la main et puis un grand cheval gris est venu à ma rencontre et il se tenait à côté de moi, et je lui ai offert un morceau de mon sandwich et il l’a mangé. Et je n’ai pas pu me débarrasser de lui pendant deux jours. Où que j’aille il me suivait. C’était drôle.

Donc on est partis de cet endroit, on a commencé à descendre sur cette route et il y avait des chars et c’était là que… En tout cas, il est venu à côté de notre peloton. Il ne voulait pas s’en aller. J’ai essayé de le faire partir. Mais quoi qu’il en soit, il se trouve qu’on était sur la route et cette dame française sortit et il pleuvait, et on était mouillés. Et elle sortit et elle avait une bouteille de gnôle, du cognac. Non, du calvados (alcool de pomme), c’était du fait maison. Et en tout cas, quand elle s’est approchée, je lui ai dit, aimeriez-vous avoir le cheval, et elle a dit oui. Alors c’est comme ça que je me suis débarrassé du cheval. Une dizaine de minutes plus tard environ, on a commencé à avoir des vapeurs. C’était puissant son truc.

Vous avez entendu parler de celui qui se tire dans le pied. Bon, en fait, c’est ce que j’ai fait en nettoyant mon pistolet-mitrailleur un matin pendant que j’étais dans la tranchée, qui était plutôt petite. Ces sacrés pistolets n’étaient pas sans danger. Si vous appuyiez sur la détente par accident, ça tirait automatiquement. La police militaire est venue et on a eu une réunion ; ils m’ont posé plein de questions et tout ça. J’ai répondu à toutes les questions. Oui, mes gars là-bas dans mon bataillon, mon peloton, ils ont tous juré haut et fort que je n’étais pas, que je n’avais aucune raison d’essayer de m’éloigner de la ligne de front. Et mon caporal a parlé en ma faveur, et quand je suis arrivé dans cet endroit pour le, ils vous mettent en prison comme ça, j’ai eu droit à un certain nombre de réunions ; et finalement un lieutenant est venu de la compagnie et il a juré que je n’étais pas ce genre de personne. Je leur ai dit à ce moment-là, j’ai dit bon, vous pouvez me sortir de là tout de suite et me renvoyer dans ma compagnie, c’est là que je veux être, avec mes gars. Alors ça a réglé le problème en quelque sorte.

En tout cas, je suis retourné dans ma compagnie et ils m’avaient promus caporal adjoint à ce moment-là. Je ne le savais pas jusque-là. Et ça m’a fait vraiment plaisir parce que j’étais… Bon, je savais que je n’avais pas fait ça exprès parce que ce n’était pas mon genre.

On a eu des nouveaux qui sont arrivés, qui ont rejoint notre compagnie, et un des caporaux, il s’appelait Walt Reid, il était de Hamilton. Lui et moi on était comme deux frères. On a emmené ces gars dans les taillis pour leur apprendre à se servir de cette arme. Ils avaient les instructions. Bon, le gars qu’il avait n’a pas fait les choses correctement, et ce qu’il a fait de travers, c’était de tuer mon ami. Et à partir de là, c’était pour ainsi dire, ça a changé mon attitude envers les nouveaux qui arrivaient. Pas sérieusement, mais j’avais ça dans la tête.

À cet endroit particulier à Roosendaal (Pays Bas), on a capturé 18 ou 20 soldats allemands seulement dans cet endroit. Et puis un matin, à 3 heures du matin à peu près, j’ai décidé que ça suffisait comme ça, rester assis dans cette tranchée, alors j’ai dit à mes compagnons ce que j’allais faire. Alors j’ai pris une grenade et j’ai marché le long de cette tranchée. C’était boueux là-dedans et il fallait que je fasse très attention parce que les pieds ça fait du bruit. Je suis arrivé presque jusqu’à l’entrée de ce grand, vous savez un endroit très grand où les gars pouvaient aller à l’intérieur et se protéger de la pluie. J’ai enlevé la goupille de la grenade ; et j’ai couru, et je l’ai jetée dedans là où se trouvait le canon. C’était une grenade fumigène. Elle n’allait pas tuer qui que ce soit, mais ça les a embêtés c’est sûr. Et ils se sont tous précipités dehors, vous n’avez pas idée. J’ai à peine pu dégager de la route.

On a pris les bois en entier et ils se sont tous rendus ; et deux heures après ça environ, il y avait sur des kilomètres et des kilomètres des véhicules qui arrivaient d’Anvers remplis de ravitaillement. Et je veux insister là-dessus. Nous, et je ne veux pas me faire passer pour un grand soldat, mais je me suis senti désolé quand mon sergent est allé voir le major de sa compagnie et a dit qu’on devrait me recommander pour la médaille militaire. Et j’ai dit à mon sergent, j’ai dit, la médaille, ce n’est pas seulement pour moi, c’est pour neuf autres soldats. Et je n’en ai plus jamais entendu parler. Jamais entendu parler à nouveau, parce que c’était le plus, cette route c’était seulement le commencement, autant que je puisse en dire, c’était le début de la fin pour les allemands en Hollande.