Project Mémoire

George Alfred Dinger Bell

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

George Bell
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Descente du bateau de sauvetage, Pacifique sud, sur le chemin du retour vers le Canada. 1946.
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George Bell portant l'uniforme de la marine royale canadienne, 1944
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Photo de groupe de l'équipage du NCSM <em>Beacon Hill</em>, 1945
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Un matelot à coté d'un bateau de sauvetage endommagé par une tempête dans l'Atlantique, 1945.
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« C’est là qu’il y a eu l’émeute à Halifax, et c’est sans doute une bonne chose que nous ayons raté l’événement, car nous aurions eu des ennuis ! »
J’ai été placé dans les bureaux du Génie comme simple employé dans le bureau là-bas et j’y suis resté pendant un moment. C’était un bon travail, assis dans un bureau, tous les weekends de libre et tout le reste, mais pas de tours de garde, simplement être là. Mais comme j’étais jeune et bête, je voulais partir en mer, alors j’ai demandé une affectation et après quelques temps, on m’a envoyé sur le Strathadam qui était une frégate. Là-dessus, on est descendu par le Pacifique jusqu’au canal de Panama et c’était en temps de guerre. Alors traverser le canal, vous ne pouviez pas prendre de photos ou vous ne pouviez rien faire sur le pont qui… Vous pouviez regarder mais on ne voyait pas grand-chose. Puis on a remonté la côte est et on est allés à Halifax et là j’ai été transféré. J’avais quitté mon chouette boulot à Victoria et j’avais fait un mois en mer à peu près et je me retrouvais à nouveau à Halifax, au NCSM Peregrine là-bas. Et de là, j’ai été affecté au Charny. Et c’était un vieux bateau qui marchait au charbon et avait été construit en 1914. C’était une machine à charbon, avait deux chaudières et chacune d’elles avait deux foyers. Alors on travaillait à deux à chaque quart, et le gars avec qui je travaillais, il pesait exactement 45 kilos de plus que moi. Je devais faire dans les 55 kilos et il en faisait 100. Mais c’était un travail dur et très sale. Les feux, à chaque quart vous deviez les nettoyer, ce qui veut dire qu’il vous fallait casser le mâchefer et récupérer les cendres et les jeter sur le sol à vos pieds, et puis verser de l’eau dessus pour les refroidir et toute la vapeur et toutes les cendres vous remontaient au visage. Et puis quand vous étiez en mer, on avait une machine là-dessus qui les pompait et les envoyait par-dessus bord. Mais ça marchait bien si la mer n’étais pas trop démontée. Et si vous étiez dans le port, vous ne pouviez pas vous servir de ça parce que le moteur mélangeait le truc sur les cendres et le truc sur le sol du port, alors vous deviez en faire des tas sur le pont et les jeter par-dessus bord la fois suivante où vous étiez en mer. Et pendant que j’étais sur ce bateau, il y a eu le jour de la Victoire en Europe et on était dans le port d’Halifax, le matin où ça a été annoncé, mais le capitaine, il ne voulait pas rester à terre en tout cas, il nous a emmenés et a jeté l’ancre en dehors de Halifax quelque part. Et on nous a offert une tournée de rhum, juste une petite goutte en plus pour tout le monde. Et mêmes pour nous les jeunots qui n’avaient pas l’âge. Après qu’on soit rentrés, c’est quand ils ont eu les émeutes à Halifax, alors c’était sans doute une bonne chose qu’on n’ait pas été sur place, on aurait eu des ennuis je suppose. Mais quand on est revenus, on a vu une partie des dégâts et tout ce qui s’était passé dans le centre ville, et les marins n’étaient pas très populaires à Halifax après ça. Et après ça, je suis descendu du Medicine Hat, suis retourné à Halifax et on m’a transféré sur le Beacon Hill et il était de Victoria, son nom venait du parc à Victoria. C’était une frégate et elle était sur le chemin du retour et partait d’Halifax juste avant Noël, donc on était en mer pour Noël. On pouvait apercevoir la Jamaïque dans le lointain mais ils ne pouvaient pas s’arrêter pour Noël, on devait encore rester en mer. Mais alors on a croisé une grosse tempête au sud de ça et la mer était très agitée et ça a détruit le canot de sauvetage, ça a fait un énorme trou sur le côté, du coup on avait un canot en moins. Et dans le Pacifique, on est tombé sur toutes sortes de choses. Il y avait un banc de poissons volants qu’on a contournés ou plutôt on est passé au milieu, et ces machins font dans les 20 à 25 cm de long et ils ont des ailes et ils planent. Et ils planent juste là devant et ils atterrissent sur le pont, qui est à deux mètres cinquante au dessus de l’eau, alors ils pouvaient monter assez haut. Pendant qu’on était là-bas, quelqu’un a décidé qu’il nous fallait du poisson frais pour le repas, alors ils se sont dits qu’il pouvaient utiliser une grenade sous-marine et la secousse a tué plein de poissons, alors ils ont mis une chaloupe à la mer et ont tourné autour et ont choisi les meilleurs poissons et on a eu du poisson frais pour le dîner. On est remontés jusqu’à Victoria et puis à Naden et c’est là que j’ai été rendu à la vie civile le 11 février 1946.