George Ens a servi pendant la Deuxième Guerre mondiale. Pour le témoignage complet de M. Ens, veuillez consulter en bas.
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Transcription
J’ai aimé ce qu’on faisait à l’armée à cause du challenge que ça représentait en ce qui concerne la formation et l’apprentissage. Simplement en ayant été élevé dans une ferme, c’était tout naturel pour moi d’être intéressé par toute la machinerie, alors bien-sûr, les mitrailleuses et les mortiers et les chars et tout ce qui s’en suit, c’est un domaine qui m’intéressait vraiment.
L’armée avait un système, évidemment, où on s’occupait de chaque formation spécialisée dans un lieu différent. Par exemple, Camp Borden est le premier endroit où j’ai suivi l’entraînement de base et ensuite la formation avancée qui est purement militaire. Mais ils avaient aussi un corps de chars là-bas et un autre d’intendance militaire, alors comme ça, il y avait plein de choses intéressantes à explorer. Comme je l’ai dit précédemment, j’ai fini par suivre les deux entraînements, de base et avancé, au centre de formation de tir de mitrailleuse A11, c’est la où on faisait l’entraînement spécialisé avec le mortier 4,2 et les mitrailleuses Vickers.
Il y a des gens qui ne me croient pas, mais c’est là aussi où j’ai eu ma première expérience des gaz. J’ai eu deux, deux séances dans une chambre à gaz, comme ça on savait ce que ça faisait de se faire gazer. Et si on ne veut pas me croire, j’ai encore mon livret de solde où sont inscrits les jours où j’ai, les moments que j’ai passés dans les chambres à gaz. Il y avait un entraînement sur la guerre des gaz.
C’était un gaz moutarde ordinaire. C’était une sorte de, une expérience peut-être un peu effrayante, mais je, personnellement, je sentais que les gens qui nous entraînaient savaient ce qu’ils faisaient, ils n’allaient pas me laisser mourir là. Donc on était dans un baraquement, où les exercices avec les gaz se sont passés. Ils nous faisaient courir tout autour du baraquement dans ce bâtiment comme ça on devait inspirer profondément, bien respirer, et puis ils ouvraient, ils avaient un générateur au milieu de la pièce, et ils le branchaient et ils vous faisaient marcher dans le bâtiment pendant qu’ils faisaient sortir le gaz. Evidemment ensuite ils chronométraient les minutes prévues, je ne me souviens pas exactement combien. Et ensuite ils nous faisait mettre nos masques à gaz, et continuer à marcher tout autour encore un peu, à l’intérieur du bâtiment. Certaines personnes avaient la nausée, ça les rendaient malade et ils vomissaient. Une partie de l’entraînement consistait à vous apprendre à retenir votre respiration aussi longtemps que possible, et puis vous enleviez votre vomis du masque et vous remettiez le masque après.
Mais je leur ai joué un drôle de tour. Quand je faisais les exercices pour être sûr que je respirais profondément, je n’ai pas respiré profondément au contraire j’avais une respiration superficielle. Alors comme ça, quand j’ai remis mon masque à gaz, ça ne m’a pas rendu malade. Ouais, c’était un peu sournois le coup que je leur ai fait. Je n’ai pas suivi les ordres, mais quoiqu’il en soit, j’ai survécu sans être malade, parce il n’y a rien que je déteste plus que de vomir.
Donc après avoir fait les entraînements, élémentaire et avancé, je suis allé m’entraîner sur les mortiers 4,2. Les mortiers 4,2, on est allé dans un camp au nord de Camp Borden et on faisait feu avec ces mortiers sur le lac à Medford. On nous entraînait à savoir comment régler son tir et on faisait de la pratique sur cible et ainsi de suite. Tout ça faisait partie de la formation au tir de mortier 4,2. Après avoir terminé ça, j’ai eu mon livret de solde visé par le lieutenant officier de l’instruction avec qui j’avais suivi la formation de mortier. Et aussi au même moment, on était là-haut à Medford, qui se trouvait à 45 ou 55 kilomètres à peu près au nord de Camp Borden. On a aussi reçu une formation pour se servir du PIAT, le lance-bombes antichars d’infanterie là-bas. On tirait sur, ces PIAT, sur les chars pour indiquer les dégâts qu’on ferait en faisant sauter les chenilles du char et ainsi de suite. Bien-sûr, c’était juste des chars factices, des chars d’entraînement. Il n’y avait personne dedans, mais ça faisait partie de notre entraînement.
Et puis aussi, là-haut dans cette région, dans la région de Medford, la zone d’entraînement avec des munitions réelles, c’était à peu près, je pense que ça faisait 400 mètres de long, couvert sur à peu près 400 mètres ou plus, où on devait ramper sur le ventre. Et pendant ce temps, les mitrailleuses faisaient feu au dessus de nos têtes. Encore une fois, je savais qu’ils ne voulaient pas nous éliminer, mais ça faisait drôlement de l’effet de ramper tout le long et d’entendre les balles de ces mitrailleuses Vickers 303 passer en sifflant au dessus de nos têtes. Mais quand vous regardiez devant, c’est un champ de tir qui avait été utilisé pendant au moins quatre ou cinq ans ou plus, si vous regardiez en avant, vous pouviez voir que les arbres étaient tous ratiboisés à une hauteur de 1mètre 20 de la souche. Alors vous saviez qu’il y avait eu pas mal de tirs dans le coin.
Après avoir fini tout mon entraînement à Camp Borden et les formations à la mitrailleuse et au PIAT, et aux gaz et tout ça, ensuite on m’a envoyé à Woodstock en Ontario pour ma formation de chauffeur. J’ai suivi une formation de chauffeur/opérateur radio. Donc du moment où j’ai reçu mon diplôme à Woodstock, après on m’a envoyé à Kingston, à la caserne Vimy à Kingston. Et la caserne Vimy c’est là où on vous enseignait la radio. Entre temps la guerre en Europe commençait à tirer à sa fin et ils n’avaient pas besoin, les contingents envoyés outre-mer étaient moins nombreux tout à coup. Je me souviens de quand j’étais à Camp Borden, le dernier contingent du camp voisin, le camp attenant à notre centre de tir de mitrailleuse c’était l’infanterie, et le dernier contingent outre-mer, je les voyais marcher au pas pour ça. C’était le contingent qui est parti outre-mer, il venait de A10 dans le camp voisin, à Camp Borden. Donc, voilà comment j’ai été à deux doigts d’être envoyé outre-mer.