Project Mémoire

George Evans

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

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Photographie contemporaine de George Evans.
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Convoi provenant d'Halifax et allant en Grande-Bretagne, 1941.
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SS Einvik, torpillé le 5 septembre 1941.
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Extrait du journal de bord du navire SS Peter de Hoogh.
George Evans
j’ai entendu un gros bruit. Quelque chose avait heurté le côté du navire. Un soldat criait, ‘’Torpille à bâbord ! Torpille à bâbord !
Nous sommes partis en mer. La rumeur courait en ville que des U-boats attendaient les navires au large mais je n’y ai pas porté attention, vous savez. Je nous croyais sain et sauf. Le lendemain il a plu, il a fait tempête, on n’a pas pu garder nos positions et on a perdu le convoi de vue. Le lendemain matin, le 5 septembre 1941, vers 03:30 je m’apprêtais à me coucher – j’avais ma propre ma cabine au milieu du navire - et tout à coup, j’ai entendu un gros bruit. Quelque chose avait heurté le côté du navire. Un soldat criait, ‘’Torpille à bâbord ! Torpille à bâbord ! Tout est arrivé si vite et j’étais confus. Alors, je suis tombé sur le pont. Un soldat m’a aidé à bord d’un bateau de sauvetage. J’étais censé être dans le bateau du capitaine. Et, j’ai fait l’erreur de commencer à m’inquiéter de mon propre sort et de ma propre survie. On est resté environ neuf jours à bord du bateau de sauvetage. Il y avait un groupe de pêcheurs sortis des îles Westman en Islande. Ils ont aperçu notre bateau. Ils ont hissé le drapeau norvégien à la poupe. Ils sont venus nous donner du café, du thé et de quoi manger. Ils nous ont remorqués aux îles Westman. Lorsque nous sommes rentrés à Londres, l’officier de navire britannique ne voulait pas que je monte à bord d’un navire étranger. Il croyait que les équipages devaient s’occuper de leurs propres navires. Le capitaine côtier, un néerlandais, disait qu’il ne pouvait pas naviguer sans équipage. Nous étions à court d’un sapeur pompier. J’avais l’expérience requise et il y avait un autre gars qui était pompier aussi. Enfin, ils m’ont accordé la permission de partir à bord un navire étranger, un navire néerlandais, le SS Pieter de Hoogh, un navire flambant neuf. J’ai vu ses canons et les munitions et je me suis dis, ‘’Mon Dieu ! Dans quoi on s’embarque !’’ Vous savez ? Le même soir, en jasant avec les copains au pub local, ils m’ont dit qu’on s’en allait en Russie. Je ne savais pas qu’on partait pour la Russie. Mais, je me foutais de la destination. En autant que j’étais affecté à un navire, c’est tout ce qui m’importait. Quand est venu le temps du départ, le 27 mars, on est allé à Loch Ewe. Nous avons posé l’ancre en attente du convoi et ensuite on est parti vers l’Islande. D’Islande à Mourmansk. On a quitté l’Islande le 21 ou le 22 mai 1942. On a participé à un combat de six jours. Je suis tombé à tribord…on ne voyait pas les avions venir, vous savez, on entend leurs vrombissements mais ensuite, avec le soleil derrière les pilotes, on ne les voyait pas. Et, on tirait sans voir la cible, on tirait dans le vide mais vers les sons qu’on entendait, vous savez. Il n’y avait pas de noirceur, c’était la lumière du jour perpétuelle. Nous étions escortés par des battlecruisers et des destroyers. Les battlecruisers ne s’aventuraient pas passé le North Cape, ils rebroussaient chemin. Nous n’avions pas d’aéroporteurs, vous savez. Ils tenaient à garder tous leurs battlecruisers. Lorsque ceux-ci rebroussaient chemin, c’était l’enfer. De temps en temps, des bombardiers allemands nous arrivaient en piqué et leurs vrombissements nous rendaient fous, vous savez. Oui, ces avions torpilleurs, on pouvait les observer sur le pont à l’aide de jumelles. On les voyait arriver et le capitaine ordonnait des manœuvres évasives afin d’éviter les torpilles. On repositionnait le navire à 30 ou 40 degrés ou plus pour les éviter. Au total, on a perdu sept navires ; six ont été torpillés par des avions bombardiers et un a été coulé par un U-boat. Deux ou trois ont été endommagés. Une fois, on était à un ou deux jours de Mourmansk en mer avec un bateau ennemi. On est rentré et on a jeté l’ancre. Les Allemands étaient à seulement 30 miles de nous. Ils avaient une base en Finlande. Chaque fois, on finissait la garde et on revenait, vous savez. Deux ans sur le même navire. Parfois on organisait un nouvel équipage, vous savez, et on nous demandait, ‘’Est-ce que tu y retournes ?’’. Et, je regardais vers le bas et répondais, ‘’C’est chez-moi, je vais y retourner. Je n’avais pas le choix. Pendant quatre ans, je ne suis jamais retourné à la maison.