Project Mémoire

George H. F. Red McLean

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

George H.F. McLean
George H.F. McLean
Équipage britannique en Tunisie, Afrique du Nord. George McLean est le premier à gauche dans le rang du haut.
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Photo de l'unique L.C.I canadien à atterrir sur Omaha Beach, Normandie, France. George McLean et son équipage transportaient des membres de l'hôpital américain depuis l'Angleterre jusqu'en France, 1944..
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Convoi entrant au détroit de Gibraltar, un lieu connu pour avoir beaucoup de U-Boats allemands.
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Les tireurs de l'armée britannique se préparant pour supporter la 5ème unité Texas pendant le débarquement à Salerne, Italie.
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George McLean, novembre 2006.
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Nous avons été le seul navire canadien à débarquer à Omaha le Jour J. »

Quand je me suis engagé, j’avais 16 ans. Je suis allé à la réserve navale NCSM Discovery qui est à Stanley Park [Vancouver]. Après trois semaines d’entraînement de base, ils nous ont envoyés à Esquimalt. C’était la NCSM Naden. Et ils donnaient des cours là-bas et c’était un jour comme aujourd’hui, le soleil brillait et on était dans une salle de classe à apprendre tout ce qui concerne les moteurs. C’était assez rasoir. Et ce commandant est entré dans notre salle et a dit qu’ils avaient besoin de cinq volontaires pour aller avec la marine britannique dans la Méditerranée pour travailler sur des opérations multinationales, une sorte d’unité de commando. Alors j’ai levé la main et l’instant d’après, je suis à Toronto dans un cours.

Et de Toronto, on est allé à Détroit, à la base navale américaine, et on a pris d’autres cours de mécanique pendant les trois mois qui ont suivi. Et puis quand on a fini, chacun d’entre nous, on était une trentaine, a été envoyé pour prendre un bateau sur la côte Est des Etats-Unis. J’ai pris mon navire de débarquement à Orange dans le New Jersey. On a embarqué du ravitaillement à Brooklyn, New York et puis on est descendus à Norfolk en Virginie. A Norfolk, on a formé un convoi et on est parti vers l’Afrique.

Je parlais au capitaine et il m’a dit qu’ils allaient m’envoyer dans une autre base à Oran [Algérie] en Afrique du Nord pour prendre la place d’un mécanicien qui avait été tué. Et j’ai dit : « Et bien c’est bon pour moi. » Le lendemain matin, cette magnifique vedette de sauvetage de l’armée de l’air, un des plus beaux bateaux que vous ayez jamais vu, tout recouvert, fabriqué entièrement en chêne et il avait des moteurs puissants, il est venu se placer le long, m’a pris à bord et en l’espace de deux heures, on était à Oran en Afrique du Nord et là-bas il y avait le gros navire hollandais, ils étaient juste en train d’enlever les canots de sauvetage et de mettre des engins d’assaut sur les bossoirs à la place des canots de sauvetage. Et c’était eux qui allaient devenir l’équipage d’invasion qui faisait débarquer les troupes sur les plages d’Italie.

Et on est entrés dans le port de Salerne, qui est en Italie du sud, le ciel était complètement illuminé avec le feu des canons, tous les bateaux tiraient sur les allemands, il y avait entre une douzaine et une quinzaine d’avions qui survolaient l’endroit parce qu’on avait 300 bateaux environ à ce moment-là. Alors les allemands essayaient de réduire nos chances. Donc on a jeté l’ancre dans le port cette nuit-là et on attendait les instructions par radio parce que quand vous participez à une invasion, vous y allez un par un, vous n’y allez pas tous en même temps. Et on attendait les instructions pour que nos équipages y aillent et un avion allemand est arrivé, il était juste au-dessus de là où je me tenais. J’attendais pour envoyer un des chalands de débarquement. Et il a largué une bombe de 250 kilos, qui est tombée à côté de notre bateau. Ils nous ont manqué d’une soixantaine de centimètres. On avait encore 1150 soldats américains à bord qui allaient débarquer. On avait sans doute 500 marins britanniques qui faisaient partie du groupe de débarquement. On avait environ 400 cuisiniers et chefs et des stewards qui venaient d’Indonésie. Donc on avait environ 3000 personnes à bord. Si cette bombe nous avait touché, on aurait sauté immédiatement parce que, vous savez, on avait encore toutes les munitions qui étaient entreposées en bas, en attendant d’être envoyées à terre.

C’était un petit peu effrayant parce que quand la bombe est arrivée tout près, ça a soulevé notre bateau hors de l’eau et ça m’a projeté sur le pont. Alors bien-sûr, ça vous secoue pour ainsi dire, vous vous relevez et vous pensez, bon, qu’est-ce qui s’est passé, est-ce qu’ils nous ont touché ? Mais cet avion était si près, je pouvais voir les contours du pilote.

Finalement, la guerre changeait et on avait tous nos navires de débarquement un peu partout à travers l’Afrique. Alors on a reçu l’ordre de rassembler toutes nos forces d’invasion et de les transporter en Grande Bretagne pour préparer la Normandie. Alors la marine canadienne était la force canadienne qui a emmené les canadiens en Normandie. Quand ça a été notre tour, on a reçu une requête de l’armée pour, il y a une plage canadienne, une anglaise et deux plages américaines. Omaha était la plage américaine et ça avait été terrible pour eux. Alors on nous a demandé d’amener une unité mobile hospitalière plus douze infirmières et docteurs et de les faire débarquer à Omaha. On a été le seul et unique bateau canadien à débarquer à Omaha le jour J. Notre capitaine, qui était un gentleman, il a pensé, bon, vous savez, il ne voulait pas que les infirmières avancent avec de l’eau jusqu’à la ceinture, alors il a donné l’ordre en avant toutes.

Alors on a touché terre à une certaine vitesse et en fait, on a fait exactement ce qu’il voulait. On a fait débarquer tout le monde à pied sec, et en remontant vous jetez ce qui s’appelle une petite ancre à jet. Ce genre d’ancre mord dans le sable et ensuite quand vous êtes prêt à sortir, vous tournez la manivelle et ça vous tire hors de la plage . Bon, ce qui s’est passé ici, comme il y avait eu tellement de bombes qui étaient tombées, le sable était juste comme du porridge. Et on attendait que l’ancre remonte et tout à coup, l’ancre est apparue mais il n’y a pas eu moyen de partir de la plage. Alors on a dû passer la nuit assis sur Omaha Beach avec les allemands au-dessus dans les collines. Et c’était un petit peu excitant, mais pas quelque chose qu’on attendrait avec impatience.

C’était pas de chance parce que les troupes sont arrivées avant nous et c’est pourquoi on amenait des infirmières pour s’occuper des blessés. Alors au moment où on est arrivé là-bas, les allemands avaient été repoussés dans les collines, et c’était plutôt une surprise parce qu’on est restés sur la, toute la nuit sur la plage et on s’est levés le matin, il y avait un caporal américain tout seul avec une cinquantaine de prisonniers allemands juste à côté de notre bateau. Il les avait capturés, pour les faire descendre et ils allaient être renvoyer en Angleterre dans un camp de prisonniers de guerre.

Mais la partie intéressante c’était que la majeure partie de cette cinquantaine de gars c’était des gamins de 14 ou 15 ans. Ils étaient terribles, des vrais fanatiques. C’était eux qui avaient pris une centaine de prisonniers canadiens et qui les avaient tous assassinés. Vous savez, ils ont pris 100 prisonniers canadiens en camion et ils les ont exécutés à la mitrailleuse. Alors ça, ce groupe de gamins c’étaient des malades, mais c’était la manière dont Hitler les entraînait.