Project Mémoire

George H. St. Cyr

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

George H. St. Cyr
George H. St. Cyr
Etudiants radiotélégraphistes du Corps Blindé Canadien (CAC) au Camp Borden en Ontario, le 9 septembre 1943. George St. Cyr est le troisième à gauche, première rangée.
George H. St. Cyr
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George St. Cyr peu de temps après son enrôlement dans le Corps Blindé Canadien (CAC) en 1943.
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George St. Cyr (troisième à gauche, devant le véhicule blindé Staghound et des camarades du 12th Manitoba Dragoons (18ème Régiment Blindé) posant à l'Hôtel de Ville de Leeuwarden aux Pays-Bas peu de temps après avoir participé à la liberation de la ville le 16 avril 1945.
George H. St. Cyr
L'Institut Historica-Dominion
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M. George St. Cyr à Milton, Ontario, le 8 décembre 2010.
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George H. St. Cyr
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Ces médaillesont appartenu au commandant du camp de concentration d'Esterwegen (Basse-Saxe, Allemagne). Le troupier George St. Cyr du 12th Manitoba Dragoon (le 18ème régiment blindé) les a prises le 21 avril 1945.
George H. St. Cyr
Et l’artillerie a ouvert le feu sur eux et je leur communiquais les coordonnées, pour qu’il puisse ajuster leurs tirs, mais ces gars étaient plutôt malins. Ils ont regardé alentours et j’étais au seul endroit où… au seul endroit duquel quelqu’un pouvait observer.

Je travaillais à Fairchild Aircraft. Ça se trouvait sur la rive sud, en face de Montréal. Et on aurait dit que tous les deux jours ; quelqu’un venait pour me serrer la main et dire qu’ils partaient. Et certains allaient dans l’armée de l’air, certains dans l’armée de terre et d’autres branches de l’armée. Et ils avaient tous de bonnes raisons pour partir. Ils étaient tous enthousiastes. On était jeunes à cette époque, encore un adolescent à ce moment-là. Et je suppose qu’après quelques temps, je me suis dit, bon, je ferai bien d’y aller aussi.

J’étais toujours intéressé par la mécanique et je suppose que les chars ça m’excitait ; et j’ai décidé de faire quelque chose là-dedans. Alors je suis entré dans le corps des blindés. Donc je me suis retrouvé avec les (12ème) Dragons du Manitoba (18ème régiment de véhicules blindés sur roues). Et juste après, ils nous font monter sur un remorqueur. Je suppose que c’était un remorqueur qui allait dans l’océan ; il était plutôt grand. Je ne me souviens pas combien on était là-dessus. Et puis on est partis pour la France là-dedans.

Alors c’était un petit peu excitant parce que quand on s’est approché du rivage, on pouvait entendre les canons tirer. C’est là que j’ai commencé à réaliser, c’est pour de vrai. Et puis ils nous ont mis dans, parce qu’on faisait partie des renforts, ils nous ont mis dans ce petit camp ; c’était juste sur la côte. Ce camion est venu dans le camp et un gars a crié mon nom et a dit, on t’a demandé. Et puis on a conduit jusqu’à ce qu’on retrouve le régiment ; et j’ai remplacé le gars qui avait eu un accident. En tant qu’artilleur, tout ce que j’avais à l’intérieur de la tourelle, on était cinq dans le véhicule. Il y avait le chauffeur, le co-chauffeur et l’artilleur et le chargeur, et le chef de char c’était l’officier de notre troupe. Douze personnes dans la troupe. Mais en tant qu’artilleur, c’était le boulot le plus fatigant, je pense, parce qu’on n’avait qu’un strapontin comme siège. Il ne faisait pas plus de 25 centimètres de diamètre. Ça nous permettait de mettre la tête en bas de la lunette, alors on regardait à travers, et vous savez on ne pouvait pas se détendre. Vous ne pouviez pas s’appuyer sur quoi que ce soit ; vous ne pouviez pas, comme les mécanismes du canon étaient en bas sur ma droite et les munitions tout autour à l’intérieur de la tourelle. Alors ça vous donnait pas mal de choses à penser et alors, on était en reconnaissance la plupart du temps.

Tous les douze, les deux Staghound (véhicules blindés) et un véhicule de reconnaissance. Le véhicule de reconnaissance prenait la tête en général et notre travail c’était d’aller découvrir où les allemands se trouvaient. Parfois ils n’aimaient pas ça. Souvent on nous envoyait en mission de d’observation avancée. Cette fois-là en particulier, je devais observer une partie du front et j’étais dans une meule de foin. La meule de foin était montée au-dessus d’une remise à machines. Je ne sais pas si vous connaissez la manière dont ils procèdent là-bas. Ils avaient une remise et ils avaient quatre autres poteaux et un bout de toit, et ils enfournaient la paille là-dedans. Et j’étais là-dedans. Et j’avais une paire de jumelles et j’observais et puis tout à coup j’ai vu toute une file de canons autotractés qui passait à travers mon front. Alors j’ai pris le téléphone de campagne que j’avais là-bas, et j’ai fait passer l’info à l’infanterie, pas l’infanterie, l’artillerie. Et l’artillerie a ouvert le feu sur eux et je leur communiquais les coordonnées, pour qu’il puisse ajuster leurs tirs, mais ces gars étaient plutôt malins. Ils ont regardé alentours et j’étais au seul endroit où… au seul endroit duquel quelqu’un pouvait observer. Alors il y avait cette meule de foin et puis il y avait une maison du fermier derrière.

Alors ils ont décidé qu’ils feraient mieux de se débarrasser de moi et tout à coup, ils ont ouvert le feu avec leurs mitrailleuses en premier. Ils passaient à travers le foin et la maison derrière moi avait un toit en tuiles ; et j’ai entendu ce drôle de bruit. Alors j’ai regardé derrière moi et toutes ces tuiles sont en train d’exploser en mille morceaux derrière moi. Alors j’ai pensé, il vaudrait mieux que je fiche le camp d’ici, et ils avaient une échelle. Je pense que j’étais à 5 mètres de hauteur à peu près. Donc j’ai loupé le premier échelon, évidemment, j’étais plutôt nerveux. Et je me suis figuré, le seul moyen de m’en sortir vivant c’est d’aller dans cette maison. Alors pendant que je prenais cette grande décision au pied de l’échelle, ils ont décidé d’ouvrir le feu avec leur artillerie qui venait de ces canons autotractés. Mais les obus atterrissent autour de moi désormais et je suis arrivé à la maison, et les portes étaient toutes fermées à clef, alors ça ne m’a pas arrêté bien longtemps. J’ai plongé à travers une fenêtre.

Et quand je suis entré, j’ai traversé en glissant sur le sol et devant moi il y avait une porte. Elle était ouverte et c’était une porte pour aller au sous-sol. Et je pense qu’il y avait 60, 90 centimètres d’eau dans le sous-sol, mais je me suis assis sur la dernière marche. Et ces gars s’y sont mis pour faire sauter la maison. Mais ils ont mitraillé et mitraillé, jusqu’à ce qu’elle soit complètement par terre. Alors je suis juste resté là jusqu’à ce qu’il n’y ait plus un bruit et je me suis dit, ces gars sont autotractés, ils ne vont pas faire le piquet devant la porte trop longtemps.

Donc en tout cas, ils sont finalement, je pense, ils sont partis et j’ai pensé que c’était sans danger pour sortir, alors je me suis frayé un chemin à travers tous ces morceaux de bois et ces tasseaux et ainsi de suite, et je suis sorti de là. J’ai eu de la chance d’en sortir. J’avais peur d’être piégé là-dedans, mais j’ai réussi à me frayer un chemin à travers tout ce bois. Je suis sorti sur la route. Il ne se passait plus rien à ce moment-là, tout était clair. Il fait noir, noir ; au fait, c’était la nuit maintenant. Il fallait que je retrouve les autres onze gars de notre troupe de douze et je les ai retrouvés à un kilomètre et demi en bas de la route à peu près.

Date de l'entrevue: 8 décembre 2010