Project Mémoire

George Ufnal

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

George Ufnal
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George Ufnal au Canada Club à Florence, Italie, pendant le temps de récréation, en juin 1944.
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Certificat de Premiers Secours remis à George Unfnal, le 27 janvier 1941.
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Livret de paie de George Ufnal, 28 août 1945.
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George Ufnal, 1940. Cette image a été faite en 10 000 exemplaires de cartes postales qui ont été vendues à la cantine de l'hôpital Shirley Paris.
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Et puis le lendemain matin on a vu toutes les fermes autour, des tomates mûres, on n’en avait pas vu depuis des années, depuis deux ans.
Je n’étais pas un soldat de première ligne mais le premier jour, le jour où on est arrivés, c’était le 12 juillet je crois, parce qu’on était sur l’île Etna (Etna Island) [NDT : L’Etna est un volcan situé à l’est de la Sicile qui est une île au sud-ouest de l’Italie], l’île qui était bombardée en permanence, sur la Méditerranée. C’était le pire où ils se sont faits bombardés, 10 fois par jour ils se faisaient bombarder. On est resté là pendant une journée et puis on est allé dans le port de Syracuse. Et on avait un écran de fumée et c’était la première fois qu’ils nous bombardaient. Les avions venaient d’un aéroport à une vingtaine de kilomètres de là environ et ils nous bombardaient. Et vous pouviez entendre les bombes et il y avait de la fumée partout. Et finalement on a quitté le bateau, quitté le gros bateau et on est monté sur un de ces bateaux à flotteurs. Et on est entré dans le port. On est arrivé sur la terre ferme et ensuite on a marché et ils ont perdu leur chemin, alors on a passé la nuit là, juste là où on était dans un grand champ. Dans le champ il y avait, première fois qu’on a eu des cantaloups, des melons. Tout le truc rien que des melons mûrs à point. Et puis le lendemain matin on a vu toutes les fermes autour, des tomates mûres, on n’en avait pas vu depuis des années, depuis deux ans. Des citronniers, des orangers, du raisin. Et le nuit suivante je crois ou deux nuits après, on s’est faits bombardés. Bon, les allemands sont venus et ils ont tout éclairé, vous savez, des fusées éclairantes, bien haut dans le ciel, on pouvait voir, on pouvait pratiquement lire sur le sol, ils bombardaient. Et puis on se levait généralement à 4 heures du matin à cause de nos parachutistes qui sautaient. Et puis on regardait –ils nous donnaient des comprimés, de la quinine, pour ne pas attraper la malaria. Et tout s’arrêtait à 2 heures de l’après-midi ou à 1 heure, et pendant deux heures, personne ne tirait le moindre coup de feu. Mais il y avait –on était toujours à quelques kilomètres des lignes de front, autant que je me souvienne, quelquefois c’était un peu plus loin mais la plupart du temps, c’était tout près. Et ensuite on est monté sur la côte. Après la Sicile, on est monté de l’autre côté sur la côte de, ça devrait être la côte est de l’Italie, en haut, et il y a eu différents endroits où on s’est arrêtés, j’ai oublié certains d’entre eux. Et puis à Noël, juste avant Noël, c’est là que c’est allé jusqu’à Ortona. Je ne me souviens plus très bien de ça. C’est comme toutes ces choses que vous oubliez et que vous ne retrouvez jamais. Et ensuite on est arrivés à Ortona, montés à Ortona et notre base était à cinq kilomètres à peu près au sud de la ligne principale, là où ils se battaient, mais on a dû monter, au dessus de l’autre côté, pour aller chercher des blessés cette nuit-là. Mais on n’y est pas arrivé parce que le pont n’était pas en service et la nuit commençait à tomber, on y a passé à peu près 6 heures, juste sur le, il y avait plus, ils nous lançaient des obus de mortiers. Et on est montés en jeep. Mais avant de traverser, on a eu, il a commencé à, je dirais à 7 heures de soir, il faisait déjà sombre et on a traversé, le pont Bailey était en place et on est montés jusqu’aux lignes de front, là où les chars étaient en train de brûler, il y en avait deux qui brûlaient, et c’est là que les troupes se sont arrêtées pour la nuit. Et la zone neutre était là, et les allemands étaient je dirais à 200 mètres environ à ce moment là. Ils n’étaient pas loin. Et on a récupéré un paquet de blessés et on les a emmenés à l’arrière, on les a emmenés au poste de secours. Et après ça, je ne suis pas remonté, on n’est pas remonté à nouveau, l’autre côté de la rivière, on était stationnés en bas. Et quand ils sont descendus à la base, on a dû les monter de là jusqu’à San Marino je crois que c’était, c’est là où était l’hôpital. Et l’unité principale de notre unité était basée là en bas près de l’eau. Et quand vous pouviez faire quelques pas, vous pouviez regarder au loin et on voyait Ortona de l’autre côté de la rivière. C’était à cinq ou six kilomètres, en passant par la rivière. Et ensuite on est restés là jusqu’à ce que ce soit terminé, jusqu’après Noël. Et on a eu le réveillon de Noël là. On était revenus, on avait tout fermé là-bas et puis on était retournés à notre camp, le camp principal. Et il était dévasté à cause des bombardements, la totalité… C’était, tout le monde était en rangs pour le souper ou dîner, j’ai oublié lequel, et les allemands ont commencé à les pilonner, là où ils avaient leurs tentes, des toutes petites mini-tentes et des trucs comme ça où ils vivaient. Mais pas une des, personne n’avait été blessé je crois. Mais ils sont tous allés, se réfugier à toute vitesse dans ces maisons et c’était comme ça.