Project Mémoire

Georges Joseph Charrier (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Georges Charrier
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Georges Charrier pendant sa permission à la plage, Sydney, Nouvelle Écosse, 1939.
Georges Charrier
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Georges Charrier sur le HMCS Ottawa, 1942.
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Équipage du HMCS Quinte, avril 1942.
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Georges Charrier a passé presque 2 ans sur le HMCS Ottawa, 1939.
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Portrait de Georges Charrier en uniforme, 1940.
Georges Charrier
On ne réussissait pas toujours à protéger les convois au complet parce qu'il y avait beaucoup de sous-marins. Plus la guerre avançait, plus il y avait des sous-marins.

Transcription

Je croyais que je m'en allais pour huit ans. Alors tout le monde a dit, Adieu Georges! Mais on ne savait pas non plus ce qui allait arriver avec une guerre. Mais je n'étais pas inquiet, je participe. Je suis arrivé le lendemain matin [de l’enrôlement], le 5 [juin, 1938] et puis on nous a installé, on était plusieurs. La marine avait commencé à meubler son effectif et puis ils ont engagé, je crois qu'on était une soixantaine, environ soixante qui étaient nouvellement engagés. Ils m'ont envoyé sur un bateau, un destroyer, le premier c'était le [HMCS] Skeena. Mais c'était temporaire parce qu'ils cherchaient les endroits où nous placer, ce n'était pas certain. Il y avait une certaine fébrilité parce qu'ils savaient que la guerre s'en venait, et puis après ça sur le [HMCS] Saguenay. Je n'étais que seulement à peu près un mois sur le Skeena, puis j'étais au Saguenay. Sur le Saguenay, pour moi ils savaient qu'il y avait une guerre, parce qu’enfin le roi et la reine sont venus au Canada, George VI. On est allé les rencontrer à mi-chemin, au centre de l'Atlantique puis on les a amenés à New York, à New York au World’s Fair en 1939, avant la guerre. Par la suite, on est retourné rencontrer les bateaux français qui transportaient l'or, le gold bullion (l’or en barre), qu'ils envoyaient de Londres à la France aux États-Unis pour l'avoir à Fort Knox [United States Bullion Depository]. On escortait les bateaux jusqu'aux États-Unis. On les a rencontrés à mi-chemin, les Français. On est allé porter ça avec - la guerre arrivait, alors ils envoyaient l'or en sécurité. Et par la suite, c'était la guerre. On a transporté des soldats sur la côte de Labrador pour protéger les côtes et éviter que les sous-marins viennent s'installer à terre. Par la suite, ils se sont organisés pour faire escorter les convois. C'est ça qu'on a fait, escorter les convois qui transportaient la marchandise à l'armement vers l'Europe. J'ai fait, c'est ça la bataille de l'Atlantique, quoi. J'ai commencé sur le Saguenay mais pas longtemps puisque ils réorganisaient encore l'effectif, ils avaient des problèmes avec l'effectif. Ils n'avaient pas assez de monde. Il fallait avoir du monde avec un peu d'expérience, certaines connaissances, ce que j'avais. Et puis j'étais transféré sur le Ottawa, le HMCS Ottawa. C'était un bateau anglais qui avait été en service dans l'océan Indien avec la marine britannique. On a réussi à couler un sous-marin, c'était un sous-marin italien. Alors nos réserves, on a ramassé les survivants, plusieurs survivants. Mais on a fait ça souvent d'ailleurs, quand les bateaux étaient coulés en mer ou il y avait des bateaux on ne réussissait pas toujours à [protéger] les convois au complet parce qu'il y avait beaucoup de sous-marins. Plus la guerre avançait, plus il y avait des sous-marins. Et puis on perdait des bateaux, parce qu'on n'était pas assez nombreux pour le protéger. Et on ne pouvait pas aller assez vite parce que le convoi ne pouvait pas aller plus vite que le plus lent des convois. Les vieux bateaux pouvaient aller à sept, huit nœuds de l'heure, tandis qu'on pouvait faire 35 nœuds à l'heure. Finalement, on a eu un accident [le 7 décembre, 1941]. La brume, la glace. Un convoi avec une centaine de bateaux probablement. On n'y voyait rien. Il y a un cargo qui nous a accroché, qui nous a frappé, une collision. Ça a coupé l'arrière du bateau, le [HMCS] Windflower. On a perdu nos bombes de profondeur, ça n'a pas sauté que je sache. Plus tard, il y a eu une explosion mais je crois que c'est les bouilloires qui ont sauté. On a perdu 26 hommes. Je ne vous raconterai pas toute l'histoire de cette chose là, je ne pense pas. Il y a déjà un rapport qui a été écrit, c'est à Ottawa. Il y a eu une enquête à Terre-Neuve Et c'est un des mes anciens capitaines qui faisait l'enquête, Capitaine Mainguy. Toute l'histoire est déjà écrite, tout ce qui s'est produit, tout ce qui est arrivé. Après cette chose là, le bateau qui nous a frappé, j'oublie le nom là, j'ai les détails, j’ai ça en note note, ils sont venus nous prendre, nous saisir, ramasser nos survivants. Ce sont eux qui m'ont ramassé moi aussi. Ils nous ont ramené à Terre Neuve, à Saint-Jean, Terre Neuve. On est revenus à Terre-Neuve, on a eu notre examen médical, rapide, sommaire. J'étais assez bien. J'ai eu froid parce qu'on était à peu près une heure ou deux dans l'eau glacée. Mais il était temps qu'ils nous ramassent parce qu'on commençait à s'en aller avec le froid. Après l'examen, ils nous ont donné des uniformes neufs parce qu'on n'avait plus nos vêtements et on est parti en vacances. Ils nous ont lâchés en vacances pour trente jours. Je suis retourné à la maison pour les trente jours. Quand je suis arrivé à Montréal, il y avait des reporters qui nous attendaient, il y a eu beaucoup de journalistes.