Project Mémoire

Gerald James

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

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Notification de prisonnier de guerre, le 13 avril 1945.
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Gerald James photographié dans son uniforme de combat, après sa libération par les Américains du camp de prisonniers de guerre en Allemagne, en avril 1945.
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Gerald James, le 31 octobre 2009.
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Ordre de service pour un service du jour d'Action de Grâce pour la 6ème division aérienne britannique à Wismar, Allemagne, le 6 mai 1945.
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C’est donc 38 planeurs qui ne sont pas arrivés à destination pour différentes raisons, décollage avorté, ennuis mécaniques, câbles de remorque brisés, désintégration dans l’atmosphère, ce genre de choses.

Quand je me suis porté volontaire, j’ai demandé à me joindre au régiment des parachutistes. Mais à l’époque, on ne pouvait y entrer directement parce que ce régiment n’avait tout simplement pas d’installations de formation. Il fallait donc se joindre à l’armée, intégrer une unité de service et, à partir de cette unité, demander à faire partie du régiment des parachutistes. Mais quand je me suis enrôlé, je me suis retrouvé au sein du Corps blindé royal et toute ma formation s’est faite sur des chars, des Cromwell au début, avant d’intégrer une unité de service. Et de là, j’ai demandé à me joindre à une unité aéroportée, et il s’est trouvé que c’était le 6e Régiment blindé de reconnaissance aéroportée.

Cette unité transportait des chars par planeurs, et j’espérais apprendre à conduire un char, mais on m’a plutôt envoyé dans un escadron de soutien qu’on venait de créer et qui comprenait quatre mortiers de trois pouces et quatre mitrailleuses de dimensions moyennes. On m’a affecté à la troupe des mortiers, auxquels je ne connaissais rien. Car c’est ainsi que fonctionne l’armée. Sitôt après, ils se sont rééquipés en mortiers de 4,2 pouces, et c’est à ce poste que j’ai fait tout mon service actif dans l’unité de reconnaissance.

Eh bien, au départ, les Forces britannique utilisaient deux types de planeurs. Le Hamilcar [Mark I], un gros planeur pouvant transporter des chars et 17 canons antichar pounder, des chenillettes porte-Bren et ce genre de choses. L’autre planeur était un [Airspeed A S 51] Horsa, soit essentiellement un transporteur de troupes dans lequel pouvaient prendre place jusqu’à 28 soldats d’infanterie, sans compter une Jeep et six canons antichar pounder. À l’origine, ils avaient un planeur Mark I Horsa difficile à charger à cause de sa porte latérale. Mais ils l’ont remplacé par un Mark II Horsa, dont le nez s’ouvrait et par lequel on faisant entrer un véhicule ou des équipements.

On avait eu l’idée d’utiliser un planeur parce qu’il pouvait transporter tout un groupe d’homme et les conduire en un même lieu, tout comme pour les équipements. Une fois, ils ont tenté de larguer du matériel du haut des airs, mais le problème était que ce matériel touchait le sol en pièces détachées et qu’il fallait ensuite tout rassembler, et c’était une lourde tâche. Bref, le planeur a servi à ce largage. Je me souviens que c’était le jour de mon 19e anniversaire, le 24 mars, et que cette opération qu’on avait baptisée Varsity, si ma mémoire est bonne, avait nécessité environ 440 planeurs. Je crois qu’environ 402 d’entre eux se sont effectivement posés sur différents sites d’atterrissage de la région du Rhin, près de Wesel, à proximité d’un village appelé Hamminkeln [Allemagne]. C’est donc 38 planeurs qui ne sont pas arrivés à destination pour différentes raisons, décollage avorté, ennuis mécaniques, câbles de remorque brisés, désintégration dans l’atmosphère, ce genre de choses.

Quoi qu’il en soit, un peu plus de 400 planeurs se sont posés en différents endroits. La région était d’ailleurs divisée en sites d’atterrissage pour les planeurs et en zones de largage pour les parachutistes. Notre site à nous était le site P, je crois, et près d’une centaine de planeurs y ont atterri en très peu de temps. Je crois que tous les atterrissages étaient prévus entre 10 et 11 heures le matin, mais malheureusement, la 513e Infanterie de parachutistes américaine a débordé de sa zone de largage pour se retrouver sur notre site. Si bien que nos planeurs ont atterri au milieu de ces parachutistes. Or il y a souvent une certaine désorganisation lors d’un atterrissage aéroporté, car on envoie un planeur qui doit évidemment atterrir à un certain endroit, mais cet endroit peut être déjà occupé par d’autres planeurs ou différents obstacles, de sorte qu’il se posera où il le peut et parfois loin de sa cible. Il faut alors rassembler tout le monde et tout réorganiser au sol. C’est parfois très long, mais si on atterrit au milieu de troupes ennemies, on se retrouve évidemment tout de suite au cœur de l’action.

Bien entendu, l’ennemi se met alors à tirer pour tenter d’abattre le planeur. Et si vous êtes un parachutiste, ils vous viseront avant que vous ne touchiez le sol. Je n’étais qu’un homme parmi les quelque 20 000 de cette opération. De toute la guerre, c’était la plus importante opération aéroportée à se dérouler en une journée parce qu’elle larguait simultanément des hommes de la 17e Division aéroportée américaine et de la 6e Division aéroportée britannique. Près de 20 000 hommes à la fois, donc. Mais on nous avait donné un point de rassemblement auquel se rendre pour nous retrouver sous le commandement de l’artillerie, même si nous ne faisions pas partie de cette unité. Et nous avons aussitôt installé les mortiers pour être prêts à tirer. Bien entendu, avec un mortier, on est un peu derrière les troupes de première ligne et la plupart du temps, on ne peut voir notre cible parce qu’il y a devant vous un point d’observation qui vous indique les cibles à viser. Alors vous restez derrière à viser et à tirer selon ces indications, et c’est tout ce qu’on peut faire.