Project Mémoire

Gerard Haché

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Gérard Haché
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Photo montrant l'entraînement de base du peloton dans lequel se trouva M. Haché à Edmunston (Nouveau-Brunswick) en janvier 1944. M. Haché se trouve sur la première rangée, quatrième à partir de la gauche.
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Photo de M. Haché prise à Woodstock en Ontario alors qu'il suivait un cours de conducteur de camion. Mars 1944.
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M. Haché se trouvant alors chez son amie de coeur devenue par la suite son épouse. Hiver 1943-1944.
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Il finissait toujours en disant : « ici René Lévesque qui vous parle directement du champ de bataille. » C'était René Lévesque qui était journaliste. C'était impressionnant d'entendre une voix française d'Europe qui nous parlait de la guerre.
Moi j'ai commencé à travailler très jeune. À quatorze ans j'étais chauffeur de « boiler » (chaudière) dans un moulin à vapeur. J'avais quatorze ans. J'ai commencé à travailler à quatorze ans et j'ai travaillé soixante ans au cours de ma vie. Soixante ans, de cinq à six jours par semaine. Avant la guerre c'était ça. Après ça, à dix-sept ans, je suis allé travailler à Sorel au Québec, dans les constructions de navire de guerre. La compagnie m'a envoyé prendre un cours de soudure électrique. J'ai fait de la soudure électrique dans la construction de navire de guerre jusqu'à la fin des années (19)43 lorsque j'ai été dans l'armée. Moi j'avais quatorze ans dans le temps. Ça ne me disait pas grand-chose la guerre, mais ça commençait a nous effrayé un peu. On entendait parler de la guerre. Dans les années (19)40, on avait un petit radio et puis on suivait les nouvelles de guerre. On suivait les nouvelles, la nuit. Moi j'avais peut-être une quinzaine d'années. On veillait jusqu'à minuit pour avoir des nouvelles, des nouvelles sur les ondes courtes comme on appelait dans ce temps là. Moi ce qui m'intéressait, il y avait un journaliste dans les années (19)41 à peu près. Il donnait les rapports de guerre à peu près à minuit à tous les soirs. Je me souviens de ça parce que ça m'impressionnait un peu. Il finissait toujours en disant : « ici René Lévesque qui vous parle directement du champ de bataille. » C'était René Lévesque qui était journaliste. C'était impressionnant d'entendre une voix française d'Europe qui nous parlait de la guerre. C'était assez difficile parce que moi j'ai… Ils m'ont envoyé dans une compagnie anglaise à Fredericton (Nouveau-Brunswick). Il n'y avait personne qui parlait français dans le groupe et moi je ne parlais pas tellement anglais n'ont plus. J'ai trouvé ça dur après avoir fait cinq-six semaines. J'ai demandé à l'Army Examiner (l’administration militaire) de me faire transférer dans une unité française. Donc ils m'ont transféré à Edmundston (Nouveau-Brunswick) où j'ai fini de faire mon entraînement de base, qui s'appelle le basic training. Quand j'ai été transféré à Edmundston tout était français, tous les officiers étaient français. C'était plus facile. Mon officier c'était Raphaël Azi. Il y a quelqu'un qui a écrit un livre il y a quelques années à propos. Il venait de la Bulgarie, je pense. C'est lui qui était mon lieutenant. Un très bon homme. Un homme qu'on a beaucoup apprécié. Grand cœur, un homme qui avait beaucoup de…de... Il demandait beaucoup, mais il donnait beaucoup. Il nous disait : « Mieux qu'on sera entrainé, le plus facile on passera au travers. » Durant ce temps-là ils m'ont retourné de nouveau en Nouvelle-Écosse à Debert. J'ai continué à travailler sur le transport des troupes et puis au mois de mai la grande surprise, on a su que la guerre finissait. Après ça on a été transféré le matin du 8 mai (1945) à Halifax parce qu'il y avait une émeute à Halifax. Les marins avaient eu un congé de tous les bateaux qui étaient dans le hall (port) de Halifax. Ils ont défoncé les commissions de liqueurs et les bijouteries. C'était le gros party. Ils nous ont envoyés à Halifax comme gardiens de la paix probablement. Nous sommes descendus à Halifax. Arrivé là dans la journée, le calme était revenu. La rue principale, toutes les vitrines étaient cassées. Ils avaient fait un massacre terrible. Quand ils sont débarqués des bateaux, quand ils ont eu la permission de débarquer des bateaux, ils ont commencé à fêter. Tu commences à prendre un coup, tu commences à... Ils ont été à la commission des liqueurs. Après qu'ils ont défoncé les commissions de liqueurs, le fun a commencé. On était armé nous autres, on allait là et puis on était protégé. C'était quand même désolant de voir les magasins et tout ça.