Project Mémoire

Gordon Claude Gordie Waters

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Gordon Waters
Gordon Waters
Médailles de Gordon Waters (de gauche à droite): Médaille de la Défense; Médaille du Service des Volontaires Canadiens; Médaille de la Victoire; Médaille du Jubilé de la Reine.
Gordon Waters
À la guerre comme à la guerre. On attaque ou on se fait attaquer.
Et j’ai travaillé à la base de la force aérienne de Moncton, que j’ai quittée pour me joindre à l’armée. Plus jeune, j’avais été dans les cadets, et c’était un bon entraînement. En fait, j’étais heureux d’être passé par là, et même d’avoir été chez les scouts, car c’est une excellente école. Je savais déjà marcher au pas et faire plein de choses. Bref, j’aimais la vie militaire. Ce n’est pas le cas tout le monde, mais j’ai bien aimé mon expérience chez les cadets. Oui, c’était super. Comme je l’ai dit, la première chose qu’on faisait, c’était les tests M, comme on les appelait. Des tests de mémoire, en fait, qu’on étudiait et tout. Nous savions beaucoup de choses mais nous ne pouvions rien dire. Encore aujourd’hui, je ne dis jamais un mot. Ma femme se fâchait contre moi, après la guerre, parce que je ne voulais rien révéler de ce qui s’était passé. Mais tout était là, dans ma tête. On apprend simplement à se taire et à prêter l’oreille. Voilà le secret de toute l’histoire. Je suis allé partout en Angleterre et ailleurs, puis je me suis rendu en Allemagne quand ce pays a capitulé. Nous y sommes restés un certain temps et je suis rentré en Angleterre, avant de revenir chez moi. Quand on voit à la télévision des images de tremblement de terre, eh bien, voilà à quoi ressemblait l’Allemagne. On m’avait envoyé outre-mer à une heure d’avis. Alors imaginez, tout préparer en moins d’une heure ! Je me suis précipité pour embarquer à temps sur le RMS Queen Elizabeth, qui partait de Halifax. Mon officier de compagnie m’avait appelé depuis notre quartier général de Saint-Jean [Nouveau-Brunswick]. « Je pars outre-mer, vous m’accompagnez ? », m’a-t-il demandé. « Oui, chef », lui ai-je répondu. Et j’ai renoncé aux trois gallons ou quelque (rires). Du même coup, je me suis porté volontaire pour l’Allemagne. Et j’aurais fait de même pour la Guerre de Corée, mais je m’étais marié entre-temps et ma femme ne voulait rien entendre. Je m’étais marié outre-mer avec une Irlandaise. Et oui, j’ai beaucoup appris à force de prendre des risques. À la guerre comme à la guerre. On attaque ou on se fait attaquer. Et peu importe la langue des uns et des autres. On se fiche de la langue du type qui se trouve à vos côtés, car il pourrait vous sauver la vie ou vous pourriez sauver la sienne. C’était ma façon de voir les choses. Il y a des jours atroces et des jours meilleurs, comme pour tout le monde et pour toutes choses. Mais tout compte fait, c’était une bonne expérience.