« Mais j’ai trouvé ça affolant jusqu’à ce que j’arrive en Corée et là, voir ce pauvre pays dévasté, bombardé, incendié, soufflé, c’était absolument stupéfiant pour un jeune homme de voir tout ça. »
Pour le témoignage complet de M. Harrison, veuillez consulter en bas.
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Transcription
On a passé encore un ou deux jours au large de Yokohama [Japon] et on est entré dans le port de Yokohama. On a tous débarqué. Les Américains sont partis quelque part. On nous a transportés en camion jusqu’à la gare ferroviaire locale tout près et on a pris un train de nuit pour aller dans une ville qui s’appelait Hiro [Japon]. C’était à une certaine distance de Tokyo [Japon] au sud-ouest, sur une autre île du Japon. Et on nous a installés dans un groupe là-bas, appelé le Groupe canadien de renforts n° 25 où on a passé une semaine à peu près, ou deux semaines à nous faire endoctriner encore un peu plus avant qu’on nous assigne l’endroit où on devait se rendre.
Au fond, comment on est arrivés au Japon en tout cas, et ensuite du Japon, on était tout un groupe, une trentaine et on nous a envoyés en Corée. Et nous a affectés, on allait être emmenés en Corée. Ils nous ont fait prendre par une canonnière britannique au large de Kure au Japon. Or, je n’y connais pas grand-chose dans les navires de la marine, mais quand ils nous ont emmenés à Kure, et qu’on a vu le navire, il ressemblait plus ou moins soit à une corvette ou un bâtiment de la taille d’un destroyer. Et quand on est monté sur le navire, les gens qui devaient nous emmener ont prévenu que le voyage allait prendre toute la nuit. Et aussi que ça promettait d’être un voyage difficile parce que ce navire en particulier ne résistait pas bien au mauvais temps. Et il semblait bien qu’il allait faire mauvais. Et c’est ce qui s’est produit.
Alors on a passé la nuit à bord et au matin ils nous ont emmenés au port de Pusan [Corée] à bord d’un bâtiment de débarquement et quand on est arrivés à Pusan, je crois qu’on y a passé plusieurs heures et ils nous ont donné à manger et ainsi de suite, et puis on est montés dans un train tout brinquebalant qui n’avait pas de sièges. Il fallait s’asseoir par terre à cause des tireurs isolés embusqués le long de la voie ferrée dans toute la péninsule.
Donc on était tout simplement assis par terre dans ce train, huit ou neuf cents soldats, et on a passé, c’est un peu flou, mais je crois que ça nous a pris une bonne journée pour aller à Séoul en Corée où on est descendus du train et on est restés là pour la nuit. On a juste campé dehors et le lendemain après le petit-déjeuner on nous a fait monter dans des camions pour aller rejoindre nos unités dans le nord de la Corée.
Donc, j’ai fait le voyage en camion avec ce groupe avec qui j’étais, on était tous dans le transport, Corps [royal] de l’intendance [de l’armée canadienne], transport et administration, et on allait dans la 23e [compagnie] de transport et au quartier général de la [25e] brigade [canadienne d’infanterie].
Je vais vous dire, j’étais un gamin de 19 ans qui n’avait jamais rien de plus terrible que l’incendie de la maison de ses voisins à Ottawa, et qui pensait que c’était catastrophique – simplement toute, du moment où je suis descendu du navire à Yokohama le choc culturel a été absolument incroyable. Tellement de gens, toute cette activité partout, partout où on allait. Mais j’ai trouvé ça affolant jusqu’à ce que j’arrive en Corée et là, voir ce pauvre pays dévasté, bombardé, incendié, soufflé, c’était absolument stupéfiant pour un jeune homme de voir tout ça. Et quand on est arrivés, on a seulement eu un petit aperçu de la Corée quand on était dans le train parce que, comme je l’ai mentionné, il fallait qu’on reste assis par terre. Ils étaient inquiets à cause des tireurs embusqués tout le long de la voie ferrée. Mais quand on a atteint la périphérie de Séoul et qu’on est arrivés dans une partie qui était plus développée et construite, tout était bombardé ou incendié. C’était absolument accablant. Je veux dire, c’était complètement surréel en fait de voir tout cela.
Ils ont demandé des volontaires une fois, au moment de Noël. Il était de notoriété publique depuis plusieurs années qu’à certaines occasions comme le jour de l’Action de grâce, Noël ou le Nouvel An, les soldats chinois se faufilaient au travers des lignes alliées et laissaient des petits cadeaux, par exemple des cigarettes ou des fume-cigarettes en plastique et des cartes postales qui, j’en ai vu un certain nombre. C’était des cartes avec un dessin humoristique, un gars bien gras qui se prélassait sur une plage en Floride et la carte disait dans un anglais approximatif : « Pendant que vous êtes ici dans toute cette mélasse, c’est là que sont vos patrons. » Vous savez, ce genre de choses, ils essayaient de nous casser le moral, mais au fond ça nous faisait bien rire.
Alors les officiers supérieurs ont décidé qu’on devrait essayer de voir si on ne pouvait pas capturer quelques-uns de ces gars qui traversaient les lignes. C’était, je crois que c’était le soir de Noël. Et ils ont demandé des volontaires alors je me suis proposé et on nous a mis en groupes de deux hommes et il y avait, je crois, huit groupes de deux.
Et on nous a emmenés, juste après la tombée de la nuit le soir de Noël, jusqu’à, chaque groupe de deux hommes à un poste d’observation avancé différent, et ce qu’on nous a, on nous avait donné une caisse de bière, un plateau de sandwiches et un gros poste de radio et l’idée c’était d’aller là-bas et de faire beaucoup de bruit pour faire croire qu’on faisait la fête et essayer d’attirer l’attention de quelques-uns de ces soldats chinois qui étaient peut-être dans le coin pour traverser la ligne. Et de s’emparer de quelques-uns d’entre eux si possible, de les ramener pour qu’ils puissent être questionnés ou interrogés.
Alors on a fait ça et avec l’autre gars, un autre caporal originaire de Winnipeg [Manitoba], on a passé la nuit là-haut, et on est simplement restés vigilants, en surveillant les soldats chinois et nord-coréens et on en a bien vu quelques-uns, et on leur faisait des grands signes en criant, on essayait de les attirer pour qu’ils traversent. Et ils faisaient des signes et criaient, en essayant de nous faire traverser. Voilà, ce n’est pas aller plus loin que ça. Et à environ 4 h 30 du matin, je crois, avant le lever du jour, on nous a ramenés des postes d’observation avancés.