Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Nous sommes allés sur les lignes, je crois que c’était en janvier, et nous étions rattachés à la British27th Brigade [27th British Commonwealth Brigade]. Il y avait deux bataillons britanniques, un bataillon australien, notre bataillon canadien [2e Bataillon du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry] et l’artillerie de campagne néo-zélandaise. Nous sommes allés sur les lignes et nous avons fait face à plusieurs actions en chemin, jusqu’à la mi-avril, lorsque nous avons pu sortir des lignes pour la première fois et nous reposer. Les actions que nous avons eues étaient assez intenses. La première, je crois, la Compagnie Baker [Companie B] a eu quelques ennuis là-bas, et nous avons dû leur envoyer des munitions sous les tirs parce qu’ils étaient coincés et avaient subi plusieurs pertes, quatre ou cinq morts et 10 ou 15 blessés. Nous avons dû ramener les blessés après la tombée de la nuit en raison des tirs.
Ensuite, environ deux semaines plus tard, la Compagnie Dog [Compagnie D] a eu une bataille très difficile, où ils ont perdu huit ou dix hommes, et 30 blessés. Ils ont dû retirer la compagnie de là, il n’y avait plus assez de soldats. Je crois qu’ils ont été relevés par la Compagnie B qui est montée le lendemain matin et qui a pris le contrôle de la colline. Alors c’était notre premier mois, et c’était bien avant Kapyong [la bataille de Kapyong, du 22 au 25 avril 1951].
C’était environ la troisième semaine d’avril, et nous avons enfin pu nous reposer, et nous étions sortis depuis un jour seulement environ lorsque la 6e division d’infanterie de la Corée du Sud [Armée de la République de Corée] a pris le relais. Et ils ont été attaqués par une grosse offensive chinoise et ont été assiégés et dispersés. Alors notre brigade a été envoyée d’urgence à cette petite jonction à Kapyong, et on nous a dit que nous devions la défendre afin que toutes les unités qui étaient au-devant, ainsi que ce qui restait de la division coréenne, puissent battre en retraite par là. Et évidemment, si les unités à l’est et à l’ouest de cette jonction venaient à tomber, les Chinois pourraient passer par là et se placer derrière eux. Alors il était primordial que nous tenions notre position.
À Miryang, quand j’étais dans l’armée de réserve, tous les sous-officiers… Chaque unité devait désigner quelqu’un pour les renseignements. J’ai donc suivi le cours de renseignements pour mon unité, et lorsqu’ils cherchaient quelqu’un en Corée, un des gars avec qui j’avais suivi le cours de sous-officier a mentionné mon nom à l’officier du renseignement, et il m’a demandé de me présenter à la section des renseignements. Alors à Miryang, je me suis retrouvé dans la section des renseignements, et j’y suis resté le reste du temps.
À Kapyong, hé bien évidemment, tout le monde avait un travail à faire. J’avais un Browning de calibre.30 [mitrailleuse américaine semi-lourde BrowningM1919] et le lieutenant des renseignements, le sergent, et moi, nous étions un détachement de mitrailleuse. Et lorsque nous avions du temps libre, et que je n’étais pas trop occupé, nous devions noter tous les appels, je veux dire noter tous les appels au quartier général du bataillon, alors quand nous n’étions pas occupés, quand nous n’étions pas sous attaque ou quoi que ce soit, l’un de nous était censé s’assoir avec l’opérateur radio du bataillon et nous avions des écouteurs et un bloc-notes et nous étions supposés noter les messages, autant que possible, pour le journal de guerre. C’était l’une des tâches de la section des renseignements.
Et durant la bataille de Kapyong, l’opérateur radio avec qui je travaillais a été blessé par un tireur d’élite, je crois. Il est tombé. Parce que là où nous étions assis, nous étions exposés. Il était installé sur quelques boites de munitions alors nous devions être assis, nous n’étions pas dans une tranchée. Mais bref, il a été blessé. Vous entendez l’étrange claquement d’un fusil. Et il s’est tourné vers moi et a dit: « Je saigne ! » Il était un peu surpris, et il était sous le choc. Alors nous avons dû trouver un autre opérateur radio. J’étais capable d’opérer la radio. J’avais été avec les Reserve Signals, de 1942 à 1944 j’étais avec les Reserve Signals. Alors j’avais été formé pour le radio19 [radioémetteur et récepteur mobile Wireless Set No19] de toute façon.
En général, ils savaient qu’il y avait de nombreuses forces chinoises, et j’imagine qu’ils pouvaient en quelque sorte anticiper qu’il se passerait quelque chose tôt ou tard. Et ils avaient la réserve, comme la American First Cavalry Division, qui était en réserve à Séoul. Après trois jours, ils pouvaient venir nous aider à organiser une retraite, ainsi de suite. Ils ouvraient la route et couvraient notre retraite. Mais vous savez, on ne peut pas spéculer sur le jour exact ou rien du genre. On ne le sait pas.
Oui, nous recevions des munitions du Corps, et nous recevions des bulletins du Corps et ils nous avisaient: « Nous avons détecté cette armée de terre, et cette autre armée de terre dans la région, et ainsi de suite, et il semblerait qu’il y a une accumulation, et jugez par vous-même ». C’est à peu près tout.
Comme nous avions été coupés d’approvisionnements pendant environ un jour, parce que les Chinois s’étaient placés derrière nous et avaient coupé la route, ils ont fait un largage aérien d’approvisionnements. Nous avions été pas mal occupés au cours des quelques nuits précédentes, nous n’avions pas dormi, alors durant la journée, nous pouvions sortir de la tranchée s’il n’y avait pas trop d’activité. Le lieutenant et un autre gars voulaient creuser la tranchée un peu plus profondément. Alors j’ai dû sortir de la tranchée. Et je dormais sur le bord, et j’avais enlevé ma veste et l’avais placée sur un petit buisson pour me cacher du soleil. Sans que je le sache, le lieutenant et le sergent étaient partis en patrouille, et ils ne m’ont pas réveillé. Et l’une des palettes de rations est tombée, elles étaient très lourdes. Et elles sont tombées avec un énorme fracas à environ 12 pieds de moi. Si elle m’était tombée dessus, j’aurais été écrasé comme une crêpe. Il y avait d’autres gars autour et j’ai dit: « Pourquoi vous ne m’avez pas réveillé ? » Ils ont répondu: « On croyait que tu étais mort, pourquoi diable essaierait-on de te réveiller ? » Alors je suis passé très près de me faire tuer par les rations C.