On a eu très peu d’entraînement en 1939. Je me suis engagé le 14 septembre et je suis parti à Woodstock dans le Nouveau Brunswick. Et c’est là qu’on est restés jusqu’au 17 décembre – ou plutôt le 10 décembre – et puis on est partis de là pour aller outre-mer. J’ai été transféré dans le 5ème régiment de campagne dû au fait que mon frère y était allé en 1942. Il s’était engagé dans l’artillerie et était allé en Angleterre, et étant plus âgé, d’une année, il avait la possibilité de faire une demande pour que je rejoigne son régiment comme j’étais son frère cadet. Donc, c’est ce qu’il a fait.
On était à Juno Beach, le débarquement à Juno Beach en 1944. Comme ça pour moi, je n’ai rien vu du tout, j’ai débarqué sur la, sur la côte de, en France dans le véhicule et je ne pouvais rien voir parce que les fenêtres étaient tellement sales que vous ne pouviez rien voir de toute façon. Et je n’ai pas, je n’ai pas eu le temps de voir ce qui se passait jusqu’à ce qu’on ait finalement traversé, presque fini de traverser la ville appelée Caen.
Je recevais mes ordres du poste d’observation aérien (AOP), on avait un poste d’observation aérien. Bon, de petits avions, de temps à autres, ils venaient pour chercher où les allemands étaient et ils renvoyaient l’information par radio et me disaient exactement où ils étaient et je donnais mon rapport au sergent et il positionnait ça sur la planche de calculs, l’endroit où la défense allemande était. Et puis on faisait descendre la force de frappe l’endroit en question.
J’étais là-bas à la, à la fête de la libération (de la Hollande) qu’ils ont eu, pour le 65ème anniversaire. J’ai rendu visite à la petite fille que j’avais nourri en 1944, une petite fille hollandaise et elle se présentait au mess à chaque fois qu’on nous appelait pour venir chercher notre nourriture. Elle venait près de moi et elle tirait sur la jambe de mon pantalon et mendiait de la nourriture, ce que je lui donnais – autant que je pouvais lui en donner. On n’était pas censés nourrir les hollandais mais je ne crois pas qu’un seul canadien ait refusé à aucun d’entre eux. Alors c’est resté pendant 45 ans dans ma tête jusqu’à ce que je rencontre un gars hollandais ici juste là en dessous de la maison qu’on occupe en ce moment, en bas au lac, il rentrait chez lui pour voir sa mère et je lui est dit, Peter, la visite, chez toi ça ne va pas prendre tellement parce que la Hollande ce n’est pas très grand. Il a répondu, non. Alors j’ai dit, j’ai la photo d’une petite fille dans un tiroir de la commode que j’ai depuis la guerre et j’ai dit, je n’ai que le prénom, je ne connais pas le nom de famille. Parce que sa mère ne le mettait jamais sur les photos.
Mais pendant qu’on était en Hollande, on était dans des abris et enterrés dans le sol en ce qui concerne le poste de commande, mais cette fois là, à la position de pièces, on avait eu le droit d’occuper leur maison parce qu’elles étaient creusées dans le sol. Et en faisant ça, tout le temps cette petite fille elle sortait tous les jours à l’heure où on nous appelait pour venir chercher nos rations. Elle sortait et tirait sur la jambe de mon pantalon et je l’ai nourrie à chaque fois. Ensuite, quand Peter est allé là-bas voir sa mère, il est revenu et il a dit, je l’ai trouvée. Et il y avait 45 ans qui s’étaient écoulés. Donc il l’a trouvée et depuis lors, j’y suis retourné trois fois, c’était la troisième fois il y a tout juste un mois. Et avec ma femme on y est allés les deux premières fois, on a rencontré la famille, elle était mariée et avait sa propre famille et on a bien entendu apprécié leur hospitalité, qui était au delà de ce qu’on peut imaginer. On n’avait rien à faire, elle s’est pliée en quatre pour nous et nous aider et il n’était pas question qu’on fasse quoi que ce soit. Alors ça c’est le genre d’hospitalité dont les hollandais gratifient les canadiens qui étaient les libérateurs de leur pays.