Project Mémoire

Helen Rapp Villeneuve

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Helen Rapp
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Certificat de qualification en commerce, 1946.
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Certificat de qualification d'Helen Rapp à la Direction de Signaux à Ottawa, Ontario, 1944.
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Certificat permettant à Helen Rapp de porter la broche de service de guerre, 1946.
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Helen Rapp à Ottawa, Ontario, 1944.
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Helen Rapp à Ottawa, Ontario, 1944.
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La guerre progressait et les pertes humaines augmentaient. Le Service des trois services pour femmes avait été formé en 1941 avec beaucoup de réticence. Ils ne l’ont fait qu’à cause des pertes subies parce que beaucoup, beaucoup de femmes ont demandé avec insistance au gouvernement pourquoi on ne faisait pas appel à leurs services, parce que outre-mer cela se faisait. Et donc, finalement en 1941, ils l’ont fait. J’avais travaillé. Je venais du nord de l’Ontario. Mon frère aîné s’était enrôlé en 1940 et cette année-là, j’avais terminé mon cours de commerce à l’école secondaire, un cours de trois ans et il était venu chercher des gens pour prendre des cours. Je me suis enrôlée. C’est comme ça que je me suis retrouvée à Hamilton à l’usine GE [General Electric] où ils fabriquaient des canons Bofors [arme anti-aérienne]. J’avais un grand tour et je fabriquais un des canons. C’était vraiment passionnant. Je sentais que j’étais vraiment utile. En fait, c’était incroyable de rencontrer là-bas des gens qui venaient de tout le pays, de St. Albert et de Terre-Neuve. Ils venaient à Ottawa ou ils venaient pour travailler dans les usines et c’est comme ça en fait que j’ai rencontré cinq filles de St. Albert en C.-B. et qu’on est devenues amies à Hamilton. J’en ai eu assez de travailler à l’usine quand j’ai vu que je pouvais entrer au Service. Mon deuxième frère, en fait j’avais trois frères, l’aîné est celui qui s’était enrôlé en 1940; le second ne pouvait pas à cause de problèmes de santé et le plus jeune, qui n’avait que deux ans de plus que moi n’était pas là à cette époque parce qu’il travaillait pour McIntyre Mine au Labrador. En tout cas, j’ai décidé que j’en avais assez de travailler à l’usine, je voulais entrer au Service et voir ce qui allait se passer. Donc je suis allée à Toronto et je suis entrée au Service. On était environ 30 à se retrouver dans le cours de bureau d’administration. On avait toutes un genre de formation commerciale, mais on devait apprendre comment faire les choses dans le système militaire, les formulaires et ce genre de choses. Après la formation de base, on est resté à Kitchener pour prendre le cours de bureau d’administration qui était donné à l’école secondaire de Kitchener [Centre de formation de base du Service féminin de l’armée canadienne]. D’autres sont devenues mécaniciennes, conductrices de camions. Certaines ont été envoyées dans d’autres bases pour travailler dans des bureaux d’administration. À la fin de notre cours, ils ont décidé où on allait aller. Heureusement, ils nous ont laissé choisir. Ils nous ont dit « voici les endroits qui veulent que vous veniez travailler pour eux ». J’avais vécu ici à Ottawa il y avait bien longtemps. Ma mère avait pas mal de parenté par là-bas alors j’ai dit que j’aimerais aller à Ottawa. Le poste le plus proche de celui d’opérateur radio, c’était de travailler avec le directeur des transmissions [Corps royal canadien des transmissions] ici au quartier général. C’était une période passionnante avec un va et vient de gens qui venaient de partout. On rencontrait des gens qu’on n’aurait pas rencontrés autrement. C’était aussi très triste parce qu’ils partaient; ils étaient transférés aussi et de certains on avait des nouvelles et d’autres on n’en entendait plus parler. Et on se perdait de vue. Je me suis souvent demandée ce qui était arrivé aux amis qui étaient allés outre-mer et juste, est-ce qu’il a survécu? Comme je ne faisais pas partie de la parenté proche, je ne pouvais pas savoir. Donc on a tous pris des chemins différents. J’ai retrouvé un ami avec lequel j’étais sortie pendant un bout de temps et qui était allé outre-mer. On a gardé le contact pendant un certain temps et ensuite on s’est perdus de vue. Je suis allée au 50e anniversaire de la libération de la Hollande et je portais le badge des transmissions sur mon blazer, j’étais membre de l’Association des pensionnés [et rentiers] militaires du Canada et mon président était dans les transmissions, donc j’étais avec lui. Et on se tenait de côté, là où tout le monde était sensé se rassembler. En tout cas, il portait son béret couleur bordeaux mais il avait son insigne des transmissions et chaque fois qu’on voyait quelqu’un avec cet insigne on allait le saluer et lui demander d’où il venait. En tout cas, on s’est retrouvés à six environ. J’ai vu arriver ces deux hommes. L’un était un vétéran plutôt âgé et l’autre était plutôt alerte. En tout cas, ils se sont joints à notre cercle et la conversation allait bon train; et je me suis dit, il a quelque chose de familier, où est-ce que j’ai bien pu le voir auparavant? Il était grand, mince, il portait des lunettes, cheveux blond roux, je l’ai regardé et j’ai fini par regarder le nom sur son badge. Son nom était George Crawford. J’ai dit « ça alors, George, c’est Helen ». Il m’a regardé et a dit « Helen, hmm. » vous voyez, je veux dire, il ne et j’ai dit « Helen Villeneuve d’Ottawa ». Et il me dit « oh … » et nous voilà en train de danser et de nous enlacer. Il est la seule personne que j’ai pu retrouver.