Project Mémoire

Henri Massart

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

http://gallery.pictopia.com/
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Réfugiés belges en 1940. Source: http://gallery.pictopia.com/
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Et terminant, permettez moi de formuler un vœu : Que ceux qui n’ont jamais connu la guerre, surtout les enfants, ne la connaissent jamais. C’est ma mémoire d’enfant qui vous le souhaite.
Bonjour. Je m'appelle Henri Massart et je suis né à Bruxelles, Belgique, le 20 juillet 1932. Je suis donc âgé de 70 ans. Lors de la Deuxième Guerre mondiale, qui éclata en Belgique le 10 mai 1940 avec le premier bombardement de la ville de Bruxelles, je n'avais pas tout à fait 8 ans. Malgré mon jeune âge, certains souvenirs sont restés vivaces dans ma mémoire. Le 10 mai 1940, à 5 h 20, mon père, ma mère et mes deux sœurs furent brutalement réveillés par le sifflement des bombes. Les Nazis venaient de déclarer la guerre à la Belgique. Je ne comprenais pas bien ce qui arrivait, mais à voir la mine apeurée de mes parents j'ai tout de suite compris qu'il s'agissait de quelque chose de grave. J'avais peur, moi aussi. Peur que peut être la prochaine bombe m'était destinée. Vers le 16 ou le 17 mais, mes parents décidèrent de fuir l'invasion nazi et de se réfugier en Angleterre via Ostende sur la côte belge. La distance entre Bruxelles et Ostende est d'environ 130 km, mais le trajet dura une journée et demie à cause des mouvements de troupe allant ou revenant du front. Pendant ce temps là, les avions allemands mitraillaient les colonnes de réfugiés qui tentaient d'échapper au carnage. Je voyais tomber les balles de mitrailleuses sur la route où elles rebondissaient en faisant des éclairs de couleur. Je croyais que c'étaient des billes. Maman ne m'a jamais contredit. Je ne comprenais pas tout à fait pourquoi il y avait tant de camions et d'autos renversés dans le fossé. Les morts et les blessés jonchaient la route. Nous avons finalement réussi à rejoindre Londres où nous sommes demeurés environ 4 mois en attendant de rallier le Canada. Tous les jours, les Allemands venaient bombarder Londres. Nous passions nos nuits dans des bris anti-avions où il n'y avait évidemment aucun confort mais où au moins nos vies étaient tout de même protégées. Le matin, lorsque nous retournions à la maison, le paysage avait quelque peu changé. Plusieurs des maisons que nous avions vues la veille étaient complètement détruites et les rues encombrées de débris de toutes sortes. C'était pour moi l'enfer. Au début d'octobre 1940, nous fûmes enfin avisés que cinq passages avaient été réservés pour nous par le gouvernement canadien sur l'Empress of Australia en partance de Glasgow pour Halifax, Nouvelle-Écosse, où nous sommes finalement arrivés sains et saufs. Et terminant, permettez moi de formuler un vœu : Que ceux qui n'ont jamais connu la guerre, surtout les enfants, ne la connaissent jamais. C'est ma mémoire d'enfant qui vous le souhaite. Je vous remercie de votre bonne attention.