Project Mémoire

Henry George Trout

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Henry Trout
Henry Trout
Equipage de HMCS Montreal K319 (Navire de Sa Majesté) début 1944.
Henry Trout
Henry Trout
Henry Trout
Le navire d’Henry Trout: le HMCS Montreal (Navire de Sa Majesté), se distingua pour avoir sauvé les survivants du U-1209 qui s’est naufragé dur le Wolf Rock au sud-ouest de Land’s End en Angleterre. Sur cette photo, un morceau du Carley (bateau de sauvetage) signée par les survivants allemands du U-1209.
Henry Trout
Henry Trout
Henry Trout
Henry Trout à Regina, Saskatchewan le 26 mars 2010.
Henry Trout
Mais vous savez, ça montre seulement à quel point la guerre est futile, car voilà des gens qui étaient comme nous, le même âge et tout le reste, qui auraient pu être de très bons amis mais on était là pour se liquider les uns les autres.

On (le NCSM Montréal, une frégate de la marine canadienne) était dans l’Atlantique nord à ce moment là depuis, je ne sais pas combien de temps c’était. Notre surveillance, on avait droit à une permission, et on avait tous l’intention d’aller à Londres ou quelque part dans les îles britanniques. Mais ils ont annulé leurs permissions sans aucune raison à ce moment-là, mais on a appris très peu de temps après que c’était à cause de l’invasion qui se préparait (le débarquement allié en Normandie le jour J, le 6 juin 1944).

Très vite, on nous a mis dans l’escorte en mer, on naviguait de Derry (Londonderry, Irlande du Nord), à travers la mer d’Irlande jusqu’au, au sud. Et on allait au port, Falmouth, Portsmouth ou Southampton, un de ces endroits-là, on passait une semaine en mer à peu près et on allait là-bas pendant deux jours et on refaisait le plein, on repartait à nouveau pendant une semaine ou à peu près et on refaisait la même chose.

Lors d’un de nos voyages au large de la côte sud de l’Angleterre, l’endroit m’échappe, je crois que c’était Portsmouth où on devait arriver à ce moment-là, on venait juste de partir de la ville et la mer était agitée et plutôt froide et c’était une de ces journées pas terrible. Et on est parti, je crois que c’était le lendemain, on n’était pas partis depuis très longtemps et tout à coup, le skipper nous a demandé d’envoyer des grenades sous-marines, alors on a largué une grande sous-marine. Et quelques minutes plus tard, au large en face dans la mer, il y avait des petites balles blanches qui flottaient dans l’océan. Il y avait un sous-marin en dessous dont on avait apparemment bien aidé la rupture et ils remontaient à la surface, toutes ces petites choses jaunes c’était les survivants, les petits chapeaux jaunes avec une boule de lumière dessus des survivants du sous-marin.

Donc à la suite de ça, on a commencé le repêchage des membres de l’équipage du sous-marin, on les a fait monter à bord. On s’est mis à parler avec ces gens du mieux qu’on pouvait et je me souviens d’une fois, un des membres de l’équipage allemand, on s’était mis à parler dans une sorte de langue des signes, il se servait d’un papier et d’un crayon et il a dessiné la côte sud de l’Angleterre, en indiquant l’endroit où se trouvait Portsmouth. Et il a dessiné un grand carré au large de Portsmouth. Je ne sais pas combien de milles carré il recouvrait mais c’était, vous savez, une bonne surface. Et il a mentionné que c’était la zone où on patrouillait. Et ils étaient vraiment proche, savaient exactement ce que c’était. Et à l’intérieur de ce carré, il en a dessiné un autre, en indiquant leur zone de patrouille. Et encore une fois, ça vous faisait une drôle d’impression quand vous appreniez qu’ils savaient exactement où on se trouvait et ce qu’on allait faire.

Quand on est finalement arrivés vers Portsmouth, la défense territoriale (organisation faisant partie de l’armée de terre britannique) se trouvait là sur une barge, ils ont commencé à descendre et monter sur la barge pour aller à terre et bien sûr, ils étaient sous escorte maintenant qu’ils étaient prisonniers. Mais quand ils ont quitté notre bateau, ils nous faisaient des signes et criaient au revoir, merci beaucoup, et tout ce genre de choses. Et on leur criait en retour au revoir, bonne chance, etc., comme ça se fait. La garde territoriale j’en suis sûr se demandait un peu de quel côté de la guerre on était en tout cas. Mais vous savez, ça montre seulement à quel point la guerre est futile, car voilà des gens qui étaient comme nous, le même âge et tout le reste, qui auraient pu être de très bons amis mais on était là pour se liquider les uns les autres.