Project Mémoire

Herb Harris (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Herb Harris portant ses médailles et son uniforme du Régiment aéroporté.
Herb Harris (à droite) et son frère Nick devant la cathédrale York en 1944. Herb a servi dans le 1er Bataillon canadien de parachutistes et son frère dans les Halifax Bombers comme mécanicien d’avions.
Tableau représentant le brigadier du 1er Bataillon canadien de parachutistes donnant ses ordres au major Kippen après le célèbre amerrissage d’un planeur sur le Rhin, le premier de la Bataille des Ardennes.
Monument à la mémoire du 1er Bataillon canadien de parachutistes érigé à Sifleur Falls, en Alberta, devant quatre monts rebaptisés Normandie, Ardennes, Rhin et Elbe en hommage à ceux qui ont servi dans ces régions d’Europe.
Pégase était le symbole du Régiment aéroporté.
Nous avons atterri de l’autre côté du Rhin, juste au-dessus des Boches, qui se trouvaient à cinq kilomètres environ dans les terres. Les Allemands ont fait feu sur nous et les tirs étaient très intenses.

Transcription

Je m’appelle Herb Harris et je me suis enrôlé en janvier 1944. On m’a envoyé suivre une formation de parachutiste et j’ai servi dans le 1er Bataillon canadien de parachutistes pendant la Deuxième Guerre mondiale. L’entraînement était rigoureux et nous a bien préparés à ce qui allait suivre. Nous avons traversé à bord d’un transbordeur jusqu’à Calais, en France, puis nous avons pris notre position de troupe terrestre en Belgique avant de poursuivre notre route jusqu’aux Pays-Bas. Nous y sommes restés de janvier à la mi-février, et cet hiver-là était vraiment glacial. Nous étions loin d’avoir des vêtements assez chauds mais avons surmonté cette épreuve. Il y a eu cet épisode où nous faisons le guet près d’une butte au bord du fleuve, allongés dans la neige en attendant la patrouille qui devait prendre notre relève à minuit. Puis moins d’une heure avant, nous regardions au loin et avons vu un uniforme blanc s’avancer vers nous. Nous avons pensé qu’il s’agissait de la patrouille qui arrivait plus tôt que prévu. Mais une fois à une trentaine de mètres de nous, quelqu’un a crié « Attention, les Allemands ! ». Nous avons simplement pivoté et ouvert le feu. Ils étaient intelligents et ont détalé dans la forêt. Le 24 mars 1945, notre unité a participé à une énorme attaque aéroportée appelée « opération Varsity », mais finalement connue sous le nom de Bataille des Ardennes. Notre groupe comptait 2 000 hommes et nous avons tous sauté ensemble en six minutes pour atterrir les uns sur les autres. Nous avons atterri de l’autre côté du Rhin, juste au-dessus des Boches, qui se trouvaient à cinq kilomètres environ dans les terres. Les Allemands ont fait feu sur nous et les tirs étaient très intenses. Le caporal Topham était notre préposé aux soins médicaux. Il s’est avancé sous les tirs afin de remplacer les autres préposés abattus sous ses yeux en tentant de porter secours aux blessés. Tandis qu’il s’occupait des blessés, il a été lui-même touché au nez. Et malgré la douleur et le sang, il n’a jamais failli à la tâche. Je crois qu’il a appliqué sur sa blessure de la pénicilline en poudre et un pansement. Toujours sous les tirs, il a réussi à transporter les blessés jusqu’à notre abri en forêt. Après notre atterrissage, les planeurs sont arrivés et ils étaient une cible facile pour les Boches, qui tiraient sur eux comme s’ils étaient à la chasse aux canards. Nos officiers ont interdit à notre préposé d’aller porter secours aux blessés, mais il y est allé quand même. Cet homme, c’était le caporal Frederick George Topham, et sa bravoure lui a valu la Croix de Victoria. Et c’était toute une expérience, un réel privilège de servir aux côtés d’un soldat d’élite canadien.