Je me suis engagé dans la guerre. Au début j’étais dans la brigade des Marines, mais ensuite il y avait une chance d’aller dans les commandos des Marines royaux, qui est une unité qui s’occupait de missions spéciales. Chaque fois qu’ils partaient au combat, ils étaient en face à face avec l’ennemi. Pas comme dans l’infanterie ordinaire.
Donc une mission spéciale qu’on a remplie (avec la 40ème unité de commando des Marines royaux) c’était à un endroit qui s’appelait Termoli, qui était à l’embouchure de la rivière Biferno. Le Maréchal Montgomery pensait que les allemands allaient combattre sur le Biferno, donc on nous a donné pour mission de débarquer là-bas à Termoli et de dégager le passage. Alors on l’a fait, on est allés débarquer à Termoli et ils nous ont amenés là-bas, mais ils se sont heurté à un bac de sable et puis il restait une cinquantaine de mètres ou plus jusqu’au rivage, et l’eau faisait près de 2 mètres de profondeur. Alors j’ai ma mitrailleuse Bren à transporter et j’ai quatre boites de munitions dans mes musettes et il n’y avait pas moyen que je puisse nager.
Alors j’ai marché sur le fond aussi vite que je pouvais, en retenant ma respiration et je devais sauter pour reprendre de l’air et m’en remplir les poumons. Je suis arrivé sur le rivage sans encombre. Bon, un gars a été envoyé devant la cour martiale parce qu’il ne voulait pas descendre dans l’eau. (rire) Il disait qu’il ne savait pas nager. (rire)
Puis on est arrivé sur le rivage là-bas et, à Termoli et moi mon travail c’était de couvrir toute personne qui sortait de Termoli pour faire savoir aux allemands que nous étions bien là. Alors on m’a mis en position sur le versant de la montagne et j’étais à 800 mètres de la route par où ils devaient sortir. Alors pour être sûr, je mettais des balles traçantes, une sur trois balles traçantes, alors comme ça je pouvais tirer comme si je me servais d’un tuyau flexible, je pouvais les descendre sur la route. Alors tout ce qui sort, ils couraient juste au beau milieu des balles que je tirais. Et il n’y en avait pas beaucoup qui sortaient, on attendait. Puis une fois dont je me souviens, cette estafette (messager) sort et je l’ai assommé ; et on est allés là-bas et on a fait un prisonnier, un tué et un blessé là-bas. Ils étaient trois là-dedans. Il parlait anglais parfaitement, (rire), et il parlait bien anglais. Il m’a dit, excellent tir. (rire)
En tout cas, on a fait notre boulot à Termoli et on a capturé un paquet d’allemands aussi là-bas, et on les mettait sur le bateau. Ensuite on est montés à Anzio. À Anzio, ils avaient beaucoup de problèmes là-bas. À Anzio, les allemands se battaient. Il y avait des grandes rigoles, des caniveaux et on était sur un côté et on pouvait entendre les allemands, ils nous pilonnaient au mortier. On n’avait pas de mortiers, on était purement une force de combat, vous voyez, des mitrailleurs Bren et des petites armes courtes. Vous pouviez les entendre faire descendre le mortier dans le canon et puis vous pouviez, vous deviez attendre qu’il tombe et on a perdu plusieurs hommes comme ça.
Un gars du nom de Herman, il était avec moi. Il avait une tranchée étroite et moi j’avais l’autre petite tranchée. Une fois il est venu me voir, et il avait toujours la langue bien pendue. Il a dit, il me racontait cette histoire à propos de sa mère. Pendant la Première Guerre mondiale, sa mère conduisait une ambulance là-bas et elle a rencontré un belge, c’était pour ça qu’il s’appelait Herman. Il m’a raconté cette histoire, et puis on est repartis comme ça et on a attendu pour la nuit, vous voyez, et puis ils ont commencé à nous mitrailler au mortier. J’avais l’habitude de l’appeler, Ginge (je l’appelais comme ça Ginge). Quand on se mettait dans la tranchée je l’appelais, Ginge ça va ? Ils nous mitraillaient plus ou moins tous les matins. Et puis ils nous ont bombardés au mortier, et j’ai appelé, Ginge ça va ? Pas de réponse, rien. J’ai regardé et il avait reçu un mortier de plein fouet dans sa tranchée. Elle était petite.
C’était ça Anzio. On n’avait jamais aucun soutien quand on y allait pour une mission. On y allait, on faisait notre travail et on fichait le camp de là. C’était ce qu’on faisait.
Date de l'entrevue: 18 octobre 2010