Project Mémoire

Herbert Herb Pike

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Herbert Pike
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M. Pike en uniforme en 1942.
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M. Pike avec des camarades de sa compagnie, juste après la bataille d'Ortona en Italie, en 1944.
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M. Pike en Belgique en 1945.
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M. Pike (2nd à droite) à Apeldoorn, Hollande, en 1995.
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Et c’est la raison pour laquelle aujourd’hui, 65 ans plus tard, je viens juste de rentrer de Hollande encore une fois. Ces gens-là, vous pourriez penser que vous venez juste de partir. Ils étaient très émus. Ce sont des gens formidables.

On s’est déplacé au sud de Londres à un endroit qui s’appelait Aldershot, qui était un dépôt de renforts. On n’est pas restés là-bas pendant très longtemps en réalité et ensuite juste après, j’étais sur un bateau appelé le (NCSM) Barrie en fait, en route pour l’Afrique du Nord, direction Philippeville (Algérie), traversée du détroit de Gibraltar. On a été attaqués pendant qu’on traversait le détroit de Gibraltar par des avions qui transportaient des torpilles qui venaient d’Espagne. Ils ont eu un des bateaux à côté de nous mais on a eu de la chance, on a réussi à entrer dans le port. Et je suis resté dans ce dépôt de renforts pendant, oh, un mois tout au plus. Et ensuite on nous a transportés jusqu’en Italie, où j’ai rejoint le régiment (le 48ème Highlanders du Canada) à ce moment-là.

La division de parachutistes et les autres divisions sont arrivées et c’était juste avant Ortona, il n’y avait que la 1ère division (d’infanterie) canadienne. Et puis la 5ème division est descendue et nous a rejoint, juste après la bataille d’Ortona pour la traversée de la rivière Arielli et c’était une division blindée. Et je dois admettre, c’était des bleus ils se sont pris une bonne raclée. De fait, on a passé du temps après qu’ils se soient retirés et qu’ils soient rentrés, on a passé pas mal de nuits à aller dans la vallée, pour récupérer les morts et les blessés et les ramener. Mais ils ont eu un endoctrinement très dur pour eux mais qui en a fait des bons, très bons soldats et d’une grande aide après ça et ils sont restés avec nous pendant tout le reste du temps en Italie et jusqu’à ce qu’on se retire de là-bas.

On a bougé plus loin de là-bas, on est restés près du côté Adriatique mais juste après ça, on nous a demandé d’enlever tous nos insignes, nos preuves d’identité, l’écusson rouge et ainsi de suite et toutes les marques d’identification sur nos camions. Et on s’est retrouvés à traverser toute l’Italie jusqu’à ce qu’on appelait la ligne Hitler, qui était (la ligne de défense allemande près de) Cassino, là où se trouvait la grande Abbaye. Qui, personne ne paraissait être capable de percer la ligne Hitler. Et les 1ère et 5ème divisions ont attaqué en mai 1944. Avec beaucoup de chance et l’aide du Tout Puissant, on a réussi à percer la ligne Hitler et on a repoussé les boches de 144 kilomètres en trois jours. Ils faisaient du combat d’arrière garde et on les a combattus jusqu’à 144 kilomètres de Rome. À ce moment-là on nous a ordonné de nous arrêter. On espérait avoir la possibilité d’aller à Rome et de la prendre. La raison qu’on nous a donnés pour nous arrêter c’était que le Général Mark Clark de la 5ème armée américaine avait décidé qu’il voulait avoir l’honneur de prendre Rome. On nous a retenus à l’arrière et inutile de vous dire, on était, bon, en parlant poliment, nous étions un petit peu contrariés.

Mais il est bien allé à Rome et il est entré dans Rome le 4 juin, ce qui était juste deux jours avant le jour J. Et quand il est arrivé à Rome, les boches s’étaient retirés et Rome a été déclarée une ville libre. Et bien sûr, à ce moment-là, on n’avait plus besoin de rester sur la mer Tyrrhénienne ou sur la côte ouest, on est repartis du côté de l’Adriatique. Et à ce moment-là on était au nord de Rimini et dans les petites villes et traverser les rivières. L’Italie était un pays plein de rivières et en général au moment du printemps, elles étaient complètement saturées d’eau et elles étaient difficiles à traverser. Et on traversait les rivières à bord de canots en toile pour neuf hommes, vous les ouvriez et vous aviez une planche en bois et neuf hommes pouvaient monter dedans. Malheureusement, des accidents se produisaient, le doigt de pied d’un gars qui passait à travers la toile ou la crosse d’un fusil qui passait à travers et on a perdu quelques bateaux en traversant de cette manière, pas comme les traversées de rivière en Europe du Nord, qu’on a faites quand on traversait en Hollande, c’était des bateaux automatiques. Ça faisait un grand changement. On traversait en pagayant.

Et on a continué à se battre là-bas et le plus loin qu’on soit allé c’était là-haut à Ravenne et au nord de Ravenne, au sud du Pô. Et avant ça, les italiens avaient capitulé et changé de camp et on se préparait désormais à quitter l’Italie. Alors on s’est retirés et les italiens ont pris nos positions et malheureusement, les boches ont contre-attaqué et les ont repoussés. Il nous a fallu retourner sur la ligne et reprendre le territoire qu’on avait déjà pris. Et quand les choses se sont calmées, on s’était retirés de la ligne et on s’est retrouvés dans un endroit appelé Livourne, qui était à côté de Pise, là où se trouve la Tour penchée. Et on est montés à bord de navires de débarquement de chars, LST, américains. Et ils nous ont transportés jusqu’à Marseille dans le sud de la France. Et on est remontés jusqu’à Apeldoorn, qui avait à l’époque 40 000 habitants. Et on a libéré Apeldoorn et on a continué jusqu’à 25 kilomètres au nord et ça, d’où on nous a relevés ensuite et on est retournés à Apeldoorn et je dois vous dire, Apeldoorn à ce moment-là était tellement soulagée ; ces gens mouraient de faim en fait. On leur donnait tout ce qu’on pouvait en prenant dans nos rations. Et il y avait des largages depuis des avions, qui leur larguaient du ravitaillement. Ils en étaient arrivés au point où ils mangeaient les oignons de tulipes.

Et c’est la raison pour laquelle aujourd’hui, 65 ans plus tard, je viens juste de rentrer de Hollande encore une fois. Ces gens-là, vous pourriez penser que vous venez juste de partir. Ils étaient très émus. Ce sont des gens formidables. Ils n’ont jamais oublié ce que les soldats canadiens avaient fait pour eux.