Project Mémoire

Hubert Earl Hugh Boggs

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Nombre Mikan: 3202820
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Caporal G.F. Wightman dans le bureau sous-terrain de signals du 3ème régiment de campagne, Artillerie Royale Canadienne (R.C.A.), près de Cassino, Italie, le 12 mai 1944.
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Nombre Mikan: 3203821
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Personnel de la 3ème division d'infanterie canadienne du Corps Royal Canadien de Signaux (R.C.C.S.), opérant un téléphone de camp prées du pont de Londres sur l'Orne, France, le 18 juillet 1944.
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Je lui ai demandé pourquoi il s’étonnait de nous voir alors qu’on nous avait envoyés la nuit précédente. Il m’a répondu qu’on était censés arriver à 11 heures, mais à 11 heures du matin et qu’ils s’étaient trompés de 12 heures.
Je me suis finalement retrouvé dans la 3ème brigade des transmissions, à San Leonardo, là-bas en Italie. Et de la boue, vous n’avez jamais vu autant de boue que ce qu’on a eu cet hiver-là. Et bien, ensuite j’étais, je n’y ai pas été pendant très longtemps, ils m’ont envoyé dans le 22ème régiment royal, surnommé le Van Doos, pour le retour des communications à la brigade, les transmissions sans fils. Bon, j’y ai passé trois mois et juste avant qu’on décide de bouger au printemps, le patron s’est fâché après moi parce que je ne voulais pas devenir opérateur chauffeur, le capitaine, il voulait que je sois chauffeur opérateur et je ne voulais pas en être un parce qu’après je ne pourrais plus avoir avancer pour la paie. Alors ça l’a mis en colère après moi et il m’a remis dans le quartier général de la brigade dans le bureau de transmission. Bon ça allait, ça m’était égal. Il y avait beaucoup de travail. Bon, finalement, je suis allé là-bas pas seulement en tant qu’opérateur mais ils se servaient de moi comme monteur de lignes et homme de reconnaissance, et tout le reste. Et on a travaillé là-bas, il y avait un petit sergent là-bas, qui s’appelait Cramp, lui et moi on travaillait ensemble. Il était irascible mais c’était un gars bien pour travailler avec. Et de toute façon, de là, je suis resté dans le bureau de transmission et puis là d’un coup, il a eu une promotion, il est allé dans la brigade divisionnaire. Bon, ensuite, ça a été moi, ils m’ont déposé là et j’ai installé des lignes et des trucs comme ça pour ceux qui arrivaient et puis juste avant Noël cette année-là, ça devait être en 1944, ouais, il était là-bas à un endroit appelé, là-haut près de Godo en Italie là-bas. Et ils sont venus me réveiller, je devais prendre mon service à minuit, sont venus et m’ont réveillé vers 10 heures et ils m’ont dit : « roule ton tapis de couchage et prend ton équipement. » J’ai dit : « Pourquoi ? » « Tu pars en reconnaissance. » J’ai dit : « Je pars en reconnaissance à cette heure là de la nuit ? » « Oui, le reste sera encore là à 11 heures. » Alors j’ai emballé mes affaires et le téléphone et le fil et tout le reste, je les ai apporté là-bas et j’y suis allé et je n’ai rien trouvé. Personne ne s’est présenté jusqu’au matin suivant et j’étais là tout seul. J’étais dans un bâtiment, les pièces, elles avaient à peu près la taille de ceci, il y avait deux pièces à l’étage. Et pas de chauffage, pas de lumière, rien du tout. Et je me suis finalement enroulé dans mon tapis et j’ai posé mon fusil à côté de moi et je me suis endormi, vers 3 heures du matin. Le lendemain matin j’avais une boite de Bully Beef, vous savez ce que c’est, du corned-beef en conserve. J’avais une boite de ça dans mon sac et puis quelques biscuits de mer et une bouteille d’eau. C’était mon petit-déjeuner. Et une partie du Bully Beef. Et en tout cas, je suis en train de regarder par la fenêtre parce que je ne savais pas où j’étais à ce moment là, voyez. Et je regardais par la fenêtre avec, voyez avec, quelqu’un qui arrive et finalement j’ai vu une jeep arriver. Et elle se rapproche, je peux voir son, notre monteur de lignes et le patron, notre capitaine conduisait. Il aimait travailler avec les monteurs de lignes. Ils sont arrivés tellement près… Je suis sorti et j’ai braillé : « Bon sang où est-ce que vous étiez passés les gars ? » Il me regarde : « Qu’est-ce que tu fous ici toi ? » Je réponds : « Qu’est-ce que vous voulez dire, ce que je fous ici ? On m’a envoyé ici la nuit dernière. » Il dit : « Vous étiez censés être ici à 11 heures. » Il dit : « Ils ont fait une erreur de 12 heures. Vous étiez censés être ici à 11 heures ce matin. » En tout cas, ce Noël là, je n’ai pas été sur le terrain pendant quatre jours. Je vais vous raconter ça, mais notre officier responsable des cuisines, il n’avait jamais manqué de nous donner nos rations depuis le mois de septembre. Et il était en général très bon à ça, pour nous donner des barres chocolatées et des tas de trucs. Et s’il y avait de la bière, d’accord. Il nous a donné à tous, les trois régiments, le quartier général de la brigade et les troupes, vous vous souvenez de ces sept grosses bouteilles de bière d’un litre et quelques ? Il nous en a donné sept à chacun, d’un coup. Vous parlez de pochards, on avait plus de pochards qu’un curé pourrait en bénir. Et bien sûr, le patron m’a gardé au travail. Il savait que je savais quoi faire et il m’a gardé, je travaillais la plupart du temps. Il me donnait un petit moment de temps en temps pour me reposer, mais le reste du temps, je travaillais. Donc j’ai dû partager la mienne en rations. Mais je devais la garder cachée aussi. Mais quoiqu’il en soit, c’était le Noël de l’année 1944. Et ils nous ont retirés de l’action pendant quatre jours pour cette raison. Et bon ensuite, ce n’était pas très longtemps après ça, 1945, ils nous ont fait descendre, voyons voir, en février, ils ont commencé à nous faire partir sur le continent. Et on est allés là-bas et bon, voyons, la France c’était terminé à ce moment-là, en Belgique c’était presque terminé aussi. On a débarqué à un endroit appelé Liare en Belgique. Et on y a passé que 10 jours et ils voyaient que la guerre allait se terminer alors ils nous ont remis dans l’action. Et ils ont en fait, le 5 mai, j’avais travaillé toute la nuit, j’étais préposé de nuit alors en Hollande, j’avais travaillé toute la nuit et j’avais pris mon… j’étais allé prendre mon petit-déjeuner. Je suis retourné et le gars qui m’avait remplacé au bureau de transmission, il a dit : « Lis ça. » C’était une lettre et le message qui devait partir chez le brigadier comme quoi la guerre allait être finie le 8 mai. Et on ne pouvait pas dire un traitre mot à qui que ce soit. On devait se la fermer. Mais on a eu le sourire aux lèvres pendant toute la journée ce jour-là.