Project Mémoire

Hubert Julien Dodd Gray

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Dodd Gray
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Portrait d'Hubert Gray en uniforme
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Hubert "Dodd" Gray, quelque part en Afrique du Nord, vers 1941-42.
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Aussitôt le centre de la cible atteint – notre avance s’était fait dans le silence – d’immenses projecteurs nous ont repérés et nous étions complètement vulnérables
Nous survolions Tobruk dans le désert lorsque nous avons été repérés par l’ennemi. Notre mission était d’éclairer la cible ; 15 avions attendaient notre arrivée. Nous devions arrivés les premiers pour éclairer la cible. Nous sommes arrivés à 12,000 pieds d’altitude. Nous avions toutes les fusées éclairantes avec nous. Aussitôt le centre de la cible atteint – notre avance s’était fait dans le silence – d’immenses projecteurs nous ont repérés et nous étions complètement vulnérables. Mais, nous avions déjà lancé nos fusées alors nous avons dirigé le nez de l’avion vers le bas, à presque 90 degrés et, nous nous sommes sortis de là, hors des faisceaux des projecteurs. Mais une fois sortis, nos instruments de bord (compas, etc.) tournoyaient follement. En sortant, la Méditerranée est sensé être à ma droite. En rentrant, elle est sensée être à ma gauche. Alors j’étais assis là et je me demandais pourquoi elle était, encore une fois, à ma droite. J’ai posé la question au capitaine en lui expliquant que nous étions sur le chemin du retour et que normalement la mer devrait être à notre gauche. Il m’a répondu, ’’Je vérifie tout ça, Dodd.’’ Et, comme de fait, notre sortie rapide et nos manœuvres de défense avaient provoqué de l’interférence avec le compas et les instruments de bord. Et, les gars m’ont dit ‘’Merci, Dodd, maintenant, tu peux t’endormir.’’ (Il rit). En tous cas, nous avons fait un virage de 90 degrés et nous sommes rentrés. Le capitaine nous a avertit ‘’Les gars, on va peut-être manquer d’essence. Il se pourrait que nous ayons à atterrir dans le désert, alors préparons l’avion en conséquence.’’ Ceci est une histoire vraie ; seulement une de plusieurs. Ça faisait partie de la mission. Notre service à bord ces avions a contribué à l’efficacité des Forces aériennes. Nous faisions partie de l’Escadron 40. Nous étions associés à la RAF et affectés en Égypte. Nous étions cinq membres de l’équipage et nous provenions de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, de l’Angleterre et du Canada. C’était un beau mélange. Alors nous avions des Australiens, des Néo-zélandais, des Canadiens et des Anglais en Égypte mais pas d’Américains. Les États-Unis n’étaient pas en guerre à l’époque. Et, c’est nous qui avons repoussé Rommel jusqu’à Tripoli. C’est à ce moment que les Américains sont arrivés. Je me souviens de la bataille d’El-Alamein. Cette nuit-là, lorsque nous sommes sortis, j’ai lance ‘’ Hey, Mac, regarde là-bas, c’est quoi toutes ces lumières ?’’ Il m’a répondu: ‘’Ce ne sont pas des lumières, Dodd, ce sont des canons. Et comme un cercle de lumières, les canons s’illuminaient un après l’autre. Cette nuit-là, nous avions des bombes de 500 livres avec des tiges de métal. Les curieux nous demandaient, ‘’C’est pourquoi les tiges ?’’ Et, je leur répondais, ‘’Alors, les tiges font que les bombes se déclenchent correctement pour endommager les chars d’assaut. Sans les tiges, les bombes passeraient à travers le sable du désert et l’explosion serait moins efficace. Aussitôt que les tiges touchent au sol, la bombe explose.’’ Alors, il fallait apprendre tout ça; tous ces menus détails sur les munitions, les types de bombes, les bombes à tiges en particulier parce qu’elles sont très sensibles ; un faux mouvement et tout l’avion peu sauter. Alors, il fallait apprendre, par nécessité, tout l’aspect sécuritaire de la chose. Nous vivions dans le désert pour la plupart. En effet, pour dormir la nuit, nous creusions un trou dans le sable. Ensuite nous installions un drap épais (Akona), ou un morceau de cuir ou une toile de plastique ou ce qu’on avait. Et, on utilisait notre sac banane ou notre sac à dos comme oreiller. Et, on dormait comme ça, dans le désert. Ce n’était pas très agréable, particulièrement les soirs de tempête de sable. Il fallait alors rester dans les tentes parce qu’on ne pouvait même pas respirer dehors. On ne pouvait même pas faire la cuisson ni manger parce qu’il y avait du sable partout. Mais, on s’habitue. Il y a eu des jours de grande chaleur, mon Dieu, la température s’élevait à plus de 90 degrés. Mais, c’était très sec, très sec. Et, je vais vous dire ce qu’on faisait ; on se promenait et vous savez, il y a des Bédouins là-bas et de temps en temps, on en rencontrait en caravane avec leurs chameaux et leur…il fallait être vigilent. En Égypte, je portais toujours un pistolet à la hanche ; il le fallait. Mais, en général, ils nous laissaient en paix. J’ai appris à parler un peu l’Arabe. J’ai oublié aujourd’hui. Et, nous avions un golichip, un genre de manuel, je l’ai encore aujourd’hui dans mon carnet. Il contient des conseils, des coutumes et des mots en Arabe. Par exemples, on nous avait informé qu’il était approprié de boire à leurs puits mais non d’y remplir nos gourdes. Tous ces petits conseils. Nous étions chez les Bédouins, accueillis par les Bédouins. Et ça, çà été toute une éducation. Donc, après une année sur place, dans cette chaleur, on est forcé d’apprendre certaines choses.