Project Mémoire

Hubert Smart

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Hubert Smart
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Coupure de presse sur laquelle apparait Hubert Smart (à gauche sur la photo du milieu).
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Carte d'identification de chauffeur d'Hubert Smart l'autorisant à conduire voiture, camion, moto ou autre véhicule à propulsion pendant son service au gouvernement du 9 avril 1942 au 9 avril 1943.
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Certificat de Qualification de livreur de Hubert Smart en tant que chauffeur/mécanicien. Il date du 3 octobre 1945.
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Photographie récente de Hubert Smart.
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Mais je vais vous dire, c’était vraiment effrayant, c’est la première fois que j’ai eu ce que j’appellerais la trouille. J’ai vraiment cru que j’avais rendez-vous avec mon destin.
Je me suis porté volontaire pour rejoindre l’Intendance Militaire canadienne plutôt que l’armée de terre. Je ne sais pas. Je me suis figuré que c’était mieux de conduire que de marcher. Alors j’ai fait ça. En tout cas, je me suis engagé dans l’Intendance Militaire et je suis allé à Camp Borden et j’ai fait tout mon entrainement à Borden. Mais, en tout cas, après qu’on soit arrivés en Angleterre, ça a été complètement différent alors. J’ai été détaché auprès de l’unité de Montgomery (le Maréchal Bernard Montgomery). Ils venaient de rentrer de Lybie. Ils avaient écrasé les boches là-bas, et ils étaient rentrés. Ils cherchaient des transports, alors le peloton C avec lequel j’étais, on nous a détachés auprès de l’unité anglaise. Bon, On a passé un bon moment en Sicile jusqu’à ce qu’on ait fait dégager les allemands. En tout cas, ils étaient en haut sur le, ils étaient en haut sur les montagnes, les moines (le monastère) étaient là-bas en Sicile, au sommet de la colline. Oh, ils pouvaient faire volte face et vous éliminer à tout moment. Oh oui. C’était un endroit effrayant. C’est la première fois que mon casque, mon casque ne m’allait pas bien parce que j’avais les cheveux drus, en brosse, et le casque reposait sur mes cheveux. Pas de blague. Je remontais sur la route là-bas ; et quand vous livrez des affaires sur la route, ils ne vous disent pas où aller. Ils vous donnent une carte et sur la carte il y a des pouces carrés, où les pouces carrés, puis vous allez à tant de pouces carrés sur la droite ou sur la gauche, dans le sens de la longueur ça vous donne une idée. Alors il faut qu’on calcule ça et ils vous disent qu’il y a une vieille maison qui a sauté là-bas ou bien il y avait une église là. Bon, si ce n’était pas là, vous étiez sur la bonne route, vous continuez, ça vous dit de continuer. Puis vous voyez un autre endroit sur le côté gauche alors que là-bas sur la droite, juste dépasser cette vieille maison là-bas sur la gauche, juste de dépasser ça. Il y a une route qui monte vers la droite, là-haut. Vous tournez à droite et la prenez là et montez dans les bois autrement dit. L’éclair de départ ils appellent ça. Vous ne pouvez pas les voir. Alors je montais le long par là et je me fais stopper là. Je crois qu’il y avait juste, je pense que notre Seigneur était là avec moi ou quelque chose, ce qui s’est passé et je me suis arrêté, et je vérifiais ça. Alors j’ai dit, je ne dois pas être loin. Et tout à coup les boches, on les appelait comme ça, c’était les allemands, ils avaient un poste de guet. Et je vais tout vous raconter sur la manière dont je l’ai découvert en tout cas … ils devaient avoir un guetteur et il leur disait où envoyer les bombes, où lancer ces obus de 88 (canon antichar allemand). Et ils les lançaient de chaque côté de la route. Et je vous le dis, ils leur suffisait juste diminuer la portée, juste la diminuer, disons de deux centimètres ou à peu près, et ils auraient eu la route. Mais ils ont eu bien de la chance qu’ils soient juste de chaque côté de la route, alors je me suis arrêté ; et j’ai dit, je file d’ici, alors j’ai laissé la jeep et les rations et tout ce qu’il y avait dedans. J’ai dit, je fiche le camp de là. Alors j’ai attrapé mon casque, ma bouteille d’eau et le fusil, et j’ai commencé à remonter la route en courant et j’ai regardé de chaque côté de la route et c’était plein d’eau. Oh bon sang c’était rempli à ras. Et j’ai dit, si je vais là dedans, j’ai dit, je pourrais bien me noyer. Alors je montais la route en courant et j’ai entendu un gars brailler, par ici Canada, par ici Canada. Et ils étaient là, à peu près six d’entre eux là-haut derrière cet énorme rocher. Il y avait un gros rocher. Alors je suis monté là-haut. Et j’ai attendu encore un moment jusqu’à ce qu’ils trouvent d’où ça venait, où j’étais censé apporter les rations à l’unité d’infanterie là-haut. Le Génie ou qui que ce soit d’autre. Les allemands dormaient là-haut dans la tour où ils étaient installés. Les unités étaient là en dessous, mais les deux allemands étaient là-haut dans les cabanes qui avaient des petites tours construites dessus, vous savez, vous les voyez, comme des postes de guet. C’est là que se trouvaient les deux allemands prisonniers là. Et ils leur disaient, quelle portée ils leur donnaient. Et c’est là qu’ils bombardaient. Ils bombardaient pas mal la route, mais ils la rataient, Vous savez, ils étaient tellement pressés, ils étaient… Mais en dessous, ils les ont entendus là-haut et ce qu’ils ont fait, ils ont sorti une voiture blindée et ont fait sauter le dessus, là où les allemands étaient, et dehors à ce moment, on allait bien alors. Je suis reparti et j’ai repris la jeep, et je leur ai monté les rations. Bon sang, j’ai dit, ce n’est pas passé loin. J’ai dit, je ne suis pas encore prêt à partir, je vois bien ça. Mais je vais vous dire, c’était vraiment effrayant, c’est la première fois que j’ai eu ce que j’appellerais la trouille. J’ai vraiment cru que j’avais rendez-vous avec mon destin.