Project Mémoire

Israel Isidor Nutzati

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Israel Nutzati
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Broche de bérêt du régiment de Palestine, vers 1944-45.
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Photographie contemporaine d'Israel Nutzati. Lieu et date inconnus.
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Photo d'enrôlement d'Israel Nutzati prise à Haifa, Palestine, 1944.
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Documents de décharge remis à Israel Nutzati en 1946.
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Ça faisait du bien de savoir que j’avais fait quelque chose. Même si je n’ai pas eu l’occasion de combattre les allemands.
Je suis né à Haïfa en Israël le 3 novembre 1927. J’ai été élevé à Haïfa. Je suis allé à l’école en Israël et en 1945, le 12 mars, j’ai décidé de m’engager dans l’armée britannique dans la brigade juive. La brigade juive avait été formée deux ans auparavant pour avoir tous les israéliens pendant l’enrôlement dans l’armée britannique. J’étais dans la 8ème armée, parce que la brigade juive, qui était formée de trois bataillons (d’infanterie) : le 1er bataillon, le 2ème bataillon, le 3ème bataillon. J’étais dans le 3ème bataillon (régiment palestinien). On portait l’étoile de David sur notre épaule et dessous trois bandes, trois bandes rouges qui symbolisaient le 3ème bataillon. J’ai servi en Égypte, ai suivi l’entrainement là-bas ; je suis parti en Italie, Tarente au sud de l’Italie, j’ai attendu pour être amené dans le nord où la brigade juive se battait contre les nazis. Malheureusement, les routes étaient bloquées et le chemin de fer avait sauté, alors ils n’avaient ni wagons, ni voitures pour nous emmener dans le nord. Une fois qu’ils ont eu les moyens de nous transporter, on a rejoint la ville de Udine, au nord de l’Italie. Je répète Udine, et là encore, pas de moyen de transport pour aller en Autriche. On est restés à Udine pendant deux mois et une fois encore, on nous a emmenés dans une ville autrichienne du nom de Villach. Je répète Villach. On est restés à Villach pendant trois mois et puis nous sommes allés en Allemagne, Hollande, Belgique, à nouveau la Hollande, à nouveau la Belgique et puis la France. J’ai été démobilisé le 11 août 1946. Je n’ai pas combattu pendant cette période car comme je l’ai dit, on était tout le temps retardés à cause du manque de moyens de transport. Mais notre tâche c’était de nous occuper des prisonniers de guerre, d’abord en Égypte, des prisonniers italiens, et après on assurait le transport de l’Allemagne jusqu’au nord, des prisonniers d’une autre ville en Allemagne dans le nord. Je crois que c’était Hambourg. De bonnes impressions, et des mauvaises. Parce que quand on était en garnison en Allemagne, c’était un camp immense. C’était un camp allemand précédemment et dans les restaurants pour les soldats, je voyais tous les jours des dames très bien habillées avec des bijoux et des perles et tout ce qui montrait que ces femmes n’étaient pas des dames ordinaires. Alors j’ai demandé une fois, ce que ces femmes faisaient là. Ils ont répondu, ce sont des femmes d’officiers allemands très riches et de militaires ; et elles viennent pour ramasser toute la, la nourriture laissée sur les tables par les soldats, elles mettaient tout ça dans des sacs pour l’emporter chez elles et avoir de quoi manger à la maison. Alors au moins ça me faisait plaisir que les officiers allemands n’aient pas quoi manger. Donc ces femmes venaient pour récupérer de la nourriture. On se déplaçaient d’une endroit à l’autre en camion et les plus jeunes d’entre nous (dans la brigade juive), ils prenaient des planches de bois, les gardaient à l’arrière du camion et quand ils voyaient des allemands marcher dans la rue, ils plaçaient la planche en bas et tout ça pour heurter les allemands qui passaient. On ne savait pas si ces allemands étaient morts ou seulement blessés. Ça je ne pouvais pas l’accepter, je disais que si on se battait contre des soldats, ça va, mais tuer des gens innocents, ça je ne pas l’acceptais pas. Et aussi, quand on emmenait des prisonniers allemands en train, sur le chemin, ils avaient l’habitude de s’arrêter et ils devaient aller dans la forêt pour faire leurs besoins. Des israéliens descendaient derrière eux et certains allemands ne revenaient pas. Une fois encore c’était quelque chose. Je pense que c’était brutal de tuer des gens de cette façon-là. Au front, pour moi c’était normal, mais pas de la manière dont ils le faisaient. Alors ces souvenirs je les ai encore en mémoire aujourd’hui. J’ai vu le Général de Gaulle (le chef des armées françaises) défiler le jour de la Victoire en Europe et ça nous faisait beaucoup de bien de savoir que c’était fini et qu’on n’avait plus besoin de se battre. Ça faisait du bien de savoir que j’avais fait quelque chose. Même si je n’ai pas eu l’occasion de combattre les allemands, mais malgré tout, l’idée que je m’étais engagé dans l’armée, personne ne savait à ce moment-là que la guerre allait être terminée en 1945. Alors je me sentais bien à l’idée d’y aller et de faire quelque chose.