Project Mémoire

Ivan Gerald Stevens

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Ivan Stevens
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Photo de M. Stevens dans les années 1980.
Ivan Stevens
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Plaque d'immatriculation de M. Stevens.
Ivan Stevens
The Calgary Herald
The Calgary Herald
Article provenant du journal <em>Calgary Herald</em>.
The Calgary Herald
Ivan Stevens
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Photo de M. Stevens dans les années 1980.
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Écusson des Highlanders de Calgary.
Ivan Stevens
« Ils nous ont donné une couverture supplémentaire. Plus tard on a découvert que c’était pour nous enfouir dedans. On a passé un mois là et on n’a jamais aussi bien dormi. »
… Me suis engagé dans l’armée à l’âge de 18 ans à Calgary en Alberta, le 23 juin 1944. On est partis immédiatement pour Camrose en Alberta, pour commencer l’entraînement de base pendant deux mois. Puis retour à (CFB) Calgary pour l’instruction supérieure d’infanterie et puis à (CFB) Debert en Nouvelle-Écosse, et suis parti d’Halifax la veille de Noël direction l’Angleterre, où je suis arrivé pour le jour de l’an 1945. En février 1945, on a pris un petit chaland de débarquement et on est allé à Calais en France, et jusqu’à Gand en Belgique. Avons rejoint les Calgary Highlanders (Unité de réserve d’infanterie canadienne), la traversée du Rhin, entrée en Allemagne et en Hollande, où les gens ont envahi les rues comme un matin de la parade du Stampede à Calgary. Ils étaient éberlués qu’on vienne du Canada. Au printemps 1945, on était en marche pour la Belgique, je pense, et on a découvert un champ de navets qui avaient passé tout l’hiver dans le sol. On raconte que ça améliore le goût. On les a épluchés et ils avaient tellement bon goût. Aujourd’hui, j’aime encore les navets crus. Vers le soir, on est tombés sur un bâtiment abandonné. On s’est précipités à l’étage pour un bon coin et un lit. Il n’y avait pas un seul lit dans cet endroit ; alors on s’est servis de nos tentes de mess comme oreillers et on a dormi sur le carrelage. Ils (l’armée) nous ont donné une couverture supplémentaire. Plus tard on a découvert que c’était pour nous enfouir dedans. On a passé un mois à cet endroit et on n’a jamais aussi bien dormi. En quittant l’Angleterre, quelques semaines après le jour J, les falaises de Douvres étaient encore en vue et la plupart d’entre nous avaient déjà le mal de mer. L’eau salée passait par dessus les côtés du chaland et nos fusils étaient par terre dans l’eau salée. On était trop malade pour y prêter attention. On s’est rapprochés de la France et on s’est sentis mieux, mais soudain, on est retourné au large et on a eu le mal de mer à nouveau. On a atteint la France et on nous a faits monter sur des wagons, 40 soldats par wagon. On nous avait prévenus de ne pas ouvrir les portes. Au moment où on est arrivé à Gand en Belgique, les portes étaient ouvertes et les soldats étaient assis dans les entrées et quelques uns étaient sur le toit. En arrivant au camp, on a eu de la compote de raisins secs. C’était tellement bon. Et avec un ami on a fait la queue trois fois. Le sergent est devenu soupçonneux et on avait trop peur pour reconnaître ce qu’on avait fait, mais à la fin, il y a eu plus de raisins secs pour tout le monde. Monter la garde à tour de rôle, pendant que le reste du peloton dormait, était toujours quelque peu un défi. La guerre touchait à sa fin et aux environs de deux heures du matin, on a entendu un drôle de bruit. On avait entendu dire que les allemands contre-attaquaient toujours avant l’aube. On était soulagés quand le jour s’est levé de découvrir que c’était le vent qui soufflait dans une boite de conserve. Certains soirs, on apportait nos provisions de cigarettes et de barres de chocolat en ville pour les donner aux gens du coin, et aussi des couvertures dont ils faisaient des manteaux. L’armée a dû arrêter tout ça et ils ont mis en place ce qu’ils appelaient un patrouille des couvertures. Vers la fin de la guerre, on m’a affecté à une chenillette Bren (véhicule léger qui transporte la mitrailleuse Bren). Je me sentais toujours un peu coupable en passant le long de l’infanterie qui marchait à pied. On a été partout en Hollande. Une nuit on s’est retrouvé dans un pâturage de vaches. Le peloton tout entier a dû faire demi tour. Jusqu’à ce jour, je me souviens de quelques noms, Anvers, Nimègue et d’autres. Je me souviens que quelques endroits étaient hors limites et de ne pas approcher de là. Quand la guerre s’est terminée, l’armée nous a envoyés à Lethbridge en Alberta et à Medicine Hat (Alberta) pour surveiller des prisonniers allemands qui faisaient la récolte des betteraves à sucre. Les fermiers appelaient dans les camps pour venir chercher une dizaine de prisonniers et un gardien dans leurs camions. L’armée autorisait le gardien à travailler, étonnamment. J’ai travaillé une journée à la conserverie et ce soir-là j’ai reçu un chèque de 4,50 dollars. On avait le choix entre être rendus à la vie civile ou bien de rester dans l’armée d’occupation. La plupart d’entre nous avaient hâte de rentrer chez eux. Des anciens combattants plus âgés nous disaient que la vie civile ne serait pas facile. Quelquefois je me dis que j’aurais dû faire carrière dans l’armée. J’ai été rendu à la vie civile en 1946, avril 1946.