Project Mémoire

Jack Clifford McFarland

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Jack McFarland
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Jack McFarland en Angleterre, 1940.
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Médailles de service de Jack McFarland.
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Télégramme reçu par la mère de Jack McFarland, l'avisant que son fils a été fait prisonnier de guerre.
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Jack McFarland du régiment d'infanterie légère Royal Hamilton, en 1967.
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Menu provenant du M.S. Gripsholm, le navire hôpital sur lequel M. McFarland est retourné chez lui après la guerre.
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Et les allemands descendent, arrivent de nulle part. D’où ils venaient tous, je n’en sais rien. Mais tout à coup, la plage était remplie de ces gens et ils nous ont faits prisonniers.

On était tellement sûrs que nos renseignements étaient corrects. Les services de renseignements avaient dit que nous, la seule défense c’était un groupe de vieux soldats allemands qui, presque comme la Home Guard. On n’imaginait pas qu’on allait se retrouver en face de gens qui venaient de rentrer de Russie.

La traversée de la Manche s’était bien passée. On avait une bonne escorte et des dragueurs de mines, alors on n’avait pas eu de problèmes pendant la traversée. On n’avait pas eu de mal à passer du vaisseau mère aux engins d’assaut. On était descendus par les échelles de corde pour aller dans les engins d’assaut et on était partis. Et c’était une belle matinée claire et ensoleillée. Je pense qu’on était à une dizaine de milles du rivage, pour épargner le bruit du vaisseau mère et ceci, pour ne pas alerter les radars.

Donc en approchant de la côte, il faisait très clair. On pouvait voir les avions au dessus de la ville de, la ville de Dieppe. Donc il faisait très clair quand on a débarqué. Et on essuyait des tirs nourris ; je dirais que c’était des canons antichars qui cognaient la barge de débarquement. Un bateau à deux bateaux de celui où je me trouvais a été touché de plein fouet avant qu’on accoste. Je ne crois pas qu’il y ait eu de survivants. Une péniche de débarquement est basse dans l’eau et la partie centrale est ouverte du moteur jusqu’à l’avant là où il y a la porte qui se rabat. J’étais dans le couloir central, il y avait trois parties, j’étais dans la centrale. Quand je suis sorti du bateau, j’ai enjambé deux gars qui étaient déjà touchés. Maintenant, je ne sais plus s’ils étaient déjà morts ou quoi, mais ils étaient allongés sur le sol de toute façon.

Et j’avais pris, parce qu’un des types de la section m’a demandé de prendre la charge Bangalore pour aider à faire sauter le câble, parce qu’il était plus petit que moi. Alors je l’ai prise et j’ai dû descendre, je devais aller sur le sol parce que le caporal avait l’autre partie de la Bangalore et je devais attendre jusqu’à ce qu’il soit en position et qu’il m’appelle. Et il a déclenché la Bangalore, on l’a rassemblée, il l’a fait sauter pour faire un trou dans le câble. Le groupe avec lequel j’étais, on nous avait dit de partir en direction du casino et d’essayer de franchir le mur juste avant le casino. Le casino n’était pas notre objectif, alors on a regardé et c’était un poste de tir, les allemands avaient un poste de tir à, je crois que c’était à l’ouest du casino. Et il était vide et on l’a pris. Chaque fois que vous essayiez de franchir le mur, vous aviez une victime. Et la pile augmentait terriblement.

On était sur la gauche du casino en entrant et on n’a jamais réussi à aller au-delà. Bon, on a juste essayer d’abattre les allemands qu’on voyaient. De notre poste d’observation, on n’en voyait pas beaucoup. On gardait la tête baissée, plus ou moins en attendant que ça passe. Et puis ils ont dit que tout le monde, l’évacuation avait commencé, il était à peu près 2 heures je crois, 1h30, 2 heures, autour de cette heure-là. Et on s’est dirigé vers la plage et j’ai vu qu’un de nos officiers avait été blessé alors mon copain et moi, il a pris un brancard et j’ai pris une bombe fumigène et on a posé ça entre, la bombe fumigène entre nous et les allemands et on l’a mis sur un brancard et on l’a descendu sur la plage. Quelques gars risquaient leurs vies pour mettre les blessés sur les engins d’assaut et les ramener. Alors on leur passait les blessés parce qu’ils avaient tout organisé. Et heureusement il a réussi à en réchapper mais il est resté paralysé pour le restant de ses jours.

Et puis je suis descendu plus bas sur la plage là où était le chaland des chars. Il était en feu. Et je suis monté sur un engin d’assaut là et suis reparti, j’étais assis sur la partie moteur, on était quatre assis là, trois d’entre nous ont été touchés, un tué et l’autre blessé. Et je pensais que ça m’avait arraché le bras alors j’ai quitté la barge et suis retourné sur le rivage. Bon, je n’ai pas pensé à repartir en Angleterre. Ensuite une autre gars et moi-même on a installé une mitrailleuse Bren et on a essayé d’empêcher les allemands d’approcher de la plage pendant que les autres gars essayaient de prendre, partaient sur les engins d’assaut. Il la chargeait et je tirais avec la main gauche. Finalement un officier ou quelqu’un a attrapé un, il me semblait que c’était un aviateur allemand qui avait sauté en parachute et était parmi nous et il leur avait fait hisser un maillot blanc. Et les allemands descendent, arrivent de nulle part. D’où ils venaient tous, je n’en sais rien. Mais tout à coup, la plage était remplie de ces gens et ils nous ont faits prisonniers.

On nous a emmenés dans une infirmerie de campagne et je crois que les dames qui étaient là, je pense que c’était des toubibs de l’armée de l’air allemande, personne ne nous les a présentées évidemment mais, elles nous ont fait une piqûre antitétanique. Je pensais qu’elles faisaient des exercices à la baïonnette, elle enfonçaient une longue aiguille à travers nos vêtements dans notre ventre et nous ont fait une piqûre antitétanique, je crois que c’était antitétanique. Je n’avais pas encore été bandé ou quoique ce soit. Je n’ai rien eu de tout ça avant d’être arrivé à Rouen. J’ai passé un mois à Rouen et puis, croyez-le ou non, par train hôpital on m’a expédié à Landsford. Ensuite on m’a emmené à Lazarett, qui est l’hôpital dans les camps de prisonniers et j’y ai passé plusieurs semaines. Ils m’ont soigné là-bas. Je n’ai pas eu à me plaindre. Un médecin anglais m’a dit une fois, il a dit, vous devez avoir eu un sacré bon docteur allemand, il a dit, ou alors, j’aurais enlevé ce bras à la minute même où je l’ai vu.