Project Mémoire

Jack Gillingham

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Jack Gillingham
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Jack Gillingham lors d'un entrainement d'uniité avec ses camarades terre-neuviens à Picton, Ontario, en 1940.
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Couverture crochetée avec une brosse à dents par Jack Gillingham, et faite avec des chaussettes et des pull-overs pebdabt qu'il était prisonnier de guerre dans le camp Stalag 8B.
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Un feu dans la cuisine (ils essayaient de frire du poisson) a détruit l'unité de ce camp en Nouvelle-Écosse. Date inconnue.
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Camp en Nouvelle-Écosse.
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M. Gillingham à une date inconnue.
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J’ai écrit mon numéro, mon nom et grade en haut et j’ai posé le crayon et c’est tout. Alors il a piqué une crise. Il a sorti son revolver et a commencé à l’agiter au dessus de sa tête.

On a commencé le 1er mars 1943. Le vol jusqu’à Berlin c’était, ce n’était pas trop mal, je dirais. L’opposition n’était pas présente ; ils nous ont laissés tranquille. En tout cas, on est arrivés au dessus de la cible et on faisait notre passage… quand les projecteurs de recherche à Berlin se sont allumés et nous ont pris au piège dans un cône de lumière. Le projecteur principal et ensuite chaque projecteur dans Berlin s’allume, et éclaire le ciel tout entier. Vous êtes là comme un minuscule saint-pierre perdu au milieu de l’océan, pour ainsi dire. Vous êtes tout seul.

On venait juste de se débarrasser de nos bombes, et le capitaine nous a dit de tenir bon ; et il a orienté le nez de l’appareil vers le bas et on a fait une descente de 16 500 à 3000 pieds quand il l’a tiré de là. Vous pouviez pratiquement voir les ailes claquer. Elles n’étaient pas faites pour ça ; et ensuite on a été frappé par une fusillade. Tué le mitrailleur dorsal sur le coup, n’a pas eu la moindre chance.

J’ai été le dernier à sortir. J’ai touché le capitaine sur l’épaule et lui ai dit que j’y allais. Il a levé le pouce pour dire que tout allait bien et dès qu’il a laissé le manche il s’est juste retourné. On ne pouvait pas mettre le pilote automatique parce que la commande de contrôle était en mille morceaux. Il était à moitié dehors quand il s’est écrasé ; et je l’ai relevé. Il était mort. Donc trois d’entre eux étaient morts : le mitrailleur dorsal, le navigateur et le capitaine.

On est arrivé dans un centre pour les interrogatoires là-bas à Frankfort et j’y ai passé une dizaine de jours, quatorze jours. Je ne me rappelle plus maintenant. À un moment ils ont envoyé un officier, il était censé être de la Croix Rouge ; et il avait un formulaire long comme ça à peu près, avec toutes les questions dessus. En haut, il y avait numéro, nom, grade et puis vous êtes censé tout remplir jusqu’au bout. Alors ce que j’ai fait moi, j’ai écrit mon numéro, mon nom et grade en haut et j’ai posé le crayon et c’est tout. Alors il a piqué une crise. Il a sorti son revolver et a commencé à l’agiter au dessus de sa tête, et j’ai continué à l’éviter en me baissant en dessous de sa main.

En tout cas, il est sorti et juste après je l’ai entendu enfoncer quelque chose sur la porte. Par curiosité je voulais voir ce que c’était, alors j’ai frappé à la porte et j’ai fait en sorte que le garde m’emmène aux toilettes. En revenant, j’ai vu que c’était juste un carré, et sur le côté, une couleur et sur le bas, il y avait une autre couleur. Alors je me suis figuré, ça doit être quelque chose. Alors j’ai regardé dans le couloir et j’ai vu plusieurs autres portes qui avaient la même chose, alors je n’étais pas le seul là dedans.

Nous étions dans le Stalag 8B (camp de prisonniers de guerre allemand). Il y avait plusieurs enceintes. Nous avions notre enceinte ; l’armée de l’air avait une enceinte au centre du camp. Ils nous gardaient à l’écart des clôtures. Or, juste en face de nous il y avait une enceinte avec tous les prisonniers qui avaient été pris à Dieppe, quand les canadiens sont allés à Dieppe, ils étaient là. Ce qu’ils nous donnaient au quotidien ? Vous aviez deux ou trois patates et un morceau de pain c’était à peu près tout. Un quart de pain noir, (frappe sur le bois de la table) vous pouviez faire le pavage de la promenade avec.

Bon, ce n’était pas vraiment dur. Ça aurait plu être plus dur, s’ils nous avaient supprimé les colis de la Croix Rouge. C’était étonnant ce que. Ils ont fait un gâteau. Des gens du personnel de l’armée là-bas ont fait un gâteau avec ça et il était à peu près aussi grand que cette table presque… ils ont fait le glaçage avec. Mais le gâteau lui même c’était fait avec de la farine, je suppose, des pruneaux et des raisins et tout ce genre de choses. C’était un chef-d’œuvre.

Un des gars dans le Stalag a pris un colis de la Croix Rouge et en a fait un appareil photo. Il s’est fait apporter des objectifs de l’extérieur parce que tous les gars de l’armée allaient travailler dans des placements à l’extérieur et ils ont réussi à passer deux objectifs clandestinement, et de la pellicule. Et c’est avec ça que ces photos ont été prises… C’est époustouflant les choses qui se faisaient.