On a rejoint le 2e SAS [Special Air Sevice Regiment] qui a été formé après le 1er [régiment SAS]. Le 1er était dans le désert. Ils sont rentrés en Angleterre, le 1er SAS, alors ils ont décidé de former le 2e. On est passés de la [1e] division aéroportée au 2e SAS. Je n’irai pas jusqu’à dire que nous étions aussi bien entraînés que le 1er, mais on a fait notre part en France.
L’entraînement était très dur. Vous n’aviez pas grand-chose à manger. En marchant sur les routes d’Écosse une nuit, j’ai gelé. J’ai attrapé une pneumonie, bon ce n’était pas une pneumonie, mais l’appendicite. Et il a fallu me mettre à l’abri dans une église en attendant que l’ambulance arrive. J’ai été malade cette fois-là. Mais l’entraînement a été aussi difficile, je pense, que d’aller en France. En France, on avait très peu de nourriture, seulement ce que le Maquis [résistance française dans les campagnes] nous donnait, les Français. Mais ils ont été très gentils avec nous. On allait dans les fermes et on chantait des chansons de la Première Guerre mondiale, et les Allemands n’étaient pas très loin, mais ils ne nous ont jamais capturés.
Je suis parti avec quelques gars à un endroit qui s’appelait Metz [dans l’est de la France]. Il s’agissait de l’Opération RUPERT. On nous avait envoyés pour apporter du renfort aux gars qui étaient déjà sur place. C’était plutôt, il y avait des Allemands partout, on ne pouvait pas prendre contact avec le groupe principal, alors il a fallu qu’on se débrouille tout seuls. L’officier, on est restés perdus pendant une semaine une fois, il est parti pour essayer de retrouver le groupe principal. Pendant ce temps, on est allés avec le Maquis, la résistance française, et on avait les paniers qui avaient été largués en même temps que nous, on avait des explosifs, et on plaçait des charges sur les lignes ferroviaires.
Aller à la voie ferrée, tout était prévu pendant que le train était en marche, et ils y sont allés cette nuit-là; les maquisards se trouvaient sur la voie ferrée et, en fait, moi j’étais installé sur le côté sud avec ma mitrailleuse Bren [mitrailleuse légère]. Et mes amis ont placé les charges [d’explosif]. Il s’agissait d’un petit appareil; vous pouviez le placer en dessous de la voie à environ un mètre de la charge principale. Quand le train pesait de tout son poids sur la charge, ça faisait sauter un tronçon de la voie, et le train allait, bien évidemment, passer par-dessus. Mais entre temps, on serait partis.
On a participé à une opération dont le nom était CANUCK [janvier 1945]. C’était dans la vallée du Pô, à un endroit qui s’appelait Alba dans le Cuneo [province en Italie]. Avant qu’on arrive, le groupe principal, je devrais dire le groupe de reconnaissance, le Capitaine [Buck] Macdonald [le chef canadien de l’opération], l’opérateur radio et deux autres gars y allaient, deux ou trois semaines à l’avance, et ils s’occupaient de l’organisation des partisans du secteur qui étaient de notre côté. Et ils organisaient pour nous, le groupe principal, l’arrivée, et l’appui. Et il y avait des gars du SOE [Special Operation Executive] là-bas, aussi.
On a sauté dans la vallée, à une trentaine de kilomètres d’Alba. Il y avait un endroit qui s’appelait Castino, et un autre qui s’appelait San Donato. C’était des petits villages perchés dans les collines, et on s’est organisés avec les partisans là-haut, et on est descendus en camions, et autres véhicules disponibles, dans les alentours d’Alba. On s’est placés au sommet de la colline et on a couvert les partisans qui sont allés attaquer la ville. Mais à plusieurs reprises, les soldats fascistes [Allemands et Italiens], ils avaient des mortiers lourds, ils nous les ont envoyés en haut (les obus de mortier), et on n’a pas réussi à la prendre pendant au moins trois semaines, je crois. On est descendus trois fois et la dernière fois, on a pris la ville. Et après on a continué avec les mitrailleuses dans la ville, juste pour liquider les tireurs embusqués.
Et on est restés là-bas jusqu’à, un petit moment, on est allés à un endroit qui s’appelait Cuneo [dans le Piedmont en Italie] et ils liquidaient les Allemands là-bas. Il y avait beaucoup de coups de feu tirés par des tireurs embusqués et ça a été la fin de notre temps en Italie.
La BBC nous envoyait des nouvelles [par radio]; et on avait un code, en fait, j’ai encore la carte en soie, et le code pour arriver à déchiffrer, ça vous disait qui se trouvait dans le coin, quelle région, et quand les avions venaient pour le ravitaillement, quelle nuit ils allaient venir, et on devait mettre des lumières dans la zone de largage, c’était seulement un bidon d’essence, et des lumières, et ils larguaient le ravitaillement.
Le régiment [SAS] a été démantelé en octobre 1945, alors on pouvait aller dans le régiment de notre choix. Je suis retourné dans mon régiment d’origine, le Régiment de parachutistes, et j’ai servi mes six derniers mois, neuf mois je crois, en Palestine avec le 7e Bataillon de parachutistes.
C’était une bonne unité [le SAS], beaucoup de bons souvenirs, et je suis allé à de nombreuses réunions. Comme je l’ai dit, on va mettre des couronnes sur les tombes et on se retrouve à Londres une fois par an.