Project Mémoire

Jack Stapleton

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Jill Paterson
Jill Paterson
Jack Stapleton, Ottawa, 2009.
Jill Paterson
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Les médailles de Jack Stapleton (de gauche à droite): 1939-45; Pacific Star; Médaille du Service des Volontaires Canadiens; Médaille de Guerre (1939-45); Médaille du Jubilée de la Reine.
Jill Paterson
Ce fut un cas de combustion spontanée. Il avait plu toute la journée. Nous avions alimenté les chaudières avec du charbon mouillé avant de tout refermer. Cette nuit-là, vers 01 h 00, tout a sauté
Pelleter du charbon dans les chaudières d’un navire est un travail très dur. Beaucoup de charbon à pelleter. Je ne peux pas en dire beaucoup plus là-dessus, c’est un travail très difficile. De nos jours, c’est complètement différent; ils brûlent de l’huile. Il y avait deux gars sur un quart de travail d’une durée de quatre heures. C’était un navire canadien mais c’était un ‘’prix’’ de la Première Guerre mondiale, de la marine marchande allemande (son premier navire était le navire commercial SS Philip T. Dodge). Boy ! C’était tout un navire mais sale, malpropre et tout à bord était en mauvais état, les toilettes et tout. C’était un navire affreux. Et, tout a sauté dans le Port de Louisbourg, tout le monde a eu la trouille. Ce fut un cas de combustion spontanée. Il avait plu toute la journée. Nous avions alimenté les chaudières avec du charbon mouillé avant de tout refermer. Cette nuit-là, vers 01 h 00, tout a sauté. Mes oreilles me sillent depuis. Il y a deux ans, j’ai pu finalement obtenir compensation du gouvernement. Mais, je vous dis, mes oreilles sillent depuis ce jour-là et elles sillent encore. 1944, Louisbourg, Nouvelle-Écosse. Ce fut une très mauvaise chose. Cette explosion a terrifié tout le monde. Pas de morts par contre. Et, ils l’ont gardé (le bateau qui a explosé, le SS Philip T. Dodge). En fait, ils l’ont vendu après la guerre, ils l’ont vendu à la Chine. Pendant notre séjour en Inde, nous sommes allés à Karachi, qui était en Inde à cette époque. Et, Bombay et Cochin et tout autour de Calcutta. Nous sommes revenus en passant par le canal du Suez. Nous avons déposé des choses à Suez, à Malte. Nous passions notre temps à ramasser et déposer divers produits et articles. Je sais que nous avons obtenu plusieurs tapis. Nous avons apporté beaucoup d’alcool, ça je le sais, et toute sorte de choses pour les Américains là-bas. Nous leur avons apporté vraiment beaucoup de marchandise. Je ne sais pas, ce n’était pas très bon à cette époque (en Inde). On me dit que c’est beaucoup mieux maintenant. Je suis retourné dans les environs après la guerre. J’ai navigué au large sur des remorqueurs parmi les puits de forage pétrolier. J’ai eu la chance d’y retourner. Nous n’avions jamais visité ces lieux, pour des raisons quelconques, nous y sommes jamais allés, nous sommes simplement rentrés à la maison. Mais j’ai ouï-dire que c’est beaucoup plus propre aujourd’hui. À l’époque de la guerre, Calcutta était une ville complètement délabrée, c’était atroce. Nous n’étions pas sensés y aller la nuit parce que le pays se battait pour son indépendance. On nous avait ordonné de rester à bord la nuit. Nous avons quand même visité Calcutta où nous avons rencontré des pilotes Américains qui avaient survolé l’Himalaya (‘’to fly the Hump’’ en anglais). Nous sortions prendre un verre et faire la fête ensemble une fois de temps en temps. Nous sommes restés un bon moment. C’était aussi un endroit très malpropre. Et, la rivière Hooghly ! Quel dégât ! Ils n’enterrent pas leurs morts, ils les brûlent. Et, ils n’ont pas assez d’argent pour acheter assez de bois pour les incinérer complètement. Alors, ils jettent à la rivière les parties qui ne sont pas incinérées. C’est très dérangeant de voir des cadavres dans la rivière. C’est un endroit, sale, malsain.