Project Mémoire

Jacques Andre Catudal

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Jacques Catudal
Jacques Catudal
Jacques Catudal sur sa moto, vers 1944.
Jacques Catudal
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Jacques Catudal (premier à droite) à Courtenay, Colombie Britannique, 1945.
Jacques Catudal
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Jacques Catudal, vers 1944.
Jacques Catudal
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Jacques Catudal (au milieu, second plan) à Port Hardy, Colombie Britannique, 1945.
Jacques Catudal
L'Institut Historica-Dominion
L'Institut Historica-Dominion
Jacques Catudal à Montréal, Québec, le 27 janvier 2010.
L'Institut Historica-Dominion
Alors j'ai dit, je suis conscrit, je vais signer dans l'armée active.
Lorsque la conscription est arrivée, je n'étais pas protégé parce que je n'étais pas un universitaire. J'étais un jeune homme qui essayait de faire son chemin dans la vie. Alors, j'étais apte aux exigences de la conscription et j'ai été appelé. Mais la malchance s'est acharnée sur moi; j'ai perdu un an parce que le médecin qui avait passé mon examen médical du temps a perdu mon dossier. Alors, les messieurs de la Gendarmerie royale sont venus chez moi parce que j'avais voulu être embauché à la compagnie Singer qui était un gros manufacturier à Saint-Jean, les machines à coudre Singer. Quelques mois après- pas quelques mois, quelques semaines après, la Gendarmerie était chez moi. Alors j'ai dit, « J'ai passé les examens chez le docteur Watson ». Ils m'ont dit, « Est-ce qu'on peut le voir? » J'ai dit oui. J'ai pris le téléphone et je l'ai appelé, il a dit, « Venez vous en ». Puis là on nous assermenté l’élu. Mais dans le courrier mon application s'est perdue. On m'a dit de ne pas quitter Saint-Jean. Mais j'ai dit, « Je dois quitter Saint-Jean pour une période de quinze jours pour aller dans un camp de Scouts ». Parce que j'étais un peu plus vieux, j'étais dans la Scout maîtrise qu'on appelle. J'ai dit, on s'en va à Vendée, dans les Laurentides. Après ça, j'ai dit, on revient. Ils m'ont dit, «D'accord pas de problème, vous nous appellerez quand vous seriez de retour». Alors, j'ai appelé. Ma mère était pas mal inquiète, d’avoir la Gendarmerie royale à la maison. « Mon garçon », elle dit, « qu'est-ce que t'as fais ? » J'ai dit, « J'ai rien fait maman, sois pas inquiète ». J'ai dit, « Je suis là sur la conscription ». Alors, mon père avait voulu que j'aille faire application à la compagnie Singer pour me trouver de l'ouvrage parce que j'étais à un âge où il fallait que je travaille. Si je ne voulais pas continuer mes études, il fallait que je travaille. Au lieu de travailler, le gouvernement canadien m'a trouvé une belle position dans l'armée canadienne. Mais j'étais toujours un conscrit. Alors, un mois, un mois et demi après mon entrée en service, il y avait une campagne de publicité sur l'enrôlement volontaire. Alors j'ai dit, je suis conscrit, je vais signer dans l'armée active. Alors, j'ai signé dans l'armée active la même année, un mois après mon entrée. De là, la péripétie de la vie est arrivée; les mobilisations, le camp militaire, les camps d'instructeurs, les camps de cours spécialisés. À un moment donné, je me suis retrouvé dans la Colombie-Britannique, dans la ville de Vancouver par le train transcontinental qui existait dans le temps. C'était un très beau voyage. On était un groupe de quatre. On n'était pas tout un peloton ou toute une compagnie, on était quatre. Sur les quatre, on était trois qui venaient de l'école de «dispatch rider » (estafette) et l'autre nommé McKinnon, qui était de l'Ontario. Alors, on était deux du Québec et un de la Nouvelle-Écosse, qui était un bon copain. On est devenu des bons copains parce qu'on avait fait une école de spécialisation en motocyclette. Alors, on avait étudié un mois, un mois et demi à conduire. On a fait un cours de pratique et théorie sur une motocyclette et on est resté des bons copains. On a été expédié tous les trois sur le même mais on n'a pas été longtemps ensemble; on a été séparé. D'autres ont occupé d'autres camps, moi on m'a envoyé à Port Hardy, qui est à l'extrême sud [nord] de l'île [de Vancouver] qui donne tout près des États-Unis. Le quotidien, il y avait toujours un peu ce que dans l'armée, l'appel des membres, le roll call, chaque jour pour voir si on ne s'était pas sauvé. Il n'y avait pas grande chance qu'on se sauve dans cette situation-là. Après, c'était les heures des corps de garde. Alors on était transporté en half-track sur la grève et on faisait de l'observation ensemble au cas où il y aurait un sous-marin qui aurait sorti pour livrer des espions, quelque soit, quelque chose. Parce que le DEW line (réseau d’alerte avancé) prenait à peu près, je pense, que c'était sept miles; une certaine distance. Ils n'allaient pas directement à la grève, un sous-marin pouvait passer en-dessous parce qu'il ne pénétrait pas l'eau, c'est en surface. Un de mes copains à un moment donné la frousse lui poigne. Il a vu un genre de périscope. Il nous a alertés, il nous a dirigés parce qu'on était à une certaine distance entre chacun. Là on s'est mis à rire, on s'est dit ce n'est pas un périscope ça, c'est un requin qui se promène ! Christophe ! Lâche-moi le périscope ! Alors c'est une boutade qui est arrivée, on a eu du plaisir avec ça, on l'a taquiné très longtemps, malheureusement pour lui. Parce que moi dans ce camp là et à Nanaimo aussi, on m'appelait pas Catudal, pas Jacques, pas mon numéro – «Frenchie », parce que j'étais un Frenchman. Alors, j'avais le titre de «Frenchie » et c'est ça qu'on m'appelait. Alors moi je n'ai pas riposté à ça, j'ai accepté. Parce que si tu ripostes, ça soulève les étrangers un peu et ça les apporte à t'agacer. Alors moi ils ont frappé un nœud parce que je n'ai pas riposté, j'ai accepté « Frenchie », so what (peu importe)? Parce que j'étais peut-être le seul qui parlait français dans le groupe ! De dire la guerre s’était terminée avec l’Allemagne, là on était tous heureux. On ne fait plus rien. Mais là on dit non, ici on a le Pacifique quand même, alors on continue à s'entraîner parce qu'avec le Japon, ce n'était pas fini. Avec le Japon, ça a fini plus tard. Alors on est resté une autre année, pas une autre année, mais quelques mois là. Le Japon a signé pas longtemps après. Alors là on a rapatrié graduellement mais je n'ai pas été renvoyé au Québec immédiatement. J'ai servi dans une unité de démolition, pour démolir, défaire des camps [militaires] sur la côte du Pacifique.