Je m’appelle James Graham Burns. Je suis né dans une petite ville du nom de Kirkintilloch qui se trouve juste à l’extérieur de Glasgow en Ecosse. On est arrivé au Canada en 1926, l’établissement de soldats de la Première Guerre mondiale, mon père a fait la Première Guerre mondiale et il était dans le génie. Evidemment à cette époque, il s’agissait plus de chevaux que de quoi que ce soit d’autre mais ils tiraient les chargements de matériel et certaines armes lourdes. Je ne sais pas grand-chose à propos de tout ça parce qu’il n’en parlait pas et je n’en ai jamais parlé non plus jusqu’à maintenant. Je suis, je me demande pourquoi j’en parle maintenant. (rires) Mais si ça peut aider les jeunes générations à comprendre qu’il y a mieux à faire, alors ça vaut la peine que j’en parle.
Une fois à Terre-Neuve, j’ai travaillé dans les docks, dans l’équipe d’électriciens du chantier naval. Je n’y étais pas depuis longtemps quand j’ai eu à nouveau quelques ennuis et ils m’ont mis sur un, ils appelaient ça une corvette classe flower en piteux état. En fait, j’avais le choix. Soit je prenais la mer sur ce vieux rafiot pourri soit j’étais envoyé dans l’endroit qui a des barreaux. Alors j’ai choisi la vieille NCSM Matapedia, c’était son nom. Et on était dans l’Atlantique nord. On était sur la Triangle Run entre Halifax, Terre-Neuve et soit Boston soit New York. Et on escortait les convois dans cette zone.
Et en général, on allait chercher le convoi à mi-chemin. Partant d’Irlande du nord, ils étaient escortés jusqu'à ce qu’on les prenne en charge, en direction de, du point de ravitaillement suivant et on les raccompagnait, et puis ils étaient à nouveau pris en charge de l’autre côté.
J’ai juste oublié en quelle année c’était mais notre vieille petite Matapedia a été heurtée dans le brouillard par l’étrave d’un cargo à l’entrée du port de New York. Heureusement, on a survécu. Moi, j’étais responsable des torpilles, et j’avais dû désamorcer les grenades sous-marines de sorte que si le rafiot avait sombré complètement, mes compagnons auraient eu une chance de s’en sortir. Parce que si les grenades sous-marines avaient explosées, ça aurait été la fin pour eux.
Et une autre chose plutôt marrante là. Il y avait un jeune gars qui était censé me donner un coup de main mais il avait tellement la trouille. Et quand je me suis approché, il était à genoux par terre en train de prier et j’ai pensé en moi-même, et après je lui ai dit, fils, tu ferais mieux d’apprendre à travailler et à prier parce que Dieu il aide seulement ceux qui s’aident eux-mêmes. En y repensant maintenant, c’était sans doute un peu dur, mais c’est comme ça que j’étais à l’époque.
Le pire des moments, je suppose que c’était la dernière partie en 1943 par là. Presque toutes les nuits, les sous-marins faisaient sauter un cargo et la plupart d’entre eux transportaient du carburant. Et bien entendu, la mer était en flammes tout autour. Et ça c’est le genre de choses en ce temps-là bien-sûr, malheureusement les gens étaient mêlés à ça. Et tout ça ce n’est pas exactement le genre de choses qu’on aime raconter au coin du feu le soir. Donc, on va laisser ça de côté.
Quand on était là-bas dans, presque, dans la Manche, entre l’île de Man, et quand on arrivait assez près, on n’avait jamais le droit d’accoster dans les docks parce qu’on transportait du carburant pour les avions qui était hautement inflammable. Alors on amarrait le bateau dans les ports. Mais quand on était là, alors ils pouvaient avoir un spectacle, les troupes, ces troupes qui tournaient et qui faisaient des petits spectacles, alors ce qu’on faisait c’était qu’on dégageait la plateforme du hangar comme ça tout le monde pouvait s’asseoir au sec et on faisait descendre un monte-charge, juste à la hauteur d’une estrade. Et on avait une de ces troupes qui se produisait dessus. Bon, on avait de la chance. On avait notre propre orchestre, on avait, quand on y pense, il y avait 700 gars sur un de ces trucs, alors on avait notre propre orchestre et quelques comiques. Et je, croyez le ou non, ces vieilles cordes sont toutes rouillées mais je chantais plutôt bien dans le temps et je chantais des chansons populaires de l’époque, des choses comme « White Cliffs of Dover » et, et tout un tas de choses amusantes. Alors on organisait tout et puis on les amenaient sur le navire dans des petits bateaux de partout et des établissements à terre aussi. Et quelquefois il y avait un monde fou. Et ça c’est une des choses qu’on faisait pour rompre la monotonie.
On jouait aussi pas mal au hockey. Rien de plus satisfaisant que de taper un officier sur le derrière. (rires) Et c’était un des trucs qui était très populaire quand le temps le permettait. Sur la vieille corvette, on était de sortie et ça avait essuyé un temps vraiment très mauvais. Tout avait gelé, au point qu’on ne pouvait plus manœuvrer le bateau, elle tanguait tellement qu’on avait peur de ne plus pouvoir rentrer. Alors tout le monde cassait la glace. Et on avait débité les canots de survie et les chaloupes. Et bien-sûr, on était très en retard sur l’heure où on devait arriver au port. On est arrivé à Halifax. Evidemment la première chose qu’on devait faire c’était de téléphoner chez nous car on avait déjà été portés disparus. Et comme un des gars m’avait dit, Boots, ils m’appelaient Boots, tu ne pourras jamais te noyer tu es né pour être pendu. (rires) Il avait raison pour sûr, je ne me suis pas noyé. (rires)