Project Mémoire

James Edward Brown

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

James E. Brown
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Ecusson du HMCS <em>Monnow</em>.
James E. Brown
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Une section d'abordage provenant de la HMCS <em>Monnow</em> à bord d'un U-boat allemand après le reddition de l'Allemagne en 1945. Notez que le drapeau blanc canadien a été levé sur le sous-marin allemand.
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Médaille soviétique, dans une boîte rouge, portant une inscription en russe au revers. Elle a été attribuée en 1988 aux vétérans de l'armée navale de la Seconde Guerre Mondiale, qui ont servi à Mourmansk.
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Les forces de frappe EG-9 étaient en escorte de convoi, dirigé vers Mourmansk, quand l'Allemagne s'est rendue. On a ordonné à la Force d'intercepter un groupe de quinze U-boats allemands au large des côtes norvégiennes et de les escorter jusqu'en Ecosse. La photo est prise depuis le HMCS <em>Monnow</em>.
James E. Brown
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Plaque d'identification attribuée à Jim Brown en juillet 1945. Inscription du nom du propriétaire, le numéro, la branche de service, l'affiliation religieuse, et le groupe sanguin.
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C'était un peu effrayant parce qu’on ne savait pas si ces gens là étaient au courant que la guerre était finie.

Je m'appelle James Edward Brown. Lorsqu'on a fini notre instruction à Cornwallis, ils nous ont embarqués sur ce qu'ils appelaient le Beaver. Le HMCS Beaver était un petit navire d'instruction qu'ils avaient amarré à Cornwallis. Et puis, ils nous ont amenés à travers la baie de Fundy jusqu'à Saint John et c'était dur, je te dis, c'était dur. Plusieurs d'entre nous étaient malades, mais nous sommes quand même restés la nuit à Saint-John et puis le lendemain, nous nous sommes embarqués de nouveau et nous sommes retournés à Cornwallis. C'était notre quotidien en mer, hein, à part voir un pêcheur de baleines ici et là. (Il rit)

Je faisais parti du régiment d’artillerie, donc il fallait que je nettoie des armes à feu. Mon ingénieur en armement, qui était le chef du groupe d'artillerie sur notre navire, venait me voir et me disait, « Jim où as-tu trouvé cette pièce ? Je n'ai jamais vu une telle affaire. ». C'étaient des 20 millimètres qu'on démontait, tu vois, parce qu'ils étaient placés haut, là où l'eau de la mer pouvait les éclabousser, et il fallait donc les démonter pour les graisser et nettoyer.

Notre alimentation, aussi loin que je me souvienne, était parfaite. J'ai déjà entendu d'autres gars de la guerre se plaindre en disant qu'ils manquaient de ci ou de ça, mais nous, nous avions tout. Aussi loin que je me souvienne, personne d'entre nous ne mourrait de faim, et lorsque nous rentrions au port, il y avait de grands paniers d’osier plein de pain frais et de boîtes de conserves remplies de lait frais qui nous attendaient. Et je te dis que c'était un grand plaisir lorsqu'on rentrait au port.

Si la mer était très agitée, ils plaçaient un grand morceau d'étain carré sur le poêle, peut être d'une grandeur de douze pouces, et je ne sais plus, peut-être d'une largeur de deux et demi ou trois pouces. Et puis ils y mettaient des tomates en conserve et du bacon. On appelait cela « plomb rouge et bacon », oui, c'est comme ça qu'on l'appelait. En tout cas, c'est ça qu'on mangeait lorsque la mer était agitée parce que la nourriture pouvait rester là sur ce gros morceau d’étain et qu’on pouvait cuisiner sur le dessus du poêle.

Nous étions le premier convoi à traverser sans perdre un navire. C'était un trajet impressionnant puisque nous étions un énorme convoi. Je ne me souviens plus du chiffre exacte, mais il me semble qu'il y avait 45 navires militaires et 85 navires marchands. Nous avons transporté tous les navires que nous utilisions habituellement il me semble. Nous avions 50 tonnes de médicaments sur nos passerelles d'embarquement qui allaient être livrées à la Russie. J'imagine que c'est à cause de cette opération que j'ai reçu une médaille de la Russie, mais je n’en suis pas certain.

Nous commencions à garder nos distances de la côte Norvégienne autant que possible car les allemands s’y trouvaient. Oui, j'en ai eu un, j'en ai descendu un qui revenait. Oui, un JU88. Pendant le trajet de Mourmansk il n'y avait pas beaucoup de soleil. Surtout pendant l'hiver. Lorsque nous sommes revenus, ils nous visaient un peu, mais ils sont tombés sur des navires vides, je crois, revenant de Russie. Cela est arrivé quand nous étions dans un lieu où j’étais chargé de surveiller le temps, et nous étions à des postes de combats que nous avons dû fermer parce qu’ils visaient les navires derrière nous. Nous avions une force de frappe EG 9 et nous étions en tête des convois. À ce moment là j’ai regardé dans le ciel et j'ai vu un avion qui arrivait. Ce n'était qu'une silhouette dans le ciel et j'ai dit, « il y en a un qui s'en vient là » et j'ai attendu et attendu qu'il s'approche à portée et puis j'ai tiré avec mon 20 millimètres et il a disparu dans l'océan. J'ai jeté un coup d'œil du côté de l'autre navire et il y avait un autre avion qui arrivait et donc j'ai hurlé au gars sur l'autre coté du navire. J'ai dit, « attends, attends qu'il soit à portée parce que ton 20 millimètres ne suffira pas pour cette distance. » Mais il a tiré quand même et l'avion s'est sauvé.

Bien que nous devions faire des convois, nous avons fait seulement celui-là. Le deuxième devait être d'aller récupérer les sous-marins, mais la guerre était finie. C'était un peu effrayant parce qu’on ne savait pas si ces gens là étaient au courant que la guerre était finie. Nous sommes allés là-bas et nous avons cherché quinze sous-marins et cinq navires marchands, qui étaient les navires principaux fournissant la nourriture, l'huile et tout ce qui était nécessaire aux sous-marins. Nous sommes donc allés les chercher et on est arrivé un matin très tôt et oh…c'est effrayant, c’était effrayant.

On passe à travers tout ça, on est entrainé jour après jour et on connait; et soudain, nous n’y sommes plus. Il n'y a plus personne qui te crie après, ou te dit quoi faire, tu ne cours plus, et tu n'as plus besoin de faire le salut militaire. Mon dieu, je me souviens que lorsqu'on avait commencé, on saluait même les conducteurs de trams à Saint John (il rit). Et puis c'est fini, après trois ans, tout est fini. Et ça prend du temps à s'habituer de nouveau, c'est comme réapprendre à vivre.