Project Mémoire

James Jimmy Burstein

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

L'Institut Historica-Dominion
L'Institut Historica-Dominion
Dr. James Burstein, 2011.
L'Institut Historica-Dominion
Je m’occupais des soins dentaires des prisonniers de guerre. Ils recevaient des soins de la même qualité que n’importe qui d’autre. Honnêtement, je ne les ai jamais piqués intentionnellement ou fait un plombage de mauvaise qualité.
Bon, j’étais à l’école dentaire à l’époque. À cette époque, pendant la guerre, on faisait une formation accélérée. Normalement la formation complète durait cinq ans mais ils l’avaient réduite à quatre donc on avait moins de vacances en été. Puis la dernière année qu’on passait à l’école, la dernière session, on pouvait s’engager dans l’armée, comme simples soldats. Et quand j’étais soldat en même temps que j’étais étudiant, le jour du diplôme, on est devenus lieutenants. Et en fait j’ai reçu mon diplôme le jour de la Victoire en Europe, une des dates les plus importantes dans l’histoire du monde. On a été nommé lieutenants et ensuite, quand j’ai quitté l’armée en 1946, j’étais capitaine. Je me souviens que quand on était à l’école, il y avait un des professeurs qui nous avait fait nous sentir assez nuls parce qu’un de ses enfants ou un de ses neveux ou autre était dans l’armée et nous on était ici, on était à l’école ; comme si on essayait d’échapper à l’armée. Mais ce n’était pas le cas. Je veux dire, je pense que pas un seul des gars que je connaissais dans notre classe n’était là que pour éviter le service. Quand on nous a proposé de nous engager dans l’armée, la plupart de, quasiment 100% de la classe a signé. Je crois que quand j’ai enfin reçu mon diplôme, c’est là que la partie excitante a commencé. Et j’étais un gamin et j’avais hâte de voyager. Et j’ai reçu ma première affectation. C’était au NCSM York (base navale à Toronto, Ontario), qui était dans l’Automotive Building du parc des expositions (Exhibition Place, Toronto). Et j’habitais chez mes parents. Et j’étais tellement déçu de ne pas partir ailleurs. Et tous mes amis, j’avais un ami qui était marié à ce moment-là, il voulait échanger avec moi. Bon, on ne pouvait pas échanger. Et moi je me plains parce que je suis toujours ici à Toronto. Ils pensaient que je plaisantais, j’étais tellement déçu du fait que je n’allais pas voyager. Puis j’ai eu, j’ai passé quelques mois là-bas et mon commandant, qui était un peu bégueule, un jour il est venu vers moi et me dit : « Jimmy on va t’expédier quelque part. », en pensant que j’allais être terriblement déçu. J’ai dit : « Formidable, où est-ce que je vais ? Hamilton ? » (rire) En tout cas, je me suis finalement retrouvé à Lachine, juste en dehors de Montréal, sur une base de l’armée de l’air. À cette époque le corps dentaire faisait partie de l’armée de terre, le corps dentaire s’occupait des gens de l’armée de terre, de la marine et de l’armée de l’air, mais on était avec l’armée de terre. Bon, le corps dentaire, on s’occupait évidemment des gradés et hommes de troupes et ce qui était intéressant, une fois je travaillais dans une clinique, qui était à l’époque Long Branch, juste à l’extérieur de Toronto et je m’occupais des soins dentaires des prisonniers de guerre. Ils recevaient des soins de la même qualité que n’importe qui d’autre. Honnêtement, je ne les ai jamais piqués intentionnellement ou fait un plombage de mauvaise qualité. C’était une blague parce qu’aucun d’entre eux ne reconnaissait être allemand. « Non, on vient de Pétaouchnock, ou bien on est ceci ou on est cela. » Non, on ne plaisante pas. Ils étaient peut-être hongrois ou quelque chose, mais, aucun d’entre eux n’admettait venir d’Autriche ou d’Allemagne. Et à cette époque, l’endroit où ils étaient internés c’était à Muskoka (Ontario), là où se trouve le Sands Hotel aujourd’hui. C’était magnifique. C’est là que se trouvaient les prisonniers de guerre. À l’époque, les trucs qu’on nous donnait, on nous donnait une pompe à pied pour faire marcher la roulette. Oui, c’est exact, une pompe à pied ; vous imaginez ? Et il y avait des gars qui avaient leur assistant qui pompait pour eux, mais moi je me débrouillais tout seul parce que je voulais apprendre. Alors vous imaginez les soins dentaires aujourd’hui avec les instruments à grande vitesse, tout est à grande vitesse, et utiliser un pompe à pied pour les faire fonctionner. En ce temps là, on n’avait pas d’aiguilles jetables. On stérilisait les aiguilles dans de l’eau bouillante et quelquefois on les utilisait jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de pointe au bout de l’aiguille. C’était nul. Croyez-moi, la dentisterie était un peu différente à l’époque de mon diplôme. Et il y a eu tellement d’améliorations depuis, c’est fantastique. En fait, pour moi c’était une très bonne, c’était un peu comme faire un stage. Je venais de sortir de l’école, alors j’étais encore en train d’apprendre et c’était un bon endroit pour apprendre. Mon seul regret c’est, j’aurais pu avoir une chance d’aller outre-mer même après la fin de la guerre parce que les gars rentraient mais j’étais tellement impatient d’entrer dans la vie active et commencer à gagner ma vie et je regrette vraiment de ne pas être parti outre-mer. À ce moment-là, il n’y avait plus le problème de la peur de se faire prendre par la guerre, mais comme je l’ai dit, on était tellement, la plupart d’entre nous avaient tellement hâte de démarrer dans la vie active. Mais c’est, qu’est-ce que je peux bien encore vous raconter ?