On avait de bons chefs. On avait un bon sergent et un officier, et c’était le meilleur. Il y avait des caporaux qui étaient bien ; et on avait un bon commandement pour ce qui était de cela, jusqu’au bout, depuis le premier jour où je suis arrivé, au jour où je suis reparti. J’ai traversé tout ça plutôt bien, sans devenir neuneu (souffrir de troubles post traumatiques) et tout ça.
Une fois, on a coupé à travers ce champ où on les avait écrasés et je creusais une tranchée étroite, et ça ressemblait à un gros remblai là où ils avaient creusé ce drain pour faire passer l’eau. Et les obus de mortier tombaient tout autour de nous, ils étaient en train d’anéantir leurs gars. Et je creusais une tranchée et ce gars s’est amené et il, je ne savais pas ça, les balles volaient, les mortiers tombaient tout autour de nous.
Et ce gars est venu et m’a sauté sur le dos. J’ai cru qu’un mortier m’avait touché. J’ai dit, qu’est-ce que tu fabriques ? Il a répondu, j’ai peur des bombes. J’ai dit, bon lève-toi, vas creuser ta propre tranchée. (rire) Je l’ai gardé là jusqu’à ce que les bombes s’arrêtent. Et puis, il est sorti à ce moment-là. Mais oh bon sang, quelle trouille j’ai eue. Vous imaginez ça vous êtes allongé à cette profondeur là et ces grosses bottes de l’armée qui vous tombent sur le dos. (rire) je vous le dis, c’était vraiment bizarre.
Oui, j’ai vu beaucoup de gars se faire descendre ce jour-là. Ils allaient au dessus de ce monticule de terre et ils essayaient de passer par dessus et une fois qu’ils arrivaient en haut, les allemands avaient des mitrailleuses, qui liquidaient nos gars. On a perdu près de la moitié du régiment ce jour-là. Vous esquiviez les balles, je veux dire, tant que vous ne voyiez pas quelqu’un de tué, et vous aviez de l’air derrière vous, ce n’était pas trop mal. Mais on ne faisait qu’avancer, avancer.
On a capturé un paquet d’allemands la nuit, cette nuit-là, et mon mitrailleur Bren disait, Jim, tu portes la Bren pendant un moment. Alors il capturait un allemand, on faisait tous ça, et il avait cette petite mitraillette belge. Alors il l’a portée pendant un moment. J’ai dit, qu’est ce que tu as fait de mon fusil ? Il a dit, je ne sais pas ce que j’en ai fait. Le lendemain, je devais monter, je devais prendre… En fait c’était un pistolet Beretta semi automatique. Il me l’a donné, il ne restait qu’une balle dedans. Et puis l’officier a dit, allons, il faut qu’on aille là-dedans. On avait des lance-flammes devant nous, qui tiraient sur ce groupe de parachutistes allemands et ils étaient mal. Ils n’ont pas couru du tout, ils sont juste restés là avec toutes les flammes qui sortaient des lance-flammes qui leur arrivaient dessus dans les bois. Ils nous glaçaient le sang.
Ce major du PEI, je l’ai vu se faire toucher : une balle lui est passé tout droit à travers la jambe, elle est passé tout droit d’une jambe à l’autre. Il était debout devant une chenillette, il est juste venu pour s’occuper de nous. Et j’étais dans la tranchée. J’ai juste sorti la tête pour regarder ce qui se passait. Et il a dit, allez, allons-y les garçons. Et bingo ! Il a juste fait un pas de côté devant la chenillette et je l’ai vu, pouf, comme ça, il s’est écroulé. Un gars l’a traîné vers (il était dans la tranchée derrière lui), l’a traîné et l’a arrangé. J’ai vu cet homme après coup, après que la guerre soit terminée, il vendait des trucs qui venaient de l’île ici, des œufs et du beurre et des trucs comme ça au magasin de mon père et je l’ai vu. Il est entré et il avait deux cannes, parce qu’il a été touché aux deux jambes, je suppose qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas du côté des os. Et j’ai dit, mon Dieu. J’ai dit, je vous ai vu vous faire blesser. (rire) Vous savez, il s’est écroulé.