Project Mémoire

James William Smitherman

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

James William Smitherman
James William Smitherman
Rabat d'uniforme de cérémonie de la Marine Royale Canadienne, années 1940.
James William Smitherman
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Médailles de James Smitherman: Étoile 1939-45; Étoile de l'Atlantique; Médaille du Service des Volontaires Canadiens; Médaille de guerre (1939-45).
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James William Smitherman dans les années 1940.
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Grenade sous-marine sur le HMCS Bittersweet, années 1940.
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HMCS Bittersweet, bâteau sur lequel James Smitherman a navigué en majorité lors de son service pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il a dû être ravitaillé deux fois en combustible pour traverser l'Atlantique. En 1944, il a fait partie d'un grand convoi de 12 miles de largeur et d'approximativement 120 bâteaux. Le convoi a mis 2 semaines pour traverser de St John à l'Islande car il devait aller à la vitesse du bâteau le plus lent.
James William Smitherman
C’était donc environ 3 000 livres de TNT qui exploseraient presque simultanément. Et je devais déterminer la profondeur.
Et puis finalement on m’a envoyé sur le NCSM Bittersweet. Une dizaine de ces bateaux avaient été construits et on leur avaient tous donné des noms de fleurs. Et ils avaient tous été construits au Canada et on les avait construit pour les anglais. Et quand ils ont fait la traversée, ils ont juste traversé avec un éclaireur et un équipage. Et puis ils se sont aperçus que les anglais n’avaient pas d’hommes à mettre dessus, alors ils ont embarqué du personnel canadien. Et c’est comme ça que je me suis retrouvé sur le Bittersweet et j’ai vraiment aimé ça, c’était un bon bateau. Et on a navigué de St John à Terre Neuve, jusqu’à, on faisait descendre les convois par la mer d’Irlande et ils allaient en Angleterre ensuite. Bristol en général, et ils retournaient à Londonderry et on restait amarré là pendant trois ou quatre jours et ensuite on repartait avec un autre convoi. Et quelquefois on devait attendre. Quand on partait, on était prêts à les reprendre parce qu’ils étaient sous escorte depuis la Russie ou autre part. Et on prenait en charge ces cargos et on les amenait jusqu’à Terre Neuve et ils étaient repris par une autre escorte, ce qu’ils appelaient la route triangulaire. Et ils pouvaient les amener à New York ou Boston ou Halifax et ils étaient réapprovisionnés et la route triangulaire les ramenait au large de Terre Neuve et on les reprenait en charge. Il y avait plusieurs escortes. La nôtre s’appelait la C3. On avait trois feuilles d’érable sur nos cheminées. Et à presque chaque voyage, il arrivait un moment où on devait, on détectait ce qu’on pensait être un sous-marin, et on devait larguer des grenades sous-marines. On devait se réapprovisionner en carburant deux fois pendant la traversée. On devait s’insérer dans le convoi et rejoindre le navire de ravitaillement et on avançait en parallèle de celui-ci et on prenait les tuyaux et remplissait nos réservoirs de carburant. Et puis on s’écartait. Donc j’étais le chauffeur. Je m’occupais des chaudières et il y en avait un sur chaque chaudière. On avait trois foyers sur chaque chaudière et si j’étais de garde, je devais rester là. Quand c’était le moment des postes d’action, si je n’étais pas de garde, j’étais aux grenades sous-marines. J’étais sur le lanceur avant à bâbord, c’était celui des charges lourdes. Elles pesaient 158 kilos. Et quand on les larguait, on en envoyait dix par tir. Les rampes vous faisaient lâcher prise, les lanceurs avant étaient les suivants, et les lanceurs arrière et les rampes en libéraient quatre de plus. Ca faisait dans les 1350 kilos de TNT qui explosaient, à peu près au même moment. Et je devais programmer la profondeur. Ils nous donnaient un signal pour savoir à quelle profondeur ils les voulaient, alors c’est ce que je devais faire. Et ensuite j’enlevais la clef et les grenades sous-marines était en mode sécurité comme ça elles ne risquaient pas d’exploser ; il fallait retirer cette clef en premier pour faire en sorte qu’elles soient sans danger. Et puis après avoir passé presque un an sur le Bittersweet j’ai été blessé. Et il m’a fallu aller à l’hôpital ; je m’étais cassé la jambe gauche. Et quand je suis sorti, j’étais dans un bureau de recrutement là où la marine recrutait les marins pour les différents bateaux. Et au même moment, beaucoup d’entre eux se portaient volontaires pour aller se battre contre les japonais dans le Pacifique. Et ils avaient du mal à trouver des chauffeurs et c’était pour les dragueurs de mines. Alors je me suis porté volontaire et je suis allé sur le NCSM Fort William. Et on est allé outre-mer, on est passé par St John à Terre Neuve, descendu aux Açores, et puis remonté des Açores à Plymouth et ensuite à Portsmouth. On travaillait au large de Portsmouth. Or, les mines qu’on devait draguer avaient été mises là pour empêcher les sous-marins d’accéder aux ports et entrer dans la chenal. Il y avait deux grands champs de mines à l’entrée du chenal. Et je suis à peu près certain que ce sont ceux qu’on draguaient car je n’en ai jamais vu la terre ou quoi que ce soit. Ils ne parlaient pas trop de ça, c’était gardé secret en quelque sorte. Le même genre de bateaux sur lesquels je servais, ils ont été les premiers sur place le jour J, la flottille des dragueurs de mines canadiens, il sont arrivés le jour J. Je n’étais sur aucun d’entre eux alors c’est pour ça qu’on nous a demandé de revenir et d’enlever toutes ces mines. Et ce qu’on faisait c’est qu’on passait à travers le champ de mines et on faisait descendre un truc dans l’eau avec un câble dessus et des pinces coupantes. Et ça s’approchait de la mine là où elle se trouvait, et ça attrapait le câble. Et on coupait le câble et la mine remontait à la surface. Et il y avait un chalutier qui nous suivait et ils tiraient avec un canon de 20 mm sur ces mines. La plupart coulaient tout simplement. De temps en temps il y en avait une qui explosait. Le pire c’était, quelquefois elles se prenaient dans les câbles et j’étais de garde trois fois avec un gars qui avait été sur le HMS Nabob. C’était un petit porte-avions. Et il s’était fait torpiller. Et ils allaient abandonner le bateau quand le capitaine a eu l’idée de tout déplacer de l’autre côté pour avoir tout du même côté du bateau pour le maintenir à flot. Et ils ont réussi à rentrer au port. Et quel que soit le moment où ces mines explosaient, il était tout simplement terrifié. Il en avait tellement vu sur ce porte-avions. Vous pouviez voir qu’il était juste, et ces mines étaient très grosses, leur explosion était spectaculaires. Et la mine perdue était tout près du bateau quand ça arrivait parce qu’elle s’était prise dans le câble. Les hommes qui actionnaient la grande roue qui enroulait le câble, ils devaient faire très attention. Et ils étaient, ils étaient excellents dans ce qu’ils faisaient. Je suis très fier de ce que les canadiens ont fait. Je suis content d’avoir servi dans la marine et que et puis je suis rentré chez moi et on a fait ça jusqu’en octobre et je suis rentré chez moi, j’ai été rendu à la vie civile le 15 novembre 1945. Et je pense qu’on a le meilleur pays du monde.