En ce qui me concerne, je me suis porté volontaire et je me suis porté volontaire pour aller dans le Corps des transmissions (Corps des transmissions royal canadien). Donc on m’a envoyé à Camrose (Alberta) pour suivre l’entrainement militaire. Et puis ils savaient que ça ne m’intéressait pas de continuer ailleurs que dans le Corps des transmissions et le sergent major là-bas a dit : « Bon, tu peux nous servir d’instructeur pendant un mois ou deux et on va voir si on peut arranger ça. ». Alors j’ai été instructeur pendant quatre mois à Camrose.
Et puis ils avaient ce qu’on appelait un messager. Il venait tous les dix jours environ et donnait un morceau de papier au sergent ou à la personne qui assurait le commandement dans cette zone là, et il s’agissait d’un appel aux volontaires pour les parachutes, les parachutistes.
Et j’étais au fond de la salle d’exercices un jour avec mon sergent major, parce j’étais toujours un instructeur qui essayait de fiche le camp de là, et il a dit : « Kingsley, si j’étais à ta place j’essayerais de me présenter pour faire partie de ce groupe. » Et j’ai répondu : « Et bien, vous savez que j’avais un tympan perforé, et je pensais que ça ne pourrait sans doute pas marcher. » « Bon, dit-il, ça vaut la peine d’essayer. » Et j’ai répondu : « Vous avez parfaitement raison. » Alors j’y suis allé et je me suis inscrit.
Et ils ont commencé l’entraînement de parachutiste et si ma mémoire est bonne, on a été une vingtaine à recevoir notre brevet au bout de trois semaines. Vraiment très intense; un moment d’extrême fierté quand tous les vingt on a reçu nos brevets, ça l’était vraiment.
On est allé d’Angleterre en Belgique le jour de Noël. On dit toujours : « Ils ont eu un bon repas de Noël, déjeuner, à midi, à peu près, et on a commencé à embarquer sur les bateaux à 2 heures. Et on a dit qu’ils nous avaient bien nourris, on était prêts pour le coup de grâce.
Une ville qui s’appelait Rochefort (Belgique), c’était le bout ou le point le plus extrême de la bataille des Ardennes (du 16 décembre 1944 au 25 janvier 1945, offensive allemande de grande envergure à travers les Ardennes en Belgique, au Luxembourg et en France). Les Ardennes descendaient jusqu’en Belgique. Les Allemands sont allés aussi loin qu’ils ont pu à savoir Rochefort et c’est là que nous sommes entrés dans la bataille et on a aidé à les faire remonter, jusque sur leur propre territoire.
Bon je n’ai pris qu’un seul prisonnier, j’ai récupéré un prisonnier avec mon sergent. Bon il était juste là dans un coin contre le – je crois que je ne l’ai même pas consigné dans le livre – debout contre la maison, contre le mur de la maison. Et je l’ai tenu en joue avec ma mitrailleuse Bren (fusil mitrailleur léger) et mon sergent a dit : “Continue à le tenir en joue Jim.” Et puis il s’est approché et lui a pris son révolver. Alors moi je n’en ai rien tiré.
J’étais en patrouille en Hollande de l’autre côté de ce pont complètement délabré et avec mon sergent et mon numéro deux sur la Bren on allait traverser le pont comme on pouvait pour essayer de trouver un prisonnier de l’autre côté. Bon, ce qui s’est produit, c’est que mon numéro deux – le sergent continuait à avancer, quand mon numéro deux s’est arrêté, et il aurait dû garder un œil sur nous. Et mon numéro deux s’est dégonflé, il ne voulait pas aller plus loin. Il montrait du doigt la rivière en contrebas et disait : “Ce sont des gars là en bas.” Et j’ai répondu : “Freddie, ce ne sont pas des gars, c’est juste un tas de racines et de souches qui ont été rejetées par la rivière en crue.” “Non, non, non il y a des gars, ce sont des gars.”
Donc il a fallu que je reste avec lui. J’avais peur que, si je partais rejoindre mon sergent, qui sait, à notre retour il aurait bien pu se mettre à nous tirer dessus étant donné, vous savez, l’état dans lequel il était. Alors je suis resté avec lui jusqu’à ce qu’Andy revienne.
Et ensuite quand on est rentrés dans notre village je suis allé tout droit voir mon sergent, que j’appréciais beaucoup et on s’entendait vraiment très bien. Il fallait juste que je lui dise ce qui s’était passé. Ça ne l’a pas fait avec Andy, alors je suis allé voir (Jonesy) et je lui ai dit : “Je viens juste de vivre une drôle d’expérience.” Et j’ai dit : “Je ne veux plus de lui comme numéro deux.” “Oh, a-t-il dit, qui veux-tu à la place?” J’ai dit : “Qui est-ce que je peux prendre?” Il a dit : “Jim, tu peux prendre qui tu veux dans la compagnie.” Alors j’ai choisi un ami qui s’appelait Bill (Raybeck) qui a travaillé à l’usine de pâte à papier à Port Albani (Colombie Britannique) pour finir, à 35 kilomètres de chez nous. Et il est devenu mon numéro deux.
On est entrés dans une maison près de la rivière, notre peloton. Ça fait une dizaine de gars. Et on m’a demandé d’installer ma mitrailleuse Bren devant cette fenêtre dans une sorte de salle de séjour. Et la fenêtre faisait face à la rivière et au pont. Et j’ai installé ma mitrailleuse Bren là et c’était la position que j’occupais dans cette maison-là.
Et je n’avais pas besoin de tirer très souvent, mais ce qu’on a fini par faire là-bas c’était surtout, il y en avait deux ou trois d’entre nous qui allaient au pont et on avait une petite tranchée là-bas. Et on montait la garde dans la tranchée pour empêcher les Allemands de traverser si l’idée leur était venue de le faire; mais ça n’est jamais arrivé. On échangeait des coups de feu avec les Allemands de part et d’autre de la rivière, mais personne n’a jamais été blessé.
Quand on est revenus d’Angleterre et qu’ils s’apprêtaient à traverser le Rhin là-bas, il a fallu qu’on s’entraîne à sauter. Et je suis arrivé en bas à l’envers et je me suis cogné les talons, les fesses et la tête et le lendemain matin je ne pouvais pas sortir du lit. Et ce fut la fin de la guerre pour moi.
Les gars se sont préparés et moi j’étais là-bas dans le bataillon d’entrainement l’après-midi où les copains ont décollé pour aller en Allemagne. C’est la division tout entière, hein? Et je me suis assis sur les escaliers d’une baraque dans notre camp et j’ai pleuré en voyant les avions partir, parce qu’il s’agissait de mes potes là-haut et c’était plus que je ne pouvais endurer.
Je l’avais vue quand elle était arrivée en ville. Je veux dire vous ne pouviez pas débarquer dans cette ville sans que tout le monde soit au courant. Et elle marchait sur la route en poussant son cousin qui était paralysé dans une charrette. Et j’étais sorti de la marine depuis peu et j’ai vu cette fille splendide. Et je suis sur mon vélo et je me dis : “Voici ma femme.” Et puis je me suis dit : “Ne sois pas complètement stupide, tu n’as que 18 ans. Tu ne peux pas savoir qui tu vas épouser.” Et elle est devenue amie avec ma sœur et puis finalement on a réussi à se débarrasser de ma sœur.