Project Mémoire

Jim McCrae

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Jim McRae
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On a été retrouvés par un Sunderland, c’était un hydravion du commandement côtier et ils nous ont dit que les secours étaient en route. Et ils nous ont jeté un canot supplémentaire, qu’on a fini par récupérer. Mais comme je l’ai mentionné, trois membres de notre équipage n’ont pas survécu, ils ont été victimes d’hypothermie et ont perdu la vie.

De Wick (Écosse), on nous a envoyés ratisser une zone d’environ 150 milles nautiques au nord des îles Shetland, à l’est de, entre les (îles) Féroé et la Norvège. Et on n’avait pas encore tout à fait rejoint notre secteur de recherche quand j’ai occupé la place du copilote parce que le Lieutenant-colonel Chapman avait décidé de se mettre à agir. Et mon équipage n’avait pas de copilote à ce moment-là alors il a pris le contrôle sur moi et l’équipage en quelque sorte.

Et comme je l’ai mentionné, juste avant qu’on arrive dans notre zone de recherche, j’ai remarqué un peu d’agitation sur l’eau à quelques milles, à environ deux heures de notre position, et en voyant ça, vous savez ça aurait pu être des algues ou des baleines ou des marsouins, quelque chose comme ça, mais on avait des jumelles à la main et quand j’ai repéré ça avec les jumelles, j’ai pu voir qu’il y avait un sous-marin à une hauteur de périscope de profondeur qui laissait un léger sillage. Alors on a viré dans sa direction et notre méthode d’attaque c’était de plonger juste au-dessus du sous-marin et de larguer des grenades sous-marines, quatre, à 15 mètres les unes des autres, en essayant d’encadrer le sous-marin, avec l’espoir qu’il y en ait une qui arrive assez près pour l’éliminer. Alors voici ce qu’on a fait.

Et après avoir largué les grenades sous-marines, le sous-marin est remonté à la surface, a tourné lentement et il se dirigeait vers l’ouest quand on l’a attaqué. Il a tourné lentement et a fini par se diriger vers le nord en surface. Et pendant un moment, on lui a tourné autour à distance respectable, sachant qu’ils devaient avoir des canons antiaériens à bord. Mais quand le sous-marin a commencé sa plongée, le nez est descendu, la tourelle de commandement a disparu et la queue restait dehors à un certain angle hors de l’eau. Alors on s’est rapprochés pour prendre des photos et à ce moment-là, en fait, le Lieutenant-colonel Chapman s’est servi d’une méthode différente de celle que j’aurais choisie. Notre appareil avait ce qu’on appelait des appareils photo miroirs à l’arrière et ces appareils photo prenaient des séries de photos d’une attaque de sous-marin montrant les grenades sous-marines et le sous-marin.

Alors nous nous sommes approchés pour prendre des photos, il a choisi d’utiliser cet appareil photo plutôt que les deux appareils photo classiques qu’on transportait en même temps. Je n’aurais jamais envisagé de le survoler directement pour utiliser l’appareil photo miroir. Si j’avais dû prendre des photos de lui, j’aurais volé le long à très basse altitude et le navigateur se serait occupé d’un des appareils photo et on en avait deux et on aurait pu avoir des photos. Et aussi, on aurait sans doute pu être à même de voir le sous-marin se redresser progressivement et la tourelle réapparaitre juste au moment où on a plongé pour une autre attaque aérienne à grande vitesse. On n’avait plus d’armement et c’était seulement pour prendre des photos. Et tout ce que le gars, quand le canon a été dégagé, tout ce qu’il a eu à faire c’était de le pointer en l’air et de nous tirer dessus et on a volé en plein dedans. Alors c’est comme ça qu’on a été touchés.

Donc en fait, on avait assez de vitesse pour prendre de l’altitude. Un moteur était endommagé, on ne pouvait pas mettre l’hélice en drapeau, on ne pouvait pas maintenir l’altitude avec un seul moteur et notre interphone était tombé en panne pendant tout ça, alors on ne pouvait pas communiquer entre nous. Donc même si on se dirigeait vers la terre la plus proche, à savoir les îles Shetland, on n’a pu faire que quelques kilomètres avant de toucher l’eau, on a fait deux bonds et puis nous y voilà.

On a eu plein de temps pour sortir de l’appareil, même s’il y avait un trou dans le sol, là où il avait été touché et il se remplissait d’eau rapidement. Mais on a eu le temps de revêtir nos… on avait des costumes de plongée avec nous, on a eu le temps de déployer les deux canots de sauvetage et si vous connaissez le Canso, il y a deux hublots à l’arrière, alors on a déployé un canot de chaque côté et on mettait toutes sortes de trucs de survie dedans, quand un des canots a explosé il avait été saturé avec les deux grosses bouteilles de CO2 et il était tellement tendu, il a juste explosé et tout est tombé au fond de l’eau. Et heureusement l’autre n’a pas explosé, mais il y avait un trou dedans. Alors il n’était que partiellement gonflé pendant tout le temps où on était dedans, les huit heures ou à peu près qu’on a passées dedans avant d’être repêchés. Donc il n’y avait pas moyen qu’on arrive tous à tenir là et rester hors de l’eau. Et les combinaisons étanches, ça ressemblait à des salopettes qui étaient censées être étanches. L’eau s’est infiltrée petit à petit et l’eau froide se glissait à l’intérieur et ça a provoqué l’hypothermie.

Donc on a été retrouvés par un Sunderland, c’était un hydravion du commandement côtier et ils nous ont dit que les secours étaient en route. Et ils nous ont jeté un canot supplémentaire, qu’on a fini par récupérer. Mais comme je l’ai mentionné, trois membres de notre équipage n’ont pas survécu, ils ont été victimes d’hypothermie et ont perdu la vie.