Project Mémoire

Jim Wilson

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

M. Jim Wilson. Janvier 2012.
Alors on s’est avancés et j’ai réussi à me servir de mes Oerlikon et les balles rebondissaient sur la tour de plongée du sous-marin, alors qu’il entamait sa plongée.
Mais le 6 juin, j’ai fait la mise en service du [NCSM] Kokanee, c’était une belle frégate. Et on a ramené la frégate depuis la côte ouest et on s’est arrêtés à Hawaï et comme ça on a fait nos exercices de tirs et de sonar. Et donc, on a ramené la frégate et on a rejoint les bateaux d’escorte dans l’océan. Moi j’ai participé à une traversée de Terre-Neuve à Londonderry et puis, l’Irlande et ce genre de choses. Le premier voyage s’est très bien passé parce qu’en arrivant à Londonderry, j’ai réussi à obtenir une permission et j’ai pris le bac à destination de l’Écosse et je suis allé voir l’endroit d’où mes parents étaient originaires. J’ai fait la connaissance de quelques membres de la famille, des cousins, qui étaient là-bas, des oncles et autres à Bridgeness [Bo’Ness] et dans le Lincolnshire, qui est juste en face de Falkirk, entre Édimbourg et Glasgow. [La Bataille de l’Atlantique. À la poursuite des U-boot allemands] Mais nous sommes revenus, sur le chemin du retour [au Canada], ce qui était intéressant, on avait pourchassé des sous-marins à l’aller, et c’était là qu’ils éparpillaient la flottille, tous les navires, tous les sous-marins n’avaient pas de cible, il fallait partir à leur poursuite. Mais je me souviens être sorti sur le pont une nuit et on avançait à plein régime. Je suis sorti, je jure que j’aurais pu toucher cet énorme cargo qui avançait en sens inverse. Je ne sais pas comment il a réussi à s’en sortir sans heurter ce truc. Mais sur le chemin du retour, le truc vraiment intéressant qui est arrivé, celui qui était le plus intéressant à mon avis, c’est qu’on est arrivés à Halifax, et comme on était le navire le plus récemment intégré dans l’escorte, on nous a détachés pour accompagner des barges à charbon d’Halifax à Sydney, en Nouvelle-Écosse, où elles devaient prendre un autre chargement, ce genre de choses. Alors c’était un voyage très lent, les barges avançant seulement à une vitesse de quelques nœuds. Quoi qu’il en soit, on est descendus à Sydney et on les a laissés là-bas à la tombée de la nuit. On a fait demi-tour et surprise, il y avait un sous-marin en surface juste à la sortie du port de Sydney qui rechargeait ses batteries à la faveur de la nuit. Alors on lui a tiré dessus (…), et alors la première charge de notre [canon naval] de 10 centimètres s’est enrayée. Donc, on ne pouvait vraiment rien faire. Mais j’avais des canons Oerlikon [un canon automatique de 20 mm], j’avais deux canons Oerlikon côte à côte dans un cockpit, avec une manette, comme celles qu’on utilise pour les jeux vidéo aujourd’hui. Alors on s’est avancés et j’ai réussi à me servir de mes Oerlikon et les balles rebondissaient sur la tour de plongée du sous-marin, alors qu’il entamait sa plongée. Mais c’est parce qu’il y avait tellement de métal pour la protéger, les balles ne pouvaient pas la transpercer, elles ne faisaient que rebondir. On l’a poursuivi pendant 24 heures à peu près, mais on n’a pas pu en voir plus. Voilà, c’était mon petit événement concernant la Deuxième Guerre mondiale dont je me souviendrai toujours parce qu’en général vous n’approchez jamais aussi près d’eux, à moins qu’ils s’en prennent à vous et que la situation soit désespérée. Alors. Oui, on les avait repérés avec l’ASDIC [radar], évidemment on était juste là. Mais on n’était pas assez proche pour le percuter, ce qui aurait pu être la réponse. Mais ça a été un exercice très intéressant. [Engagement dans la Force permanente] Donc après cela, on est rentrés et j’ai fait quatre ou cinq traversées de l’Atlantique et après cette période, j’avais signé avec la Marine royale canadienne dans la Force permanente. Je me suis aperçu que j’aimais ça et je ne savais pas ce que j’allais faire après. En ce qui concerne mes études ça n’allait pas loin parce que je m’étais engagé très jeune. C’était l’idée, pendant tout le reste de mon service, j’ai passé beaucoup de temps à me perfectionner régulièrement et à me préparer pour d’autres choses. [La vie quotidienne dans la Marine royale canadienne] La vie quotidienne, vous êtes sur le pont d’un poste d’équipage surpeuplé. Il y avait environ 30 à 40 personnes, avec des hamacs partout. Vous aviez un coin pour votre équipement. C’était un casier de 30 centimètres carrés, et pratiquement tout ce que vous possédiez se trouvait là, sauf qu’il y avait un portant pour les chaussures et les chapeaux et autres. Et il y avait d’autres emplacements pour les manteaux, etc., partout. Mais il n’y avait pas beaucoup de place pour bouger. Les repas arrivaient sur une sorte de grand plateau et on plongeait là dedans, et les gens accédaient au plateau à tour de rôle, et faisaient attention de ne pas trop prendre. Il n’était pas question de prendre quelque chose et de le laisser, vous savez, après trois ou quatre jours en mer, le pain moisissait et vous enleviez juste les moisissures pour le manger et ainsi de suite. C’était très intéressant comme vie. Bien sûr, j’ai passé 23 ans dans la marine et bien sûr, j’ai eu l’occasion de voir des trucs beaucoup mieux après.